Parvez Bhoonee, directeur du magasin Tottenham situé à l’Arcade Salaffa, Curepipe, affiche la satisfaction par rapport aux ventes à la mi-décembre. Chez ce commerçant d’articles vestimentaires, l’affluence parle d’elle-même. Malgré la cherté de la vie, la tendance reste inchangée, confie-t-il.
« Nos prix compétitifs, conservés d’année en année, ont su créer une certaine fidélité chez nos clients. Ce sont, pour la plupart, des clients réguliers. Ils viennent chaque année, car ils savent qu’ils feront de bonnes affaires sans défoncer leur budget », fait-il savoir.
Chez les chaînes de magasins Ah-Ling, optimisme et enthousiasme sont de mise à l’idée d’accueillir les clients en grand nombre. En effet, après les récentes chutes dans les ventes, celles-ci ont repris en début de semaine, souligne le directeur William Ah-Ling. « Nous sommes confiants. Au vu de la tendance en magasins, nous nous attendons à faire un bon chiffre d’affaires en décembre, malgré la crise », annonce-t-il.
Pour mettre toutes les chances de leur côté, les magasins Ah-Ling proposent des offres promotionnelles en cette période de fin d’année. « Les Mauriciens sont plus consciencieux de leurs dépenses. Ils s’en tiennent à un budget. De ce fait, ils sont à l’affût des bonnes affaires. Nous en proposons durant la période de décembre sur nos gammes d’électroménager, ainsi que sur les jeux pour enfants », explique-t-il. William Ah-Ling dit avoir observé que les Mauriciens attendent des offres promotionnelles de dernière minute pour renouveler leur cuisine, faire l’achat des téléviseurs ou des produits de beauté, notamment le fer à lisser.
D’autre part, les magasins Ah-Ling proposent des nouveautés, notamment des jouets en bois, des jeux électriques tels que les voitures et jeeps motorisés avec télécommande. « Pour les voitures motorisées, nous proposons des facilités de paiement », fait-il ressortir.
Quid des produits les plus prisés ? « L’engouement pour les jeux de construction ainsi que les incontournables poupées Barbie ne s’estompe pas cette année. Ils affichent une très bonne vente. » Du côté des électroménagers, la vente des ventilateurs et box-fans explose. « Les téléphones dernier cri sont également en demande. »
La même stratégie est de mise chez AL Phone Ltd et Cash and Take Ltd, à Quatre-Bornes. Le propriétaire, Akshay Lalbahadoor, propose des produits selon le budget du client. Ce qui ne l’empêche pas de faire de bonnes ventes. Les Mauriciens s’activent pour les achats de fin d’année depuis la fin du mois de novembre, observe-t-il.
« De nombreux clients avouent avoir un budget restreint pour les cadeaux dû au coût élevé des fournitures scolaires. Chez nous, on trouve de tout : décorations de Noël, jouets pour enfants, produits électroniques. Nous proposons aussi des nouveautés comme les téléphones dernier cri ainsi que les smart watches », indique Akshay Lalbahadoor. « Cependant, les clients ont un penchant pour les jeux que nous proposons à des prix abordables. Grâce à cela, les ventes sont très prometteuses », précise-t-il.
Jevin, responsable du magasin Skynet Logiciel Ltd, enregistre, quant à lui, une vente de 40 % en cette mi-décembre. Il souligne un début d’affluence pour les achats de fin d’année depuis les offres promotionnelles dans le cadre du Black Friday.
Chez ce magasin proposant des produits électroniques et des jeux vidéo, les produits les plus prisés sont les smartphones dernier cri, les jeux de Playstation, ainsi que la Playstation4. « Actuellement, avec la sortie de la toute dernière Playstation 5, l’avant-dernière se vend à un prix plus abordable. De ce fait, les amateurs de jeux sont nombreux à mettre la main dessus. Par ailleurs, la caméra polaroid Insta Mini 11 se vend bien chez les filles », mentionne-t-il.
À Rose-Hill, ce sont les magasins de décoration intérieure qui connaissent le plus de succès. Par conséquent, afin de sortir la tête de l’eau, Romat Azarally, commerçant spécialisé dans la vente de meubles, s’y met aussi.
« Cette année, les ventes sur les gros items ont baissé de 80 % en raison du budget restreint des Mauriciens. Ils se limitent aux petits achats sur les produits de décoration intérieure. Les lits, matelas, armoires ne se vendent plus. Quant aux produits comme les couvertures de sofa à Rs 4 000, nous devons offrir des facilités de paiement pour améliorer les ventes. En 20 ans de carrière, nous n’avons jamais connu une telle baisse dans les ventes », déplore-t-il.
Spécialisée dans la vente de produits décoratifs d’intérieur, Husna Sheikh Raman travaille avec bonheur en cette période de l’an consacrée aux achats pour la maison. Elle attribue ses ventes florissantes aux prix compétitifs qu’elle pratique.
« Chez nous, la vente pour la période des fêtes a pris l’ascenseur au début du mois de décembre. Ce n’est que du positif », se réjouit-elle.
« Nous avons toujours proposé des prix compétitifs dans tous nos magasins et les clients affichent la satisfaction. Cette année ne fait pas exception à la règle. Même les nouveaux clients sont choqués des prix qu’on propose. Ils nous bénissent, car c’est un soulagement en cette période de crise », dit-elle.
