Faute de lait et de riz pour fêter le Nouvel An sri-lankais jeudi, les habitants de l'île plongée dans une grave crise économique continuent de manifester pour réclamer le départ du président Gotabaya Rajapaksa et de son clan.
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En temps normal, les Sri Lankais préparent du lait chaud pour cette fête traditionnelle mais cette denrée, comme beaucoup d'autres produits de base, s'est faite rare, ainsi que le kérosène utilisé dans les cuisines du pays dont certains estiment qu'il est menacé de famine.
Alors cette année, les habitants de la capitale Colombo ont préféré déserter leur foyer, où même le riz vient à manquer, et se relaient sur le front de mer, devant le bureau du président Gotabaya Rajapaksa, où ils exigent sa démission, pour le sixième jour d'affilée.
- "Situation insupportable" -
Au lieu de célébrer en famille et dans la joie ce jour de fête, certains cuisinent de maigres repas sur des feux de bois sous les fenêtres du Secrétariat présidentiel, tandis que d'autres scandent: "Gota, tu dois t'en aller !".
"La situation économique est insupportable pour une multitude de gens", déclare à l'AFP Hemakumara Perera, un habitant de Colombo.
"Nous soutenons l'appel à la démission du président et du Premier ministre", ajoute-t-il.
M. Perera, sa femme et leur deux enfants ont passé toute la nuit dans le campement érigé par "solidarité" avec leurs concitoyens en souffrance.
Toutes les coutumes qui accompagnent la célébration du jour de l'an, comme l'achat des vêtement neufs symbolisant un nouveau départ, ont été abandonnées. Personne n'a le coeur à la fête.
"Nous ne sommes pas d'humeur à revêtir des vêtements neufs et à faire la fête quand nous savons combien les gens souffrent", explique une manifestante, Lakshika Gunawardena, bébé de cinq mois dans les bras, sous un soleil de plomb.
Habituellement, il n'y a pas un chat dans les rues, les commerces sont fermés, tandis que le gouvernement diffuse des photos de ses propres célébrations familiales.
Cependant, cette année, nul message de vœux du Premier ministre Mahinda Rajapaksa, envoyé traditionnellement sur les téléphones portables du pays de 22 millions d'habitants.
- "Les manifestants ne partiront pas" -
Confronté à sa pire crise économique depuis son indépendance en 1948, le Sri Lanka s'est déclaré mardi en défaut de paiement sur la totalité de sa dette extérieure de 51 milliards de dollars.
Le lendemain, la Banque centrale a appelé la diaspora sri-lankaise à envoyer de l'argent pour venir en aide au pays.
Le gouverneur de la Banque centrale, Nandalal Weerasinghe a promis que les devises seraient "utilisées uniquement pour l'importation de biens essentiels, y compris de la nourriture, des carburants et des médicaments".
Mais de nombreux Sri Lankais à l'étranger ont exprimé leur réticence à faire confiance au gouvernement Rajapaksa.
Ces dernières semaines, la foule a tenté de prendre d'assaut les maisons de dirigeants politiques, et les forces de sécurité ont dispersé les manifestants avec des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc.
"Les manifestants ne partiront pas tant que le gouvernement ne s'en ira pas", estime un agent de la circulation devant le bureau présidentiel. "Et nous ne pouvons pas partir tant qu'ils ne sont pas tous partis".
© Agence France-Presse
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