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L'Onu, un bouledogue sans dents ?

Ban Ki-moon, le Secrétaire général de l’Onu et sa femme.
Étonnante la déclaration de Ban Ki-moon à l'effet  que « l'Onu ne prend pas position sur des questions territoriales ». Pourtant, une des principales sources de tension dans le monde aujourd'hui, pouvant même déboucher sur des conflits de grande ampleur, comme on a témoigné dans le passé, c'est justement les différends territoriaux entre États. Et c'est effectivement dans le but de sauvegarder la paix et la sécurité internationales que l'Organisation fut créée en 1945 en remplacement de la Ligue des Nations qui avait complètement failli dans sa mission. Or, aujourd'hui de nombreux points chauds et conflits territoriaux agitent la planète et l'indifférence  de l'Onu ne pourrait que nuire à la paix globale.  Dans la péninsule coréenne comme dans la mer de Chine, par exemple, le feu couve sous les cendres et le rôle joué par les États-Unis ne fait qu'attiser davantage la tension et l'instabilité dans cette région du monde. Pourtant, à son accession à la Maison-Blanche en janvier 2009, le président américain avait promis « de donner une nouvelle impulsion aux relations internationales », s'engageant alors « à finir les guerres, pas de les commencer ».  Dans ce contexte, après la réalisation de  l'Obamacare,  un accord historique avec Moscou en matière de désarmement nucléaire  fut signé. Mais le naturel revenant toujours au galop, cette lueur d'espoir dans la politique mondiale ne fut hélas, que de courte durée. En effet, bien que confronté à des coupes budgétaires drastiques, Barack Obama avait promis, lors d'une conférence de presse au Pentagone en janvier 2012, de maintenir « la supériorité militaire des États-Unis dans le monde » et de concentrer ses forces dans toutes les régions où « nos intérêts sont en jeu », particulièrement au Moyen-Orient mais aussi dans la région Asie-Pacifique, faisant clairement allusion à la Chine dont l'influence sur le plan global, du point de vue  géostratégique, ne cesse de croître. Par ailleurs, la situation en Syrie représente non seulement un noyau hautement explosif, pouvant embraser toute la région mais aussi un potentiel de déstabilisation au niveau planétaire. Plus de 250,000 personnes, dont la grande majorite des civils, y ont deja trouvé la mort et devant une telle hécatombe, l'Onu ne peut continuer à jouer à l'autruche. L'article 7 de la Charte des Nations unies fait en effet mention de l'usage de la force mais son  aval doit être préalablement obtenu. Comme c'était le cas d'ailleurs en 2011 avant l'intervention de la coalition occidentale en Libye ou encore en février 2014 avant l'engagement des troupes française au Mali. Mais la même erreur qu'avait commise en 2003 G.W.Bush en décidant d'envahir l'Irak, court-circuitant l'Onu,  ne doit, en aucun cas, être tolérée. Or, en l'absence d'une organisation internationale crédible et efficace pouvant intervenir avec plus de fermeté et détermination dans les litiges et conflits régionaux et mondiaux,  les zones de tension continueront à surgir et se consolider. La question que l'on se pose : dans sa structure et son fonctionnement actuels, que représente vraiment aujourd'hui l'Onu si ce n'est qu'un bouledogue sans dents ? Parmi les nombreux projets de réforme soumis ces dernières décennies en vue de sa restructuration, celui présenté  par le précédent secrétaire général, Kofi Annan, à l'occasion du 60e anniversaire de l'Organisation en 2005 et basé sur un rapport préparé par un Comité des sages international, qui égratigne, au passage, les États-Unis à propos justement de la guerre en Irak, est le plus significatif. Il formule au total 101 propositions dont, entre autres, celle définissant 5 critères spécifiques pour légitimer l'usage de la force mais aussi celle préconisant un élargissement du Conseil de sécurité à 24 membres, contre 15 actuellement. Mais, au-delà des beaux discours et des intentions exprimées de part et d'autre, aucun des cinq membres permanents n'est, semble-t-il, disposé à ouvrir ce club fermé à d'autres  au risque du subir un grignotage de son autorité et influence. Pourtant, sur les Chagos, Ban Ki-moon sait pertinemment que face à Washington et  Londres qui vont bientôt renouveler leur bail, la voix de Port-Louis ne représente qu'un cri dans le desert.
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