Les marchands ambulants font grise mine
Ils font partie du folklore annuel de cette période festive de fin d’année. Pourtant, cette année, les marchands ambulants se font rares dans les rues. Eh oui, c’est l’heure de la bataille annuelle des municipalités contre les marchands ambulants.
À force d’être sur le qui-vive par rapport aux saisies régulières de la police en cette période clé qui contribue considérablement à leurs revenus, les marchands ambulants se disent découragés. Conséquence : ils préfèrent arrêter leurs activités par peur de représailles.
À Quatre-Bornes, à la moindre apparition d’un véhicule de police, les marchands ambulants installés en face de la banque commerciale sont en panique. Sueur au front, ils prennent leurs cliques et leurs claques, et s’enfuient. C’est à quoi se résume leur quotidien, confient-ils.
Raj et Suraj disent ne plus savoir à quel saint se vouer. Ils dépendaient des ventes de fin d’année pour remonter la pente et faire plaisir à leurs familles. « Nous tentons de gagner notre vie honnêtement. Malheureusement, nous sommes considérés comme des parias de la société. Nous avons acheté nos articles à crédit et nous espérions faire le paiement à la suite des ventes. Hélas, la police saisit nos articles au quotidien. Nous travaillons avec la peur au ventre. Même notre collègue, qui vendait de la salade, n’a pas été épargné », racontent-ils.
Ils lancent un véritable cri du cœur : « Nous sommes aussi des pères de famille, nous avons des dettes à payer. On nous arrache notre gagne-pain… »
Constat similaire du côté de la rue La Reine, à Rose-Hill, ou encore en face de la banque commerciale. D’habitude, de nombreux marchands ambulants longent les rues. En cet après-midi, pas l’ombre d’une âme. Interrogée, la marchande en face fait comprendre qu’ils ont pris la fuite. « Vous ne les verrez plus pendant un bon bout de temps. En ce moment, la police fait des patrouilles régulières, ils ont peur que leurs marchandises soient saisies », partage-t-elle.
Les plus courageux restent dans les parages, le temps que la patrouille soit complétée. À l’instar de Said, marchand de vêtements. « C’est une année qui se termine sur une note amère pour nous, les marchands ambulants. La police nous tient en haleine. »
Au niveau de Curepipe, ils ne sont pas mieux lotis. Si on aperçoit quelques marchands ambulants çà et là sur la place Chasteauneuf ou à proximité du jardin Paul et Virginie, force est de constater qu’ils sont bien moins nombreux en comparaison aux années précédentes à la même période. L’effervescence des achats de fin d’année peine à se faire ressentir à leur emplacement habituel.
À Port-Louis, notamment à la rue Desforges, l’ambiance connue pour être incomparable pendant cette période de l’année, fait aussi les frais des mesures strictes de la police et la municipalité. Des barrages ont été installés expressément afin de les empêcher de paralyser cette rue.
Questions à Hyder Raman, président de la Street Vendors Association : «La vente est timide, mais nous gardons espoir»
Des marchands ambulants de plusieurs régions, dont Quatre-Bornes et Rose-Hill, font face au problème éternel des saisies en cette période festive. Vos commentaires.
Je ne suis pas au courant du problème dans ces deux endroits mentionnés. Cependant, au niveau de la capitale, les membres de la Street Vendors Association se réunissent souvent, notamment concernant les décisions que prend généralement la mairie de Port-Louis en cette période de fin d’année pour éviter le problème causé à la circulation des piétons et véhicules.
Cette année, la majorité des marchands ambulants, soit 300, opérant généralement dans les rues, ont été relocalisés à la Place de l’Immigration, à la gare du Nord. Presque tous les marchands dits ambulants ont été relogés au Victoria Urban Terminal depuis le mois de mai dernier. Seule une poignée continue d’opérer dans les rues.
Cette année, le problème de saisie des marchandises des marchands ambulants opérant dans les rues a été minimisé à Port-Louis. Ce, grâce à un travail de coordination entre le conseil municipal, la police et la Street Vendors Association.
Quelle est la tendance des ventes auprès des marchands ambulants de la capitale en cette période ?
Après deux ans de Covid-19, reprendre le travail avec la réouverture des foires n’a pas été facile. Les marchands de légumes, de nourriture et d’articles vestimentaires étaient dans le rouge. Mais avec la réouverture des frontières et les festivités qui approchent à grands pas, l’effervescence se fait ressentir dans la capitale.
L’affluence est positive en comparaison à la même période, l’année dernière. Nous attendons une évolution en termes d’affluence dès la réception du boni de fin d’année dans les secteurs public et privé. La vente est timide, mais nous gardons espoir de faire de bons chiffres d’affaires durant les deux dernières semaines de décembre.
Avec la cherté de la vie, et particulièrement la hausse des prix des denrées alimentaires, les gens s’en tiennent-ils davantage à un budget strict ?
Effectivement, les Mauriciens sont très vigilants par rapport à leurs achats, cette année. Ils s’imposent des limites, car ils ont des contraintes au niveau du budget malgré le boni de fin d’année.
Auparavant, la majorité du boni de fin d’année s’épuisait dans les cadeaux. Avec la cherté de la vie, ils sont pénalisés pour l’achat des courses. Aujourd’hui, ce budget additionnel est davantage consacré aux dépenses pour la rentrée scolaire.
Espérons que les Mauriciens seront soulagés grâce aux Rs 1 000 supplémentaires de la compensation salariale à partir de l’année prochaine.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !