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Les impacts sanitaires méconnus du changement climatique 

Dr Shameem Jaumdally
  • Le dérèglement planétaire engendre également des risques sanitaires.

Un autre effet du changement climatique qui n’a pas été pris en considération est son impact sur la santé. Vassen Kauppaymuthoo cite en exemple certaines maladies qui se propagent. « Les épidémies que nous avons actuellement, comme la leptospirose et la fièvre dengue, sont très probablement dues aux inondations que nous avons eues au début de l’année. Elles ont permis aux moustiques de se propager, tout comme les rongeurs », dit-il. Suresh Boodhoo partage également cet avis. Il estime qu’à long terme, le pays va faire face à des maladies qui n’étaient pas courantes. « Nous espérons qu’il n’y aura pas de choléra, comme c’est déjà le cas dans certains pays de la région. Avec la hausse des températures et les grosses averses, la santé humaine risque d’être affectée », explique-t-il.  Les deux intervenants déplorent qu’aucune mesure n’ait été mentionnée dans le Budget pour faire face à cette situation. 

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Des décès additionnels

Le Dr Shameem Jaumdally, virologue mauricien, exerce en Afrique du Sud. Il affirme que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que de 2030 à 2050, il y aura environ 250 000 décès additionnels dus à des problèmes de santé liés au changement climatique. Parmi les exemples donnés, il cite la chaleur accablante, comme cela a été le cas en Inde ou en Arabie saoudite. Il mentionne aussi des complications avec les maladies transmises par les animaux tels que les moustiques qui propagent la dengue ou la malaria. L’OMS ajoute qu’il y aura également un problème de malnutrition pour les personnes qui n’auront pas les nutriments nécessaires, en raison des sécheresses et inondations conséquentes qui affecteront le secteur agricole (la culture de fruits et légumes ou l’élevage des animaux).  

Le virologue ajoute que les effets du changement climatique sont majoritairement ressentis par un segment de la population plus vulnérable, notamment dans les pays en développement. Les autres maladies transmises par les animaux vont augmenter. À Maurice, par exemple, il y a la hausse considérable des cas de la fièvre dengue en raison de l’introduction de moustiques qui propagent la maladie et du virus lui-même. Il fait remarquer que Maurice risque de souffrir de problèmes de santé dus au réchauffement climatique à cause des inondations. « Quand il y a de fortes averses, il y a une accumulation d’eau et une augmentation du nombre de moustiques qui peuvent se propager. Ce qui est l’un des problèmes majeurs du changement climatique du point de vue sanitaire », dit-il. 

Le Dr Shameem Jaumdally ajoute que le pays connaît également davantage de problèmes que les années précédentes. Avec la leptospirose, fait-il ressortir, les rongeurs sortent de leurs tanières ou des égouts et autres systèmes de canalisation pour se rapprocher des habitations et transmettre les maladies dont ils sont les vecteurs. Le virologue estime que le problème de la dengue va s’aggraver, car la quantité de moustiques infectés va augmenter. « Un moustique infecté peut, au cours de son cycle de vie, contaminer 500 autres moustiques à travers la ponte, et les larves devenues moustiques continueront à propager la maladie. Peu importe les stratégies mises en place pour le contrôle du moustique tigre, vecteur de la dengue, la maladie va connaître une hausse malgré tout », dit-il. 

Hausse des cas de dengue 

Il explique que c’est ce qui s’est passé à l’île de la Réunion, qui a le même climat que Maurice et une organisation de vie presque similaire, avec une végétation semblable. « Nous estimons que Maurice va connaître la même situation avec une augmentation du nombre de cas de dengue et de décès », indique-t-il. Ce qui peut être contrôlé, c’est la vitesse à laquelle la maladie peut se propager, selon lui. 

Le Dr Jaumdally est d’avis qu’il faut mener davantage de recherches et mettre en place des actions pour juguler l’épidémie. Il préconise des actions ciblées pour le déploiement de la logistique et des moyens de contrôle, en fonction de la pluviométrie et du temps nécessaire à l’augmentation de la densité des moustiques. Il faut aussi un ciblage géographique possible seulement grâce à des recherches appropriées. Le virologue prévoit également une hausse des infections gastro-intestinales qui peuvent être associées aux inondations. Les virus surgiront quand il y aura un risque de mélange d’eaux usées et d’eau potable. 

Gestion des déchets 

Le virologue évoque également le problème des microplastiques qui peuvent engendrer des maladies non transmissibles. Il critique aussi la gestion des déchets, un autre parent pauvre du Budget. Les ordures finissent à la décharge de Mare Chicose, ayant un effet direct sur les personnes vivant aux alentours. Le traitement des déchets doit être mieux planifié, et l’accent devrait être mis sur le recyclage et le bannissement de l’utilisation du plastique à usage unique. « Il ne s’agit pas simplement de nettoyer et d’embellir l’île, comme il est mentionné dans le Budget, mais de mettre en place un plan pour la gestion des ordures. À Singapour, l’énergie est produite à partir des déchets incinérés. La fumée produite n’est pas relâchée dans la nature, mais réutilisée à d’autres fins », ajoute notre interlocuteur.

La production de fruits et légumes en baisse

La production de fruits et légumes a diminué, fait comprendre le virologue. Les mesures de contrôle des moustiques ont non seulement éliminé ces insectes, mais aussi d’autres, tels que les abeilles, qui sont essentielles à la pollinisation. Avec le changement climatique affectant également la population des abeilles, nous allons nous retrouver dans une situation où la population consommera moins d’aliments sains comme les fruits et légumes produits localement, au profit de produits importés plus coûteux. Ce qui a un effet indirect sur la santé des personnes, selon le Dr Jaumdally.

 

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