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Les cyber-guerriers à l'œuvre : quand la politique 2.0 envahit le terrain

cyber-warrior Les 'cyber-guerriers' œuvrent non seulement pour la promotion de leurs partis politiques mais s'attaquent aussi aux adversaires du jour.

Si les réseaux sociaux permettent aux politiciens de toucher un public qui leur était totalement inaccessible, Facebook, Twitter et autres, en font aussi des proies faciles à la dérision, la critique et la diffamation. Le combat politique est de plus en plus 2.0.

Nouvelle technologie et accessibilité grandissante obligent, la politique est entrée de plain-pied dans l’ère numérique. Si le clip « Vire mam » de l’alliance Lepep, visionné plus d’un million de fois sur Facebook et YouTube, a eu un apport indéniable pour la victoire de sir Anerood Jugnauth et consorts aux élections générales du 11 décembre 2014, le Web est devenu un outil dont se méfient les politiciens locaux. Depuis, l’Internet sur mobile et Smartphones s’est fortement démocratisé, faisant des jeunes âgés entre 25 et 34 ans, hommes et femmes confondus, les plus gros utilisateurs de Facebook à Maurice. C'est ce qu’indique un rapport de Panda & Wolf sur le sujet fin 2017.

Julie Robveille, qui fait partie des dix meilleurs webmarketeurs français, écrit : « Les réseaux sociaux sont une porte de visibilité énorme car c’est l’occasion d’avoir un espace d’échange unique et mondial. Les partis peuvent ainsi diffuser leurs idées, fédérer leur communauté et même convaincre de futurs électeurs. » Outre la communication officielle, qui comprend des pages Facebook et des comptes Twitter au nom des politiciens ou partis politiques, une autre forme de communication politique fait rage. Elle est incontrôlable et elle peut être gênante dans un contexte de campagne électorale.

« Quand un article est publié dans un journal, il y a des commentaires. Si ce journal a un agenda, tous les commentaires seront négatifs envers le gouvernement. Cela a besoin d’être régulé », a déclaré Anil Gayan, ministre du Tourisme, au Parlement lors des débats pour l’adoption du Judicial and legal provisions (No. 2) Act 2018, le 30 octobre dernier. Ce texte de loi est venu renforcer l’arsenal légal contre la diffamation sur Facebook, Twitter et autres. Il devait aussi parler du « virtual mobbing » quand « un nombre d’individus utilisent les réseaux sociaux pour faire des commentaires sur une personne car ils sont opposés à son opinion ». Pour faire face aux avalanches de critiques bien réels sur les réseaux virtuels, Anil Gayan avait lancé : « Aux grands maux, les grands remèdes ».

Fausse informations

Concernant WhatsApp, le ministre, qui parlait au nom du gouvernement, lui reproche de « diffuser un volume alarmant de fausses informations et rumeurs » avant de soutenir qu’aux élections au Brésil, les réseaux sociaux ont « empoisonné » le climat politique. « Nous nous dirigeons vers des élections et nous ne voulons pas d’une telle situation ». Le gouvernement veut aussi éviter que des politiciens fassent l’objet de caricatures et de moqueries. « Nous rions tous à gorge déployée quand nous voyons des mimes de personnalités connues mais nous ne nous rendons pas compte de l’impact qu’ils ont sur la vie des gens ciblés. »

Lors de l’Eid Milan Party, à la Sunni Razvi Academy, mercredi, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a lancé : « C’est un scandale qu’on puisse dire n’importe quoi sur les réseaux sociaux et c’est en-dehors du contrôle du gouvernement. »

Beaucoup de gouvernements dans le monde s’adonnent à la régulation des réseaux sociaux et autres publications sur Internet avec, officiellement, comme objectif d’éviter des diffamations.

