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Les absents du 1er-Mai

Les habitudes changent. Pour le meilleur ? Rien n’est moins sûr. La tradition a été bousculée depuis 2013, quand le PTr décida de ne pas organiser de grand rassemblement pour la fête du travail. Cette année-là, le prétexte était les inondations meurtrières qui avaient frappées la capitale quelques semaines plus tôt. Les rouges ont-ils bien fait de s’abstenir de participer à de la bataille des foules ?  Tout dépend. Qu’on le veuille ou non, les meetings du 1er-Mai sont un baromètre plutôt fiable pour mesurer la tendance politique du moment. Celui qui remporte le bras de fer est habituellement celui qui se positionne le mieux pour aborder l’épreuve des urnes. Puis, la politique est notre sport national. Priver les Mauriciens des grands rassemblements du 1er-Mai, c’est les priver du plaisir que constituent les débats post-meetings. Grassement rémunérés par l’État (pour des performances qui laissent souvent à désirer), les élus se doivent au moins de « divertir » le petit peuple et lui vendre des rêves. Un autre argument souvent entendu est que le 1er-Mai est la fête des travailleurs. Trop longtemps « pris en otage » par les politiciens, il est salutaire que ces derniers retournent le témoin aux syndicats et autres représentants des travailleurs. Sauf qu’il y a fort à parier que les plate-formes syndicales ne rassembleront pas des masses ce dimanche matin. Ces quatre dernières années, les syndicats n’ont pu capitaliser sur l’absence d’un des « big three ». À Maurice, le 1er-Mai a toujours été politique. Et ce, dès le 1er mai 1938, quand a eu lieu le tout premier grand rassemblement pour l’amélioration des conditions d’emploi. Des dizaines de milliers de personnes avaient convergé vers le Champ-de-Mars à la demande de Guy Rozemont. C’est le même Rozemont qui obtiendra dans les années 50 que le 1er mai soit déclaré jour férié. Une autre interprétation est possible. Le manque d’envie de certains de nos leaders politiques de monter sur le podium le 1er-Mai témoigne de l’embourgeoisement des grandes formations politiques. Autrefois très proches des travailleurs, le PTr et le MMM ne ressentent plus la nécessité de rester connectés avec la base. Il n’y a plus cette ferveur qui les poussait à  sillonner les coins et recoins du pays pour convaincre les gens à se déplacer pour le 1er-Mai. Il est bien plus facile de déposer une gerbe au Square Guy Rozemont ou de tenir une brainstorming session dans un hôtel 4-étoiles d’Ébène. Les temps changent et les avis divergent sur la tenue des meetings. Mais ce qui est sûr, c’est que la lutte pour la classe « travayer » est impérative, surtout après un rapport du PRB 2016 qui divise et l’introduction d’un salaire minimal.
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