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Mahend Gungapersad : «Lorsque la société mauricienne est malade, l’école mauricienne aussi va mal»

Les chiffres le prouvent, selon un rapport déposé à l’Assemblée nationale par la ministre de l’Éducation, l’indiscipline en milieu scolaire a atteint des proportions décrites comme étant hors de contrôle. En effet, une hausse de 440 % des cas a été enregistré en neuf ans. Dans l’entretien qui suit, le député du PTr, Mahend Gungapersad, donne son point de vue sur le sujet et propose des solutions. 

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Les chiffres le prouvent, selon un rapport déposé à l’Assemblée nationale par la ministre de l’Éducation, l’indiscipline en milieu scolaire a atteint des proportions décrites comme étant hors de contrôle. En effet, une hausse de 440 % des cas a été enregistré en neuf ans. Dans l’entretien qui suit, le député du PTr, Mahend Gungapersad, donne son point de vue sur le sujet et propose des solutions. 

Comment expliquez-vous la hausse des cas d'indiscipline en milieu scolaire, ces neuf dernières années, passant de 55 cas en 2015 à 297 en 2024 ? 

Cette hausse alarmante des cas d'indiscipline en milieu scolaire, passant de 55 cas en 2015 à 297 en 2024, est le reflet d'une crise profonde, qui nécessite une réponse urgente et concertée. 

Quels facteurs ont contribué à l'augmentation significative des cas de violence dans les écoles primaires, de 8 cas en 2015 à 60 en 2024 ?

Parmi les facteurs contributifs, nous observons une fragmentation sociale croissante, exacerbée par des inégalités économiques persistantes. L'impact des médias sociaux et la pression accrue sur les jeunes pour réussir augmentent également les tensions à l’école. Il est impératif d’investir dans des programmes de prévention et de soutien psychosocial efficaces pour inverser cette tendance préoccupante.

L'augmentation des cas de violence dans les écoles primaires, de 8 cas en 2015 à 60 en 2024, révèle d’une détérioration inacceptable de la sécurité des enfants dans notre système éducatif. Les raisons sous-jacentes incluent des déséquilibres socioéconomiques croissants, des lacunes dans la gestion des comportements perturbateurs, et un manque de ressources adéquates pour le soutien psychologique des élèves en difficulté. Nous devons renforcer les dispositifs de sécurité dans les écoles et investir dans la formation continue des enseignants pour mieux gérer ces situations de crise.

Comment expliquez-vous l'augmentation des cas de harcèlement scolaire, passant de quasi inexistant en 2015 à 27 cas en 2024 dans les écoles primaires ? 

Cette augmentation met en lumière des problèmes de surveillance insuffisante et de sensibilisation inadéquate aux conséquences du harcèlement. Il est impératif d’établir des protocoles clairs de signalement et de soutien aux victimes, tout en éduquant les élèves sur le respect et la tolérance mutuelle dès un jeune âge.

Pourquoi pensez-vous que les cas d'indiscipline ont presque quadruplé dans les collèges, passant de 40 en 2015 à 158 en 2024 ?

Cela exige une introspection profonde dans notre approche. Les pressions académiques et sociales sur les élèves, combinées à une insuffisance de ressources humaines (psychologues scolaires et conseillers), exacerbent les comportements déviants. Nous devons investir massivement dans ces ressources essentielles pour assurer un environnement éducatif propice à l'apprentissage et au bien-être des élèves.

Les chiffres démontrent clairement qu'il y a un problème sérieux concernant l'indiscipline à l'école, tout comme le Law & Order dans la société. Lorsque la société mauricienne est malade, l'école mauricienne aussi va mal. Les multiples cas d'indiscipline dans nos écoles reflètent aussi comment le mal n'a pas été cerné et tel un feu de forêt se répand dangereusement. Pourtant, on ne parle que de chiffres officiels et de cas rapportés. Imaginez l'ampleur du problème dans la réalité.

L'indiscipline est un vrai cauchemar pour des enseignants, chefs d'établissements scolaires, élèves et parents d'élèves. L'indiscipline a un impact direct sur la performance des écoles et entraînent dans son sillage d'autres problèmes conflictuels, émotionnels, administratifs et de décrochage scolaire.

Les établissements scolaires disposent-ils de suffisamment de ressources (conseillers, psychologues et agents de sécurité) pour gérer l'indiscipline et soutenir les élèves ?

Des améliorations significatives sont nécessaires concernant les ressources disponibles dans les écoles pour gérer l'indiscipline et soutenir les élèves. Les conseillers, les psychologues et les agents de sécurité doivent être non seulement présents, mais également formés adéquatement pour répondre aux besoins spécifiques des élèves et prévenir les incidents avant qu'ils ne surviennent.

Demandez l'opinion des stakeholders et vous allez être surpris par le découragement qui ronge le milieu scolaire. Qu'est-ce qu'on a fait de concret pour combattre ou réduire le problème de l'indiscipline à l’école ? Les chiffres parlent d’eux-mêmes.

Où sont passé les 34 Discipline Masters mentionnés dans le Budget 2019-2020 ? Pourquoi le nombre d’Educational Psychologists a diminué de 34 dans le Budget 2023-2024 à 22 dans le Budget 2024-2025 ?

Les enseignants, surchargés des responsabilités, ne peuvent pas tout remédier. Ils leur manque des ressources humaines, un soutien adéquat pour faire face à des défis nouveaux et un changement radical dans le rapport de force entre l'école et la famille.