Or, le 29 mai dernier à l'ouverture du Sommet mondial 2019 du Partenariat pour un gouvernement ouvert, à Ottawa, au Canada, le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a déclaré, que les gouvernements devraient être prudents dans la réglementation des plateformes de réseaux sociaux, qui pourrait être utilisée par les régimes autoritaires pour réprimer davantage la liberté d'expression. Selon le journal La Presse, Justin Trudeau a souligné que « la main lourde du gouvernement n'était pas une solution pour gérer les internautes malveillants qui utilisent le Web pour répandre la haine et l'extrémisme, exacerber les divisions sociales, semer la méfiance envers les institutions démocratiques et manipuler les résultats des élections ».


WhatsApp : Le challenge technique

Intercepter des échanges de communication sur WhatsApp, rien de plus compliqué. Si le gouvernement mauricien s’était lancé dans l’exercice en 2017, il aura vite fait d’y mettre fin pour des raisons essentiellement techniques. Technologiquement parlant, s’immiscer discrètement dans des conversations sur WhatsApp, Viber et autres Facebook est quasiment impossible et extrêmement coûteux.

La compagnie israélienne NSO Group est parvenue à trouver une faille en installant un logiciel espion dans le système de WhatsApp et a vendu ce service à une bonne vingtaine de pays. Le problème a été réglé au début de l’année. Le procédé étant strictement illégal, l’ONG Amnesty International a porté plainte contre le ministère de la Défense israélien, autorité de tutelle de NSO Group.


Élections indiennes : les géants d'Internet forcés à retirer des centaines de pages et messages

Selon un article de l'Agence France Presse (AFP) en date du 16 mai 2019, la commission électorale d'Inde a forcé les géants d'Internet à retirer des centaines de pages et messages durant les gigantesques élections législatives. Néanmoins, ils ne constituent qu'une goutte d'eau dans l'océan d'infox autour de ce scrutin, estiment les experts.


2,19 milliards de faux profils Facebook supprimés en six mois

En seulement six mois, 2,19 milliards de faux comptes ont été supprimés par Facebook. Ce chiffre astronomique de suppressions a été atteint entre le dernier trimestre 2018 et le premier trimestre 2019. Selon l’Agence France Presse (AFP), c’est le réseau social lui-même qui a révélé ces chiffres en mai 2019. La plupart de ces faux profils sont créés par des programmes informatiques. Ils servent à poster des contenus spécifiques selon les personnes ou les organisations qui se cachent derrière ses robots. Par ailleurs, sur ses deux milliards de comptes actifs, Facebook estiment que 5% seraient des faux.


Politique numérique : les politiciens dans le creux de la main

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Photo-montage des captures d'écran des pages Facebook des différents partis politques.

Le temps des « kess savon » disparaît. Avec l’aide de la technologie, les politiciens avancent de plus en plus vers la campagne électorale digitale. Pour eux, il s’agit d’un moyen plus rapide, plus direct et moins coûteux, pour atteindre le public. Certains partis mettent en place des équipes dédiées à la gestion de la campagne en ligne. Toutefois, la technologie est aussi un couteau à double tranchant.

Nul besoin de dépenser des millions pour mobiliser les troupes. Bobby Hurreeram, porte-parole de l’alliance gouvernementale, souligne qu’au Mouvement Socialiste Militant (MSM), les réseaux sociaux sont le principal moyen de diffusion des messages. D’ailleurs, le Premier ministre communique sur ses activités à travers Facebook. « Nos militants des 20 circonscriptions communiquent avec leurs partisans à travers la plateforme WhatsApp », explique le député orange.

Toutefois, il fait une virulente sortie contre les fake news. Pour Bobby Hurreeram, une fois un montage audiovisuel ou une fausse nouvelle est en ligne, il est difficile de rattraper le coup. « Il faut cesser de cibler les politiciens, nous avons la peau dure, mais les enfants des politiciens risquent de subir des intimidations à l’école. Ceci peut conduire à d’autres problèmes et même à des drames. » Il ajoute que les conséquences des actes d’un adversaire politique peuvent être très graves. Bobby Hurreeram souligne que c’est une mode dans la politique en ligne de Maurice que de placer des extraits d’une vidéo, hors de leur contexte, dans le but de nuire à autrui.

