Actualités

Leela Devi Dookun-Luchoomun : «Les privilèges sont toujours accompagnés de responsabilités»

La ministre de l’éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, reste intransigeante sur la question du taux de présence de 90 % pour être exempté des frais d’examens du SC et du HSC.

Publicité

« Le gouvernement a déjà fait beaucoup de compromis », a-t-elle soutenu. Elle cite notamment la décision de son ministère de considérer le taux de présence uniquement pour 2016. De plus, tous les étudiants, a-t-elle souligné, ont reçu leur time-table et pourront prendre part aux examens. Sans compter l’extension du délai pour le paiement des frais d’examens, pour ceux qui ne se sont pas conformés aux règlements. Ainsi, les étudiants ont-ils jusqu’à la fin d’octobre pour régler ces frais d’examens auprès du Mauritius Examinations Syndicate. Cet organisme devra prendre une décision concernant les paiements.

Leela Devi Dookun-Luchoomun a maintenu que le 15 juillet n’est pas la date communiquée aux étudiants. Selon elle, des lettres circulaires ont été adressées aux étudiants et à leurs parents, où il est clairement mentionné qu’ils doivent avoir 90 % de présence en classe jusqu’au moment où ils recevront leur time-table pour les examens en 2016. Ils ont signé et retourné les circulaires aux recteurs des collèges respectifs, a-t-elle fait ressortir. Pour la ministre, il ne peut y avoir de confusion autour de la question. « La date qu’ils mentionnent n’a jamais été sur la circulaire », souligne-t-elle.  Elle a réaffirmé que le 9 septembre était la date avancée par le ministère.

Pour la ministre de l’éducation, les étudiants doivent comprendre qu’il y a des règles à respecter et que « les privilèges sont toujours accompagnés de responsa­bilités ». Suivant les allégations que des enseignants auraient demandé à leurs élèves de rester à la maison pour faire la révision, Leela Devi Dookun-Luchoomun avance que, si tel est le cas, ils auront à répondre de leurs actes.  

Vikash Ramdhony : «il faut maintenir la date du 15 juillet»

Le président de la Government Secondary School Teachers Union, Vikash Ramdhony, a tenu a préciser que, selon les règlements du Pay Research Bureau ( PRB), les enseignants ne sont pas autorisés à prendre des congés durant le troisième trimestre. « Donc, logiquement, les enseignants ne peuvent donner des leçons particulières durant les heures de classe. Ce sont des non enseignants qui s’adonnent à cette pratique. » Il avance qu’il est insensé de faire croire que les enseignants ne sont pas au collège durant les heures de classe en cette période. Il explique que son syndicat a donné des directives à ses membres pour qu’ils aillent en classe, même s’il n’y a qu’un élève.

Vikash Ramdhony attire l’attention sur le fait qu’après avoir complété le syllabus, le plus gros travail est de préparer les élèves pour les examens. « Le travail de révision se fait dans la classe », dit-il. Il lance un appel à la ministère de l’éducation pour que la date du 15 juillet soit maintenue et non le 9 septembre, comme annoncé dans la première circulaire. Cela afin de ne pas pénaliser un nombre important de candidats à ces examens. Par la même occasion, il a mis en garde des politiciens qui veulent tirer avantage de la situation.

Anusha Vencadasmy : «les autorités ne peuvent changer les règles comme bon leur semble»

Anusha Vencadasmy, une étudiante du HSC, explique que, dans un premier temps, les étudiants ont pris connaissance d’une circulaire les informant que le taux de présence serait comptabilisé jusqu’au 15 juillet. Ensuite, on a parlé du 9 septembre. Elle fait ressortir que cette extension pénalisera plusieurs élèves. « Les autorités ne peuvent changer les règles comme bon leur semble », poursuit Anusha Vencadasmy. Elle ajoute que c’est très difficile pour des parents de trouver Rs 15 000, dans un si court délai, pour s’acquitter des frais d’examens. Elle dit ne pas être contre ces règlements, mais contre les conditions qui les accompagnent. « Pour moi, c’est une stratégie pour avoir de l’argent », s’insurge-t-elle. « Les étudiants sont certes jeunes, mais pas bêtes. »  

Elle explique que 75 % du  syllabus est complété début août. Passé cette période, dit-elle, certains élèves continuent de se rendre en classe, alors que d’autres choisissent de rester à la maison pour la révision et finalement, ils ont de bons résultats. 

La collégienne avance que, généralement, les enseignants sont toujours présents dans  certains collèges et qu’ils mettent l’accent sur la préparation psychologique des élèves pour affronter ces examens et travailler les Past Exams Papers.

Anusha explique aussi que certains élèves préfèrent prendre des leçons particulières, au lieu de se rendre dans leurs collèges respectifs pour ne rien faire. Elle estime que le gouvernement aurait dû prendre des mesures pour s’assurer que le travail se fait à l’école durant cette période, au lieu de s’attaquer aux élèves.

Shakeel Mohamed : «on ne peut forcer une personne à payer à cause d’un règlement administratif»

Pour l’avocat et député du PTr, Shakeel Mohamed, les autorités ne peuvent obliger les citoyens à payer les frais des examens du SC et du HSC en se basant sur un règlement administratif et qui, selon lui, n’a même pas de force légale. Pour lui, ce serait une violation de l’article 8 de la Constitution.

Il rappelle que, répondant à une question parlementaire du député Reza Uteem en mars de cette année, la ministre de l’éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun avait dit que tous les étudiants, indépendamment de leur origine sociale, seraient exemptés des frais d’examens et qu’elle n’avait pas parlé de 90 % de présence obligatoire.

Le député rouge trouve que la façon de faire du gouvernement est « discriminatoire »,  car d’un côté, les élèves ayant les moyens financiers pourront prendre part à ces examens, bien qu’ils aient moins de 90 % de présence. De l’autre, une majorité d’élèves issus de la classe défavorisée seront pénalisés, car ils n’ont pas l’argent nécessaire pour s’acquitter de ces frais.

Lucien Finette : «les autorités font fi de la pédagogie»

L’ancien directeur du Mauritius Examinations Syndicate blâme les autorités qui, selon lui, font fi de la pédagogie en empêchant des élèves de prendre part aux examens. « Il ne faut pas oublier que l’objectif principal de l’éducation est l’accès du plus grand nombre aux examens », fait-il comprendre.

Il avance qu’on doit s’attaquer à ce problème différemment. En premier lieu, dit-il, il faut connaître les raisons pour lesquelles il y a un fort taux d’absentéisme dans certains collèges et pas d’autres. Il attire l’attention sur le fait que ce problème n’existe pas dans les collèges payants, où il y a une approche pédagogique intéressante. Il attribue aussi le problème d’absentéisme à un système d’éducation qui, selon lui, est dépassé.

Lucien Finette estime qu’il faut dissocier le problème d’absentéisme et les frais d’examens. « Pour moi, tous les examens auraient dû être gratuits », affirme-t-il. Il estime également que les classes du Higher School Certificate auraient dû être ouvertes à tout le monde sans limite d’âge.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !