Quels sont les gros poissons consommables disponibles dans les eaux mauriciennes ? Quelles sont les différentes méthodes de pêche au gros ? Est-il évident de la pratiquer comme sport ? Dossier.
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Louis Mootoosamy est Adjoining Divisional Officer à la Marine Resources Division du Albion Fisheries Research Centre. Il nous reçoit dans son bureau, entouré du Scientific Officer Sunil Jeetah et des techniciens Trishna Sooklall, Divambal Lutchmanen, Luvna Causy et S. Seeburun.
Pour expliquer ce que nous consommons comme poisson, il commence par dire ceci : « Nous avons les poissons pélagiques (thon...), les poissons artisanaux, les poissons des bancs (sacré chien, vieille la boue...). »
« Parmi les plus gros poissons consommables, nous avons le thon jaune, qui peut mesurer jusqu’à 1,70 m. Je me base sur les poissons notés lors d’exercices d’échantillonnage. Je pense qu’il y en a de plus gros, mais il faut faire des recherches pour cela.
Les plus gros poissons de l’océan Indien
- Baracuda
- Carangue
- Dorade Coryphène
- Espadon
- Marlin
- Mérou
- Requin
- Thon
- Wahoo
Nous n’avons pas les moyens de faire des sorties en mer. Nous nous basons donc sur les travaux effectués au niveau régional par d’autres scientifiques. Nous-mêmes, nous allons au port lors du débarquement pour prendre des échantillons. C’est alors que nous avons une idée de la taille des poissons pris. Nous avons des interactions avec les pêcheurs. S’il y a quelque chose qui sort de l’ordinaire, ils nous le rapportent », poursuit Trishna Sooklall.
« Si les pêcheurs prennent ou voient un énorme poisson et qu’ils ne peuvent pas le transporter ici (à Albion), nous nous déplaçons sur place pour recueillir les données. C’était le cas pour le gros poisson trouvé sur la plage de Grand-Sable récemment », ajoute Louis Mootoosamy. Il précise, cependant, que ce cas est exceptionnel.
Types de pêche au gros
La pêche au gros se pratique de deux façons. Explications avec Trishna Sooklall. « La pêche au gros se pratique au niveau récréatif et au niveau industriel. Dans le premier cas, ce sont des touristes qui partent chercher les grosses prises. Il y a des compétitions organisées en ce sens. Dans le second cas, ce sont des bateaux de senne qui pêchent avec des filets, des palangriers (“long liners” ou des “drifting long lines” étalées sur 2 000 mètres), qui peuvent contenir en moyenne quelque 2 000 à 3 000 hameçons. Avec ce genre de pêche, ils prennent des thons en majorité. Les “by-catch” (à-côté), c’est-à-dire les autres poissons qu’ils prennent, sont des marlins, des dorades et des requins. Si le “by-catch” a une valeur commerciale, les pêcheurs le conservent. Comme avec la pêche aux palangriers, ils prennent de gros poissons, il est difficile pour eux de les relâcher en mer. Lors du débarquement, ils vendent le “by-catch” aux autorités locales, c’est-à-dire à l’Agricultural Marketing Board. »
Elle ajoute : « Pour ce qui est de la pêche au gros, façon sportive, les adeptes pêchent des marlins. Nous prenons, par la suite, contact avec les opérateurs pour enregistrer les informations sur la taille et le poids du poisson pris. »
Un gros poisson particulier : le marlin bleu (empereur)
Le marlin bleu, aussi connu chez nous comme « empereur » (nom scientifique : makaira mazara), est, comme le marlin noir, l’un des plus gros poissons osseux. Il se distingue de son « cousin » par ses nageoires pectorales, qui se replient le long de son corps, une tranche plus ronde, un dos bleu marine strié de bleu électrique, des flancs tirant sur le cuivre et un ventre beige. Son roste est assez effilé avec la pointe partant vers le haut et parsemé de nombreux picots de petite taille.
Quand le marlin bleu est pris à l’hameçon, il se débat spectaculairement - il saute beaucoup - pour se débarrasser de son entrave. Si le rush est long, le combat sera bref. Épuisé, il se laisse alors ramener, mais s’il retrouve la forme, il repartira dans des élans de plus en plus courts jusqu’à la fin du combat.
Selon nos voisins réunionnais, le marlin bleu se trouve dans des fonds pouvant atteindre plusieurs milliers de mètres. Quand les gros spécimens épuisent leurs ressources lors de combats en surface, lorsqu’ils sont pris à l’hameçon, ils tentent de se réfugier en profondeur. Ce qui leur est fatal, car la température et le taux de dilution d’oxygène baissent à mesure qu’ils plongent. Quand le poisson meurt, son lourd corps est entraîné dans une chute lente, ce qui cause beaucoup de problèmes au pêcheur pour le faire remonter.