Au Parti Mauricien Social Démocrate (PMSD), la politique en ligne s’est intensifiée depuis les quatre dernières années. Le parti mise essentiellement sur les réseaux sociaux pour transmettre leurs prises de position et les invitations aux grand rendez-vous. Khushal Lobine, porte-parole du PMSD explique que le leader du parti Xavier Luc Duval communique directement avec les partisans à travers les réseaux sociaux. Avant cela, une équipe de 15 avocats examine chaque document et publication. Quant aux messages internes, le PMSD dispose d’une banque de données de 24 000 personnes auxquelles des messages sont envoyés pour les inviter à travers la plateforme WhatsApp. « Nous n’utilisons plus d’oriflammes et d’affiches », souligne Khushal Lobine.

La technologie est aussi un couteau à double tranchant

Le danger des fake news est pris très au sérieux par le PMSD qui craint des dérapages lors de la prochaine campagne électorale. Ainsi, le PMSD proposera aux autres partis d’adhérer à un code d’éthique d’utilisation des réseaux sociaux pendant la campagne. Cela inclut le bannissement des propos à caractère communal et des fausses nouvelles, entre autres.

Au Parti Travailliste (PTr), l’utilisation des réseaux sociaux est très importante. Depuis deux semaines, le leader du PTr, Navin Ramgoolam, a ouvert son compte Facebook aux suggestions des partisans pour la rédaction du programme électoral du parti. Arvin Boolell souligne qu’à l’approche des élections, les réseaux sociaux sont des armes qui peuvent avoir des mauvaises conséquences si elles tombent entre de mauvaises mains. « En France, il y a une loi qui interdit la diffusion de fausses nouvelles et le harcèlement en ligne lors des campagnes électorales. » Pour le député rouge, il est difficile de contrôler les propos incendiaires sur Facebook. « C’est dommage que le commissaire électoral n’ait pas de pouvoir sur cet aspect de la campagne. »

Le Mouvement militant mauricien (MMM) est l’unique parti qui dispose d’un journal, d’une chaîne vidéo et d’une radio en ligne. Ces plateformes véhiculent l’idéologie mauve et surtout la grand-messe de samedi, c’est-à-dire la conférence de presse hebdomadaire du leader du parti, Paul Bérenger.

Selon Reza Uteem, président du parti, avec le temps, peu de gens viennent aux meetings et réunions nocturnes. « Il faut être en avance sur la tendance, les gens ne bougent, plus, il faut aller vers eux ! » Avec les réseaux sociaux, le MMM arrive à toucher plus de gens et récolter les réactions par rapport aux annonces du leader « en intégralité et sans la censure de la presse locale », affirme Reza Uteem. Cependant, il déplore que la Toile soit le Far West où les gens peuvent utiliser des subterfuges, comme un compte enregistré à l’étranger, pour nuire à autrui sur Facebook. Reza Uteem estime que « chaque parti doit gérer et assumer la responsabilité de sa page. »

Transmission des messages

Faire de la politique en ligne ne nécessite pas de grands moyens. Comme nous l’explique Stephan Gua, militant de Rezistans ek Alternativ. « Il suffit d’avoir une connexion et un téléphone, dit-il, soit ce que pratiquement chaque Mauricien possède en 2019. » L’utilisation du « Facebook live » est un atout pour le mouvement de gauche. Il est utilisé pour retransmettre ses conférences de presse en direct sur Facebook et ainsi atteindre un maximum de personnes. « Les journaux ne passeront jamais l’intégralité de nos interventions et nous utilisons cette plateforme pour transmettre nos messages. »

Stephan Gua déplore le fait qu’une fake news puisse facilement être postée sur les réseaux sociaux et atteindre des milliers de gens en quelques minutes avant d’être enlevée. « Avec la technologie, on peut ruiner la réputation et la vie de son adversaire politique en quelques minutes… C’est un outil efficace mais dangereux », dit-il.

