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Lutte contre le trafic de drogue - Me Rashid Ahmine : «il faut cibler les commanditaires» 

De g. à dr., Sam Lauthan, ex-membre de la commission d’enquête sur la drogue, le DPP Rashid Ahmine et Vinod Appadoo, ancien commissaire des prisons ont participé à une table ronde sur le combat contre le trafic de drogue vendredi.

Introduire une loi visant à protéger les témoins, afin de traduire en justice les commanditaires du derrière le trafic de drogue. C’est une des principales recommandations du Directeur des Poursuites Publiques (DPP), Me Rashid Ahmine, à l’issue d’une table ronde sur le fléau le vendredi 20 septembre 2024. 

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Un constat émerge, a d’emblée fait ressortir Rashid Ahmine, depuis qu’il est au bureau du Directeur des Poursuites (DPP). Une mule est arrêtée à son arrivée à Maurice, puis une opération de livraison surveillée a lieu souvent à l’hôtel en vue d’intercepter les contacts locaux. Dans les deux cas, ce sont les « petits poissons » qui sont poursuivis et condamnés. Or, qu’en est-il du cerveau de ce trafic de drogue ? s’est interrogé le DPP.  

C’était lors d’une table ronde le vendredi 20 septembre 2024 au bureau du DPP, au Garden Tower, à Port-Louis, autour du thème « Notre efficacité dans le combat contre le trafic de drogue et des biens mal acquis ».  Selon le DPP, il y a très peu de cas où les commanditaires sont inquiétés. « Il faut cibler les commanditaires. Sans cela, nous n’allons pas réduire le trafic de drogue », a-t-il souligné. 

Huit recommandations ont été adoptées à l’issue de la fonction. Notamment, une visant à introduire une « Witness Protection Act » visant à assurer la protection des témoins des réseaux de drogue en leur fournissant un abri sûr et une nouvelle identité. Il a aussi été question de la formation des policiers et des officiers de la prison ainsi que de la réhabilitation et la réinsertion des toxicomanes. 

Rashid Ahmine a rappelé que le cadre légal à Maurice, soit l’article 55 de la Dangerous Drugs Act (DDA) permet à un surintendant de police de laisser passer une cargaison de drogue (ou un colis de substitution) uniquement en vue d’identifier les personnes impliquées dans le réseau.  De plus, a-t-il indiqué, l’article 56 de cette même loi autorise la police à placer sur écoute les suspects dans une affaire de drogue, pendant une période de six mois. Selon le DPP, c’est en pistant les communications, le cheminement de la drogue et l’argent, que les autorités ont plus de chance de remonter jusqu’au commanditaire de la drogue.  

Intervenant lors des débats, Sam Lauthan, ancien ministre et ex-membre de la commission d’enquête sur la drogue, a souligné qu’il incombe avant tout de connaître l’ennemi.  
« Les trafiquants, aujourd’hui, sont devenus de véritables chefs d’entreprise employant des comptables, des hommes de loi, des officiers de police et de la douane corrompus, acquis à leur cause de même que des prête-noms. Ils exploitent les lacunes de nos lois et aujourd’hui des gangs rivaux du trafic s’allient pour mener à bien leur business », a souligné Sam Lauthan. 

De son côté Vinod Appadoo, ancien commissaire des prisons, a révélé qu’entre 550 à 600 personnes vont en prison tous les mois. Aussi, a-t-il avancé, « il y a plus d’étrangères que de Mauriciennes à la prison des femmes pour des affaires de drogue ». 

D’où sa décision de les séparer pour éviter qu’elles échangent des contacts pour poursuivre leurs opérations de la prison. Prenant la parole, Vidhu Madhub-Dassyne, directrice de la Forensic Science Laboratory (FSL), a salué l’avènement d’une unité spéciale dédié aux analyses de drogue. Ce qui permettra d’aller plus vite avec les rapports et de réduire les délais des enquêtes de police. 

 

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