Prise record
Le record sportif actuel pour le plus gros poisson pris est de 707 kg. Il date de 1953. Le poisson, un marlin noir, fut pris au large de Pérou. Les poissons avoisinant ou dépassant la tonne peuplent dans les profondeurs marines. De gros marlins, bleus ou noirs, ont été pris dans les sennes des bateaux industriels. Le Japon est un grand consommateur de gros poissons. Des marlins bleus, dépassant la tonne, auraient été vendus à Tokyo.
Poissons pélagiques
Un poisson est appelé pélagique lorsqu’il vit près de la surface de l’eau ou entre la surface et le fond. Le hareng, la sardine, l’anchois, le maquereau, le thon sont des poissons pélagiques. Ceux-ci ont le dos bleu vert. Cette coloration les protégerait des oiseaux et prédateurs marins.
Témoignages
Alain Andy : « Le plus gros poisson que j’ai vu est la baleine à bosse »
Alain Andy est le chef des pêcheurs de Trou-d’Eau-Douce. Âgé de 57 ans, il pêche depuis l’âge de 15 ans. Il déclare que le plus gros poisson qu’il ait capturé est un marlin pesant 400 kilos.
Cependant, le plus gros poisson qu’il a vu en mer est « la grosse baleine à bosse ». « Elle vit au large, mais quand elle a des petits (qui pèsent quand même une tonne), elle regagne le lagon pour les protéger. D’après moi, elle doit mesurer dans les huit mètres et peser au moins vingt tonnes », indique-t-il. Il dit les apercevoir chaque année à Poste-La-Fayette ou à La Passe Tsar (Sud-Est), battant l’eau du grand canal en direction de Grand-Port.
« C’est un spectacle éblouissant que de voir cette baleine. Quand nous la croisons, nous restons à une distance d’au moins 100 mètres. Sa queue suffirait à faire chavirer la pirogue », ajoute-t-il.
Edley : « Pêcher un gros poisson peut prendre jusqu’à sept heures »
Souvent, on voit des pêcheurs sportifs s’afficher fièrement avec leur prise. Pour la prendre, il leur a fallu de la patience. C’est ce qu’affirme Edley, 50 ans, qui est dans la profession depuis 1987. « La pêche au gros se fait à la gaulette et à l’hameçon et quand le poisson mord l’appât, ne pensez pas que vous allez le hisser à bord facilement. Il va se débattre et tirer sur la ligne pendant des heures. On doit le fatiguer et cela peut prendre entre quatre et sept heures. Vous êtes dans votre bateau et le poisson est loin derrière, à quelque 500-700 mètres. Pour essayer de s’échapper, il va entrer dans une profondeur de 500 mètres, ce qui rend la tâche du pêcheur encore plus ardue. S’il meurt, c’est encore plus dur », explique-t-il.
Une autre source, qui accompagne des touristes qui pêchent pour le plaisir, avance que l’équipage doit parfois tenir pendant de très longues heures pour tirer des marlins de près de 1000 kilos pris à l’hameçon.
Dans certains cas, les grosses prises n’ont pas été homologuées, car pour capturer ces poissons, les pêcheurs se sont relayés, ce qui est contraire aux règles très strictes de la grande pêche sportive. Par exemple, en 1972, un marlin bleu de 1 805 livres fut capturé par trois touristes californiens au large d’Hawaï, mais ils furent aidés par l’équipage.
Edley a marché dans les pas de son père et fait vivre sa famille grâce à la pêche. Ses enfants étudient à l’université. Cependant, il déplore que les bateaux étrangers sont en train de prendre tous les gros poissons avec leurs puissantes méthodes de « long line », qui contient des centaines sinon des milliers d’hameçons. De plus, ils le font illégalement, clame-t-il.
Les poissons commerciaux de l’île Maurice (35)
- Lion
- Mulet voilé
- Vieille rouge
- Vieille grise
- Croissant queue blanche
- Carangue saumon
- Vacoas
- Sacré chien rouge
- Sacré chien grande queue
- Bordemar
- Madras
- Sacré chien blanc
- Vivano
- Breton
- Gueule pavée dorée
- Gueule pavée
- Carangue gandeface
- Dame berri (Coastal)
- Dame berri (Banks)
- Capitaine
- Caya
- Capitaine grosse tête
- Rouget fayan
- Madame tombée
- Dorade
- Cateau bleu
- Cateau vert
- Cordonnier
- Licorne
- Thon jaune
- Bonite à ventre rayé
- Bonite mackerel
- Becune
- Espadon
- Marlin bleu
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