S'il y a quelqu'un qui exploite lui aussi les plateformes en ligne pour faire de la politique, c’est bien Roshi Bhadain. Ses débats, conférences de presse, messages et invitations sont diffusés à travers les réseaux sociaux. Son parti, le Reform Party compte 134 500 'suiveurs' (followers) qui réagissent à ses publications. Selon lui, il peut facilement juger ses annonces à travers les réactions instantanées des internautes et ajuster sa position.

Le leader du Reform Party parle de « rapidité de propagation des informations et des messages. »

Mode de fonctionnement des cellules 'Social Media'

MSM : Selon Bobby Hurreeram, le MSM ne dispose pas de cellule spéciale pour s’occuper des réseaux sociaux. Il souligne que des militants volontaires travaille sur la propagation des publications en ligne et ils contrôlent les interactions sur le site. Ils se chargent aussi de publier des nouvelles sur le site officiel du parti. Les responsables de chacune des 20 circonscriptions communiquent avec leurs partisans à travers une plateforme de messagerie commune.

PMSD : Le parti dispose d’un groupe de jeunes volontaires avec à la tête Adrien Duval et Khushal Lobine. Le contenu des publications est validé par une équipe de 15 avocats avant d’être publié. Les messages importants, ayant trait aux réunions et mobilisations, sont envoyés à travers la plateforme Facebook. Les jeunes volontaires s’occupent aussi de contrôler les commentaires et les réactions des internautes.

PTr : Les Rouges sont plus structurés. Arvin Boolell explique que le parti dispose d’une équipe de professionnels en informatique et en communication, dont l’ancien conseiller responsable de la mise en pratique de la carte d’identité biométrique, Rao Rama. L’équipe est responsable du traitement des données et de leur propagation. Ils circulent aussi le message du leader et traitent les réactions des internautes. L’équipe, composée d’une dizaine de jeunes, sera responsable de la campagne en ligne du PTr.

MMM : Les Mauves disposent d’une branche spécialisée en communication, avec Hurmila Routho, secrétaire général adjoint, est responsable du Social Media et de la MMM-TV. Elle est encadrée d’une équipe de rédacteurs et de cameramen dont Nitin Jeeha. Leur but : propager les images et les messages du leader au public tout en diffusant les événements du MMM en temps réel sur Facebook.

Rezistans ek Alternativ (ReA) : Aucune structure et pas de Division of labour au mouvement de gauche. Chaque personne est formée pour diffuser les messages et les événements de ReA. Stephan Gua explique que chacun a une chance de publier les messages du mouvement car ils sont tous sur un même pied d’égalité.

Reform Party : Roshi Bhadain se fie aux connaissances d’une équipe de jeunes volontaires pour gérer la page Facebook et les plateformes de messagerie du Reform Party. Il affirme que c’est si facile qu’il n’y a pas lieu de mettre sur pied une cellule.


Qui se cache derrière les publications politiques ?

informatique
Les réseaux sociaux sont devenus des plateformes d'attaques, quelles que soient les motivations.

Il n’y a pas si longtemps, la communication des partis politiques, notamment en période électorale, se faisait exclusivement dans la presse et via des affiches. Toutefois à l’ère du numérique, les réseaux sociaux sont venus bousculer la donne. Aujourd’hui, chaque parti politique mauricien est actif sur Facebook principalement et éventuellement sur d’autres plateformes. Le Défi Plus a rencontré une activiste très active sur Facebook et un membre de l’équipe qui gère la page officielle d’un des principaux partis politiques sur ce même réseau social. Tous deux ont souhaité garder l’anonymat tout en expliquant les rouages de la communication politique sur Facebook.

