Le malaise Lutchmeenaraidoo: une soirée d’intenses négociations

La soirée de jeudi a été très animée. Vishnu Lutchmeenaraidoo aurait accepté de céder son portefeuille à Roshi Bhadain. Il sera le nouveau chef de la diplomatie mauricienne. Vishnu Lutchmeenaraidoo va-t-il jeter l’éponge ? Jusqu’à tard hier soir, beaucoup de bruits ont couru concernant un éventuel départ du ministre des Finances de l’Alliance Lepep. Il est question que le Grand argentier démissionnerait lundi afin de ne pas embarrasser le gouvernement dans le cadre des célébrations du 48e anniversaire de l’accession de Maurice à l’Indépendance et du 24e anniversaire de la naissance de la République. Même dans le cercle intime de Vishnu Lutchmeenaraidoo, on confie que ce dernier « pé allé » à cause de l’affront qui lui aurait été fait. Notamment  à propos de la décision du conseil des ministres d’inviter la Commission anticorruption d’enquêter sur le projet de Smart City de Pailles qu’il a personnellement piloté dès son arrivée au ministère des Finances. Au sein de la majorité, on ne cache pas qu’un froid s’est durablement installé entre Vishnu Lutchmeenaraidoo et le ministre de la Bonne gouvernance et des Services financiers, Roshi Bhadain. Le premier reprochant à l’autre d’empiéter sur ses plates-bandes, l’enquête sur la Smart City de Pailles par la société chinoise Yihai International Investment Management Ltd étant l’un des exemples concrets. Il y a également une divergence d’opinion entre les deux hommes sur la question du traité de non-double imposition - Double Taxation Treaty Agreement (DTTA) - conclu entre Maurice et l’Inde. Alors que Roshi Bhadain a déjà négocié avec New Delhi pour revoir le traité, Vishnu Lutchmeenaraidoo n’est pas du même avis et a même snobé une délégation indienne venue récemment à Maurice. Le ministre des Finances n’a d’ailleurs pas dissimulé son état d’âme dans l’interview qu’il a accordée à un quotidien mardi, allant jusqu’à évoquer des « blessures ». Face à cette situation, le risque étant que Vishnu Lutchmeenaraidoo délaisse son poste de député, ce qui pourrait laisser la porte ouverte à Navin Ramgoolam pour revenir à l’Assemblée nationale, le Mouvement socialiste militant aurait négocié jusqu’à tard hier afin que le ministre des Finances revienne à de meilleurs sentiments. D’autres à l’hôtel du gouvernement affirment que c’est le contraire. Si Vishnu Lutchmeenaraidoo ne quitte pas le navire, il pourrait hériter du ministère des Affaires étrangères, laissant le maroquin des Finances à Roshi Bhadain, laisse-t-on entendre à l’Hôtel du gouvernement. La décision aurait déjà été prise par le Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, et qu’elle sera entérinée après le départ du président malgache Hery Rajaonarimampianina invité d’honneur aux célébrations du 12 mars. Étienne Sinatambou, l’actuel ministre des Affaires étrangères, dit n’être pas au courant d’un quelconque « ajustement » au sein de l’équipe gouvernementale. « Mo pane tane narien », lâche-t-il laconiquement. « J’ai parlé à Vishnu. Il vient de quitter la clinique et il suit un traitement à la  cortisone. Il est souffrant », répond-t-il aux questions relatives à un éventuel départ de son collègue. Vishnu Lutchmeenaraidoo, lui, ne répond pas à son téléphone, étant en convalescence. Ni le leader du MSM, Pravind Jugnauth ou Roshi Bhadain ainsi que les principaux conseillers du Premier ministre. En fait, un black-out est observé sur la communication gouvernementale tandis que les deux alliés de l’Alliance Lepep assistent de loin aux tractations.