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Maladie rare - Lupus: 15 décès depuis janvier

Le Dr Sameer Mowlah, spécialiste en médecine interne à l’hôpital Jeetoo, et Dalilah Kalla, porte-parole de l’association Lupus Alert.
La Journée mondiale du lupus a été observée le mardi 10 mai. Cette maladie auto-immune se manifeste de différentes manières chez les patients, ce qui rend son diagnostic compliqué. À Maurice, le lupus touche entre 3 000 et 4 000 personnes. Le point sur cette maladie rare et invalidante... Le lupus, qui est une maladie auto-immune chronique, est caractérisé par la production d’anticorps qui s’attaquent aux organes. En temps normal, ces anticorps aident à éliminer des microbes. Dans le cas du lupus, le système immunitaire (défense contre les infections) est débalancé, au point où les anticorps s’en prennent aux organes du malade. C’est ce qu’explique le Dr Sameer Mowlah, spécialiste en médecine interne de l’hôpital A. G. Jeetoo, à Port-Louis. Ils sont entre 3 000 et 4 000 Mauriciens à vivre avec le lupus, selon les estimations de l’association Lupus Alert. Depuis janvier, 15 décès liés aux complications de la maladie sont survenus. Les symptômes sont variés puisque le lupus peut atteindre n’importe quel organe, indique le médecin. La maladie peut ainsi se manifester au niveau de la peau, à travers des douleurs articulaires et musculaires, atteinte rénale, troubles cardiaques, complications oculaires, troubles neurologiques, chute de cheveux, aphtes dans la bouche et fatigue extrême. Certains patients se présentent aussi avec des glandes au niveau du cou. Les causes de la maladie sont multifactorielles : l’hérédité, infections virales et troubles hormonaux. Le lupus est, par ailleurs, plus répandu chez la femme que chez l’homme en raison de facteurs hormonaux. « C’est très dur tant pour la famille que pour le patient, puisque le lupus est une maladie chronique et incurable qui provoque beaucoup de complications. La prise en charge psychosociale est aussi importante », souligne le Dr Mowlah. Dans la plupart des cas, ajoute-t-il, la maladie se stabilise avec des médicaments. « Toutefois, c’est plus compliqué lorsque le malade a plusieurs complications. Il importe de donner au patient des informations claires sur sa maladie et sa prise en charge. D’autant que certains médicaments comportent des effets secondaires importants ; il est essentiel que le malade en soit avisé », martèle le spécialiste, soutenant que les proches du malade doivent être aussi informés pour qu’ils puissent mieux l’encadrer.

Risque de dépression

Certains malades, indique-t-il, sont découragés et cessent de prendre leurs médicaments. D’autres ont, pour leur part, du mal à accepter leur maladie et vivent dans le déni. Dans de nombreux cas, les malades deviennent dépressifs à cause de leur état. Ils doivent absolument être traités pour leur dépression afin qu’ils puissent se soumettre au traitement du lupus. Au cas contraire, ils risquent d’aggraver leur maladie en refusant de poursuivre leur traitement, prévient le médecin. Dalilah Kalla, porte-parole de l’association Lupus Alert, abonde dans son sens. Étant elle-même atteinte de la maladie depuis quinze ans, elle confie que c’est grâce au soutien indéfectible de sa mère qu’elle arrive à s’en sortir. « Elle m’a toujours appris à ne jamais baisser les bras. Cela, même si mon quotidien a beaucoup changé. Je ne peux pas, par exemple, m’exposer aux rayons du soleil. Je dois aussi beaucoup me reposer pour récupérer. » D’ailleurs, comme elle travaille normalement pendant toute la semaine, elle doit obligatoirement s’accorder un jour de repos. « Ce n’est pas facile de prendre dix à quinze comprimés par jour », relate la jeune femme, qui ajoute que beaucoup de Mauriciens vivent avec le lupus sans le savoir. Cela, compte tenu du fait qu’il s’agit d’une maladie complexe qui se manifeste par plusieurs symptômes semblables à ceux d’autres maladies. Dalilah Kalla fait ressortir que le lupus n’est pas contagieux. « Mais ce n’est pas évident de vivre avec cette maladie puisque nous avons en permanence des douleurs et nous ressentons beaucoup de fatigue. Certains malades souffrent tellement qu’ils ne sont même pas en mesure d’attraper leur brosse à dents le matin. N’empêche que c’est possible de vivre plus ou moins normalement, à condition de se soumettre à un traitement, comme c’est le cas avec d’autres maladies chroniques », assure-t-elle.  
 

Le suivi doit être fait par des spécialistes

Les patients ont besoin d’être suivis uniquement par des spécialistes, martèle la porte-parole de Lupus Alert. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas. « Nous sommes certes reconnaissants envers les généralistes qui font de leur mieux et qui communiquent beaucoup avec les malades. Toutefois, pour prendre en charge les cas de lupus, il faudrait des médecins spécialisés. Grâce à la mise sur pied de la Lupus Unit à l’hôpital Victoria, les gens ont pu mieux s’informer sur cette maladie. Toutefois, le ministère de la Santé a décidé de décentraliser le service dû à une hausse du nombre de cas. Cela a influé sur le suivi médical des malades », déplore Dalilah Kalla. Quant au Dr Mowlah, il soutient qu’à l’hôpital Jeetoo, tous les malades sont suivis par des spécialistes. « J’assure personnellement le suivi médical de tous mes patients », affirme-t-il.

Formation continue

Dalilah Kalla lance un appel aux médecins pour qu’ils suivent une formation continue sur le lupus puisque la maladie ne cesse d’évoluer. Elle souligne que le médicament Lupuzor constitue une lueur d’espoir pour les malades. « À l’initiative de Lupus Alert, nous avons fait venir le professeur Sylvianne Muller la semaine dernière. Certes, le lupus ne se guérit pas, mais l’avantage du Lupuzor est qu’il ne comporte aucun effet secondaire. Toutefois, les essais cliniques se poursuivent sur ce produit. Nous espérons que des essais sur les malades pourront se faire chez nous », indique-t-elle.

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Témoignage - Maya: « Ma fille voulait continuer à vivre »

Maya a perdu sa fille, alors âgée de 30 ans, l’année dernière, des suites de complications du lupus. « Elle a souffert de cette maladie pendant cinq ans. Elle se plaignait toujours de douleurs atroces. Elle a fini par perdre la vue partiellement et ne pouvait plus marcher car ses reins étaient atteints. C’est une maladie qui a rongé ma fille pour finalement lui ôter la vie. Je la regardais souffrir en silence, impuissante face à sa détresse. Les médecins doivent faire un peu plus d’effort envers les malades pour leur permettre de vivre plus longtemps. Je leur lance cet appel pour que d’autres patients ne subissent pas le même sort que ma fille. Elle ne cessait de me dire qu’elle voulait continuer à vivre », lâche Maya en sanglots.

Les jeunes sont les plus touchés

La plupart des malades sont des jeunes, âgés de 10 ans à 35 ans, affirme Dalilah Kalla. Lupus Alert est même en présence du cas d’une enfant âgée de seulement six ans. « Toutefois, nous les encourageons toujours à ne pas abandonner leurs études malgré leur maladie. J’ai personnellement veillé à terminer mes études même si, à un certain moment, j’étais très accablée par la maladie et j’ai dû faire une petite pause », soutient-elle.

 

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