L’activiste politique poste régulièrement des publications sur son propre profil Facebook. Il s’agit bien souvent de promouvoir le parti politique auquel elle adhère. Selon elle, les partis sont bien conscients de l’importance des réseaux sociaux à Maurice. « Avant, on se contentait des affiches et des oriflammes mais avec les réseaux sociaux, ils peuvent communiquer directement tant avec leur électorat qu'avec les indécis, indique-t-elle. Les partis politiques dépendent alors moins des médias qui peuvent déformer leurs propos. »

L’administrateur de la page Facebook d’un parti politique, tient le même discours. Il ajoute qu’à Maurice, les partis politiques se focalisent sur Facebook, car c’est le réseau social le plus utilisé dans le pays. Chaque régionale du parti a sa propre page mais son équipe se contente de gérer la page officielle au niveau national ainsi que celle du leader du parti. « Par exemple, nous y publions des vidéos que nous faisons lors des congrès ou des conférences de presse de même que des publications particulières comme des posters. Ces posters et d’autres vidéos visent à dénoncer les actions du gouvernement si on est dans l’opposition ou de les mettre en avant si on est au pouvoir. Sur notre page, il n’y a pas d’attaques sous la ceinture ou de propos vulgaires. Mais on peut en voir sur d’autres pages. Enfin, les administrateurs ne répondent pas aux commentaires sur la page et on ne supprime pas les commentaires négatifs sauf s’ils sont vulgaires ou diffamatoires. On garde les critiques », explique-t-il.

Des trolls

Il y a aussi ce qu’on appelle les trolls. Ce sont des internautes qui publient des posts ou commentaires souvent négatifs ou humoristiques. « Les trolls ne viennent que de quelques personnes à Maurice. Nous prenons leurs publications avec humour. Il y en a partout. Nous devons accepter cet humour. Ce n’est pas mauvais tant qu’il n’y a pas d’attaque personnelle ou sous la ceinture. C’est important qu’il y en ait dans les sociétés libres », affirme l’administrateur de la page Facebook d'un parti politique.


Micro caché

Rs 50 000 d'amende à une habitante de Quatre-Bornes

On ne badine pas avec loi. Marie Manuella Zacharie l’a appris à ses dépens. Elle a été condamnée à une amende de Rs 50 000 le 3 avril dernier. Cette habitante de Quatre-Bornes, était accusée en cour intermédiaire de « using an information and communication service for the purpose of causing inconvenience to a person ». Elle avait plaidé coupable.

Le 13 mai 2016, Marie Manuella Zacharie avait posté la vidéo intitulée « Micro caché chez les Jugnauth ». Elle avait demandé ensuite aux internautes d’écouter et de partager largement cette bande sonore. Pour rappel, cette bande sonore avait été diffusée lors de la campagne électorale lors des législatives 2014. Les Jugnauth ont estimé que la bande-sonore incriminée leur a porté préjudice.


Réseaux sociaux et élections

Comme cela a été le cas en 2014, les réseaux sociaux auront un rôle à jouer lors des prochaines élections générales. Pour l’activiste, si les réseaux sociaux permettent d’avoir une idée des régions où un parti politique a plus de travail pour convaincre, ils ne remplacent pas une présence sur le terrain. « On l’a vu lors de l’élection partielle au numéro 18 (ndlr : Belle-Rose/Quatre-Bornes en décembre 2017) : les internautes ne sont pas forcément ceux qui votent et les élections ne se font pas sur les réseaux sociaux », juge l’activiste politique.

« Les réseaux sociaux auront leur importance mais il y a aura une certaine saturation et donc moins d’impact que le fameux clip ‘Viré Mam’ de 2014 qui était une première. Ce qui sera important, ce sont les budgets alloués par les partis pour booster les pages et les publications sur Facebook afin d’atteindre le plus grand nombre de personnes. Sans cela, on ne va pas loin », souligne l’administrateur de la page d'un parti politique.

statistique

Me Neil Pillay : «On peut intercepter des messages légalement et sous certaines conditions»

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A-t-on le droit d'intercepter des communications faites entre deux personnes ou un groupe de personnes; des communications faites via WhatsApp, Facebook, Skype ou Viber ou SMS ?  Oui, mais sous certaines conditions, affirme Me Neil Pillay.

