Passerelle enregistre de nouvelles femmes SDF tous les jours. 72 % de ces 434 femmes dorment avec leurs enfants dans des abribus ou sur la plage. Pour leur donner un endroit décent à vivre, l’association souhaite ouvrir un abri de nuit. Ainsi, elle fait appel à la société civile et à l’État.
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« La vie dans la rue, c’est un véritable enfer », témoigne Marie-Noëlle. L’habitante de L’Avenir, Saint-Pierre, a 44 ans et est mère de quatre enfants âgés de 5 à 16 ans. Séparée de son époux, elle dit avoir passé plus de deux ans dans la rue, faute de moyens.
« Mes enfants et moi avons trouvé refuge dans une maison abandonnée. C’était très dur. On dépendait de la générosité des volontaires. On stockait la nourriture qu’on nous donnait », relate-t-elle.
À cause de sa situation, dit-elle, les gens la regardaient avec dédain : « Même ceux qui nous connaissaient prétendaient ne pas nous voir. Et on nous accusait de toutes sortes de choses. »
Marie-Noëlle et ses enfants ont été accueillis par l’ONG Passerelle. « Passerelle nous a donné une nouvelle vie », souligne-t-elle. Elle y a passé quatre mois, avant de trouver un toit pour abriter ses enfants. « Je ne veux pas retourner dans la rue, car c’est la pire des choses », raconte-t-elle.
Accueillir en urgence
Violence conjugale ou physique, séparation ou pauvreté, telles sont les raisons poussant les femmes à la rue, explique Indranee Boolell-Bhoyrul, vice-présidente de Passerelle. « On compte de plus en plus de femmes SDF dans le pays. Depuis mai 2016, on a accueilli vingt-cinq femmes qui ont fait l’objet de violence physique tous les mois. D’août à octobre, on a reçu sept cas par jour. C’est chagrinant de les voir dormir sur la plage, dans des abribus ou sur les bancs des hôpitaux. Il n’existe pas de foyers pour les accueillir en urgence », ajoute-t-elle.
« Le nombre réel des femmes SDF est difficile à évaluer pour deux raisons : la mobilité et le fait qu’elles se cachent de peur de se faire agresser ou de perdre la garde de leurs enfants. 68 % des femmes SDF sont accompagnés de leurs enfants », poursuit-elle.
Pour Indranee Boolell-Bhoyrul, un abri de nuit doit être mis sur pied pour assurer la sécurité des femmes et des enfants en leur procurant un logement décent. « À Maurice, il y a des abris de nuit pour les hommes SDF, mais pas pour les femmes. Avec la mise en place d’un abri de nuit, ces femmes et ces enfants pourraient progressivement se reconstruire et recevoir un soutien psychologique. On lance un appel à la société civile et à l’État pour nous prêter main-forte dans cette démarche. Actuellement, il n’existe pas de centre capable d’accueillir des victimes 24 heures sur 24 », fait-elle observer. Ceux qui veulent apporter leur contribution peuvent appeler le 5 949 3376.
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