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Magic Circus of Samoa: Une fois la magie partie…

Que se passe-t-il dans les coulisses du Magic Circus of Samoa, au lendemain du spectacle, après la magie de la veille et lorsque les masques sont tombés ? Nous avons voulu en savoir plus.  C’est un vendredi matin, à proximité de Bagatelle. Un parfum de curry flotte sous le chapiteau du Magic Circus of Samoa et sous les marquises lui servant de dortoir. Sur le feu, dans un grand poêle, Lucky, un jeune Népalais fait cuire du curry de poulet. Il a été recruté aux Seychelles, où il exerçait comme chef. [[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"17678","attributes":{"class":"media-image alignleft wp-image-30045","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"300","height":"432","alt":"230516_magic1"}}]]« Je me suis familiarisé avec le créole seychellois, ce n’est pas tout à fait le même qu’à Maurice. Mais si vous parlez lentement, je vais sans doute comprendre. La troupe du cirque aime la cuisine indienne, même Diana, à condition que ce soit des plats végétariens. Les commandes révèlent les goûts, mais en général, tout le monde aime ce qui est épicé et le riz est la base de tous les repas », explique-t-il. Diana Falk, – apparentée à feu Peter « Colombo » Falk –, notre guide américaine acquiesce. Les faratas locaux font partie de son alimentation. Cette intermittente, enseignante de profession à Washington DC, nous fait découvrir la vie quotidienne des membres du cirque. C’est son premier séjour à Maurice. Pensait-elle que l’île Maurice était un atoll couvert de cocotiers ? « Non, ça c’est un cliché », dit-elle. Dans le camping qui a une drôle d’allure à côté du centre commercial de Bagatelle, elle est la seule, avec le directeur du cirque, Bruno Loyale, à connaître le personnel du cirque et ses origines ethniques.

Les Polynésiens des îles Samoa

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"17677","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-30044","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"720","alt":"230516_magic2"}}]]Mais, ce matin, les membres de la troupe font leurs exercices en prévision du spectacle. Ils sont un peu éparpillés et c’est sous le chapiteau qu’on trouve les Polynésiens des îles Samoa. Torses nus, les muscles à fleur de peau, ils sont en train d’ériger un coin où les trapézistes peuvent se changer. Sous le chapiteau, des Éthiopiens, eux, répètent un numéro avec un gosse. Il s’agit d’un exercice de voltige qui requiert à la fois adresse et force. Debout sur les talons d’un de ses compatriotes, qui est assis, l’enfant doit réaliser un saut pour retomber sur les talons de l’autre Éthiopien. Aux extrémités de la piste, deux jeunes femmes ne perdent rien de ce saut périlleux. Rita et Renu sont des sœurs népalaises. Toutes deux sont passées par une école de formation à Delhi et ont répondu à l’offre d’emploi du cirque. « Nos parents étaient ravis de savoir que nous partions à l’étranger. La distance n’a aucune importance, l’Inde étant elle-même immense ». Puis, elles sont à leur deuxième séjour à Maurice, comme presque l’ensemble de la troupe. Les voyages, la proximité, les mêmes expériences ont fini par consolider les relations, mais le séjour mauricien a une saveur particulière pour les Népalais. « Ici, c’est une petite Inde, avec des gens d’origine indienne, la cuisine, le cinéma, la musique qu’on entend à la radio et la gentillesse de la population ».