Que dit la loi si une personne qui diffuse une fake news sur le Net ?
Nos lois contiennent divers articles qu’on pourrait prêter à régler le problème de fake news sur le Net. L’Information and Communication Technologies Act  (Icta) est la loi la plus pertinente sur le sujet. À travers cette même loi, il y a plusieurs articles qui traitent différents aspects de ce problème. Je vais parler particulièrement des articles 46(g), 46(h) et 46(na), et de l’article 2 de l’Information and  Communication Technologies Act qui stipulent que :

46) Offences

Any person who –

(g)     knowingly sends, transmits or causes to be transmitted a false or fraudulent message;

(h) uses, in any manner other than that specified in paragraph (ga), an information and communication service, including telecommunication service, -

(i)     for the transmission or reception of a message which is grossly offensive, or of an indecent, obscene or menacing character; or

(ii) which is likely to cause or causes annoyance, humiliation, inconvenience, distress or anxiety to that person;

(iii) for the transmission of a message which is of a nature likely to endanger or compromise State defence, public safety or public order.

(na)     knowingly provides information which is false or fabricated;

… shall commit an offence.

2. «message» includes any communication whether in the form of speech or other sound, data, text, writings, images, signs, signals or code, or in any other form or combination of forms.

Je pense que ces articles de notre loi-cadre, énumérés plus haut, ont le mérite d’être très clairs sur ce qui constituerait le délit de transmission de message – incluant une vidéo ou une bande audio – qui soit faux, frauduleux ou fabriqué. Sous cette législation et si une personne est reconnue coupable par la cour, elle risque une amende ne dépassant pas un million de roupies et une peine de servitude pénale n’excédant pas dix ans.

Que dit la loi si une personne estime que des mensonges ont été dits sur lui ou sur l'organisation qu'il dirige ?
La personne doit porter le cas à la police. Celle-ci va enquêter sur sa plainte afin d’établir si un délit punissable sous nos lois a été commis. La police devra sans doute soumettre le dossier au Directeur des poursuites publiques (DPP) qui décidera souverainement s’il y a matière à des poursuites pénales ou pas par rapport aux faits établis durant l’enquête. La personne lésée pourrait aussi songer à poursuivre l’auteur de ces mensonges au civil afin d’obtenir des dommages et intérêts pour le préjudice qu’elle aurait encouru.

Que dit la loi si une personne fait un montage vidéo ou photo qui porte préjudice à autrui ?
Elle peut être poursuivie en vertu de l’article 46 de l’ICT Act et d’ailleurs, je crois avoir démontré, lors de votre première question, comment un montage vidéo, une photo et une bande sonore peuvent faire l’objet de poursuites pénales.

Que dit la loi si une personne partage un post ou des photos et vidéos qui portent préjudice à autrui ?
Si elle partage sciemment des informations en sachant pertinemment que ce sont des fake news, elle pourrait être poursuivie pour complicité ou diffusion de fausses informations. Elle risque aussi une amende ne dépassant pas Rs 1 million et une peine d’emprisonnement d’excédant pas dix ans.

A-t-on le droit d'intercepter des communications faites entre deux personnes ou un groupe de personnes ; des communications faites via WhatsApp, Facebook, Skype ou Viber ou SMS ? Que dit la loi à ce sujet ?
Sous certaines conditions, on peut intercepter des messages dépendant des cas. L'article 32 (5) (a) de l’ICTA explique que:

Nothing in this Act shall prevent a public operator or any of his employees or agents from intercepting, withholding or otherwise dealing with a message which he has reason to believe is:

(i) indecent or abusive;

(ii) in contravention of this Act;

(iii)    of a nature likely to endanger or compromise State's defence or public safety or public order.

(b) Where a message is withheld pursuant to paragraph (a), the operator shall forthwith refer it to the Authority for such written directions as the latter may think fit.