Selon vous est-ce que la pandémie de la COVID-19 a eu un impact sur l'augmentation de l'indiscipline scolaire ?

La pandémie de la COVID-19 a incontestablement augmenté les défis existants en matière d'indiscipline scolaire. Les perturbations dans l'enseignement traditionnel, l'isolement social accru, ainsi que les tensions familiales dues aux confinements ont contribué à une augmentation des comportements perturbateurs et de l'anxiété parmi les élèves. Nous devons adapter nos stratégies éducatives pour répondre à ces nouvelles réalités et pour soutenir efficacement les élèves et les enseignants affectés.

Mais la COVID-19 a bon dos, car on l'utilise à tort et à travers pour expliquer presque tous les grands maux de notre société. Est-ce que le ministère à un rapport officiel dans ce sens ? Est-ce qu'on a fait une recherche pour évaluer l'impact de la COVID-19 sur le comportement des étudiants ? Je ne crois pas qu'on l’ait fait.

C'est regrettable.

Croyez-vous que les technologies et les médias sociaux jouent un rôle dans l'augmentation de l'indiscipline et du harcèlement scolaire ?

Les technologies et les médias sociaux jouent un rôle indéniable dans l'augmentation de l'indiscipline et du harcèlement scolaire. Ils offrent des plateformes pour la cyberintimidation et la diffusion de comportements inappropriés, nécessitant une régulation renforcée et une éducation numérique intégrée dès les premières années scolaires. Les programmes de sensibilisation et les partenariats avec les parents sont cruciaux pour promouvoir un usage responsable de la technologie parmi les jeunes. Le mauvais comportement de l'enfant dans le milieu scolaire reflète un peu la dégradation sociale, la perte de valeurs humaines, le changement de la mentalité, la perte de repères, le manque de respect envers l'autorité et la fragmentation de la cellule familiale.

Selon vous quelles sont les mécanismes qu’il faut mettre en place pour lutter contre le harcèlement scolaire dans les écoles primaires et les collèges ?

Il faut faire un état de lieu pour comprendre les facteurs qui engendrent des comportements similaires. On ne peut avoir une solution « one size fits all ». Le problème est multidimensionnel et il faudra une approche ciblée. La réhabilitation précoce des indisciplinés est primordial pour sécuriser la famille et la société dans son ensemble

Il est impératif d’investir dans des programmes de prévention et de soutien psychosocial efficaces pour inverser cette tendance préoccupante"

Faut-il aussi l’implication des parents et de la communauté dans la lutte contre l'indiscipline en milieu scolaire ?

On ne peut résoudre le problème sans le soutien soutenu et durable des parents et de la communauté car l'école n'opère pas dans un vide. Ils sont tous interconnectés et les problèmes sont souvent étroitement liés.

Quelle est votre position sur des sanctions disciplinaires en cas de mauvais comportement ?

Il faut avoir une approche à la fois humaine mais ferme. Il faut que les enfants fassent la différence entre ce qui est faisable et ce qui ne l’est pas. Il faut qu'ils réalisent qu'une mauvaise action entraînera des conséquences disciplinaires dépendant de son ampleur.

Les enseignants surchargés de responsabilités ne peuvent pas tout remédier"

Croyez-vous que le ministère de l'Éducation devrait changer ses méthodes pour réduire l'indiscipline scolaire ?

Le ministère de l'Éducation devrait écouter les enseignants et les chefs d’établissements scolaires. Ils ont beaucoup à suggérer, mais on ne les écoute pas. Ils se sont tus pendant 10 ans. Ils n'osent pas parler de peur d'être taxés d'anti-gouvernement. Dire la vérité, dire les choses comme elles sont est mal vu. On subit et l'indiscipline dégénère.

Pour lutter efficacement contre le harcèlement scolaire, nous devons mettre en œuvre des programmes de formation approfondis pour les enseignants et les élèves, axés sur la reconnaissance précoce des signes de harcèlement et sur la création d'un climat scolaire sûr et inclusif. Impliquer activement les parents et la communauté dans ces efforts est essentiel pour créer un front commun contre le harcèlement.

L’indiscipline est un vrai cauchemar pour des enseignants, chefs d'établissements scolaires, élèves et parents d'élèves"

Nous devons également développer de nouveaux programmes de soutien psychologique pour les élèves victimes de violence et de harcèlement, en garantissant l'accès à des professionnels qualifiés et en mettant en place des mécanismes de soutien continu au sein des écoles.

En ce qui concerne les sanctions disciplinaires, elles doivent être appliquées de manière juste et équitable, en tenant compte des circonstances individuelles tout en visant à responsabiliser les élèves pour leurs actions. Il est essentiel que les sanctions soient accompagnées de mesures éducatives visant à prévenir la récidive et à favoriser la réintégration sociale des élèves concernés.

Enfin, le ministère de l'Éducation doit adopter une approche proactive pour adapter ses méthodes et politiques à l'évolution des défis liés à l'indiscipline scolaire. Cela inclut des initiatives comme le renforcement de la formation des enseignants, l'amélioration des ressources en soutien psychologique, et l'intégration de programmes éducatifs axés sur la prévention et la gestion des comportements perturbateurs.

Ces mesures doivent être soutenues par un engagement politique fort et par une allocation adéquate des ressources pour assurer un système éducatif sécurisé et efficace à Maurice.

 

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