Anissa, 20 ans, trapéziste

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"17664","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-30011","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"720","alt":"Anissa"}}]]Ce trait de caractère des Mauriciens ne laisse pas insensible Diana. « Dans le bus, qui était rempli, des gens se sont mis debout pour m’offrir leurs places. Où peut-on voir ça ? » dit-elle. Plus loin, sur le gazon, une jeune fille aux traits poupins est assise sur un drap, les jambes écartées. Toute rouge, Anissa, 20 ans, est Allemande et trapéziste. Tous les jours, elle s’exerce durant une heure et demie, mais elle précise qu’il faut un parfait équilibre entre le mental et les exercices physiques pour être au point. Elle avait trois ans quand elle a commencé à plier ses genoux. Elle a rejoint plus tard une école de cirque où elle a développé ses capacités. Elle est arrivée à Maurice en même temps que son compatriote Flow, un jeune homme de 27 ans. Ce dernier découvre chaque jour les réalités de notre île tropicale : la gastronomie, la diversité de la population, son charme. Mais, au sein du cirque, il vit quotidiennement les réalités du contact avec des personnes différentes. « C’est l’anglais qui nous sert de lien, mais très souvent, on doit s’exprimer avec des gestes de la main. Ce n’est pas très compliqué, il suffit de vouloir le faire et, ici, tout le monde est en famille. Cela se ressent fortement, le but étant d’être à la hauteur des attentes placées en nous, lorsqu’arrive l’heure du spectacle ». Depuis que des organisations internationales sont montées au créneau pour dénoncer le traitement infligé aux animaux utilisés par les cirques, ces derniers ont dû mettre l’accent sur la création de numéros centrés sur les capacités extraordinaires de certains individus. « Tout cela n’est pas exact. Je reconnais qu’il y a eu des cas de maltraitance, mais certains dresseurs dans les cirques sont les personnes qui ont le plus d’affection pour les animaux dont ils ont la charge. Ils sont tellement proches de leurs protégés qu’ils sont durement affectés lorsque ces animaux deviennent vieux et ne servent parfois pas à grand-chose et ils ont du mal à s’en remettre », explique Diana. Certes, certaines pratiques, souvent décriées par ces organisations, ont encore la vie dure, comme l’exploitation de la physionomie de certains individus.

À la plage

Lorsqu’ils ne répètent pas, la plupart des membres du cirque se retrouvent à la plage. Tracy, une jeune Samoane, fait les boutiques, où elle trouve que les vêtements sont plutôt bon marché. Pour avoir traversé le monde, de la Nouvelle-Zélande jusqu’au Canada, en passant par les Seychelles, ils ont fini par faire la différence en termes d’accueil entre les gens qu’ils côtoient. « Ici, les gens sont vraiment gentils, reconnaît un Samoan. Le sourire, la gentillesse sont sur tous les visages, puis il y a des gens de différentes origines ». Au hasard de nos rencontres, on croise un autre Éthiopien, Abraham, qui fait lui le clown. Je lui fais observer que ses compatriotes ont plus l’habitude de rayonner sur les pistes de course à pied. « Oui, mais ces dernières années, notre pays a diversifié son économie. La preuve, nous avons même une école d’initiation aux métiers du cirque, où j’ai fait mes classes. Et à la fin de mon parcours professionnel, je compte bien mettre sur pied ma propre école »,dit-il.

L’univers du cirque est unique

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"17679","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-30046","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"720","alt":"230516_magic3"}}]]Véritable espace de rencontres, d’échanges authentiques et de dialogue interculturel, l’univers du cirque est unique dans un monde déshumanisé par les communications impersonnelles. Résistera-t-il encore longtemps à l’omniprésence de l’Internet et des réseaux sociaux ? « Il ne s’agit pas de résister, mais de s’adapter, explique Diana. Les gens, ici, sont jeunes. Ils ont eu cette vocation très jeune, ils connaissent les défis du cirque, mais ils aiment aussi les rencontres avec d’autres jeunes, d’autres cultures. L’univers du cirque est sans doute le seul qui favorise ce type de rencontre, où la modernité se construit sur un vieux métier ». Des jeunes scotchés à leurs Smartphones, certains soirs, écoutaient d’autres collègues égrener à la guitare des airs de leur pays. « Le cirque est un espace où se mêlent la passion, le travail et les voyages. C’est ce qui fait son attrait », fait ressortir Diana.

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