Allant plus loin, l'article 32 (6) de cette loi fait état que :

6 (a) Nothing in this Act shall prevent a Judge in Chambers, upon an application, whether ex parte or otherwise, being made to him, by the Police, from making an order authorising a public operator, or any of its employees or agents, to intercept or withhold a message, or disclose to the police a message or any information relating to a message.

(b) An order under paragraph (a) shall:

(i) not be made unless the Judge is satisfied that the message or information relating to the message is material to any criminal proceedings, whether pending or contemplated, in Mauritius;

(ii) remain valid for such period, not exceeding 60 days, as the Judge may determine;

(iii)     specify the place where the interception or withholding shall take place.

(7) In this section:

“information and communication message” means a message passing over an information and communication network, including telecommunication network; “message” includes an information and communication message.

Néanmoins, je tiens à faire ressortir qu’il y a aussi le droit à la vie privée d’une personne, les droits de l’individu qui doivent être pris en considération tout en gardant à l’esprit que les droits de la société et du public en général pourraient prendre précédence.

Selon un article du Défi Plus du samedi 1er juin, des appareils d'espionnage israéliens sont utilisés à Maurice par le service de renseignement de la police pour surveiller officiellement les mouvements des supposés terroristes ou espionner des individus soupçonnés de nuire à l'État. Est-ce légal ?
Oui, dans le sens que l’autorité régulatrice a le devoir de contrôler l’importation de tout équipement capable d’intercepter un message. Donc, par déduction, l'importation d’un tel appareil peut être autorisée mais sous contrôle de l’ICT Authority. Comme souligné auparavant, on peut intercepter des messages et en utilisant les articles 32(5) et 32(6) de l’ l’ICT Act, la loi cadre, on peut intercepter des messages mais dans des cas bien spécifiques. Nous devons aussi être vigilants qu’il n’y ait pas d’abus et de violation de la Data Protection Act. En même temps, soyons prudents pour éviter qu’il n’y ait pas aussi une violation du droit de la vie privée. Donc, dans des cas spécifiques et pour une période définie, c’est possible d’être mis sur écoute.


Quand les cyber-guerriers sortent l’artillerie lourde...

Dans le jargon informatique, on les appelle les cyber-guerriers de la Toile. À l'ère du numérique, des internautes, se cachant bien souvent sous des pseudonymes, utilisent de tout un arsenal technologique (WhatsApp, Facebook, Twitter, etc.) pour faire le jeu du parti politique auquel ils ont juré allégeance. Opérant à partir de faux profils, ces guerriers des temps modernes n'hésitent pas à sortir l'artillerie lourde pour tenter d’abattre leurs adversaires politiques désignés. Ci-dessous un échantillon de commentaires postés sur la page Facebook du Défi Media Group après la publication de deux articles.

Premier article :

« Nou ene gouvernement ki pas dormi », selon Pravind Jugnauth. Article publié le 18 mai 2019)

Renaud : Zot pas dormi zot rêve dibout

Manfred : Pourtant mo trouve ene bane dormi dan parlement.

Mohun : All the Best Sir Pravind. We always with u. Virer mam.

Aman : Kan to dormi to trouve Ramgoolam

Vikram : The best PM ever.Hard work and progress for our island.

Harris : Pas prend compte sa bane Travailliste la ! Zot leker p faire mal. Dans zot lepok kan ouvert journal c’était jis [...]

Pooja : U r right Pravin... only blind cant see

Deuxième article

Navin Ramgoolam annonce « la légalisation du cannabis médical » si le PTr retourne au pouvoir. Article publié le 29 mai 2019

Amar : Very good measure, patients will love it big pharma would hate it

Amit : Astr nu ti Ile Maurice avanC

Suraj : Well said it must be legalize bravo navin

Bryan : On est en 2019 et j'espère qu'il n'y a pas des gens qui croient toujours au Père Noël lol.

Ravi : I wonder if these people have any other vision for Mtius! They’re just talking about Canabis as if without it, Mauritius would be in recession! Ena boukou zafaire pli important pour faire nous pays progesser ! Shame on such people who do not have any vision but just want to have power [...]

 

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