L’Association of Chartered Certified Accountants (ACCA), en collaboration avec le Mauritius Institute of Professional Accountants (MIPA), a organisé, lundi 10 juin à Ébène, un « Post-Budget Forum » à la suite de la présentation du Budget national par le ministre des Finances, Renganaden Padayachy. Les discussions ont principalement porté sur les mesures phares et les lacunes dans le Grand oral.
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Pierre Dinan, économiste : «Des mesures visant à augmenter la production locale auraient dû être apportées»
Avant de commenter sur les mesures budgétaires, Pierre Dinan a avant tout partagé quelques chiffres clés et a fait un tour d’horizon de l’économie mauricienne. Le Produit Intérieur Brut (PIB), a-t-il indiqué, atteindra Rs 700 milliards cette année et Rs 800 milliards l’année prochaine. Quant au taux d’investissement, il est actuellement à 24 %. « La dette publique est estimée à Rs 460 milliards à fin juin 2024 et le chiffre devrait grimper à Rs 502,8 milliards à la fin de juin 2025 », a-t-il fait ressortir. Ce qui interpelle l’économiste, c’est le compte courant qui indique que les exportations représentent 49,8 % et les importations 53,2 %. Il a expliqué qu’en tant que petite économie ouverte, il est évident que nos importations soient plus élevées.
« Mais il est grand temps de prendre des mesures correctives visant à accroître nos exportations. C’est ainsi que le pays pourra contrôler l’inflation et attirer plus de devises », a-t-il soutenu.
Pierre Dinan est d’avis que le Budget 2024-25 aurait dû apporter des mesures pour augmenter la production locale et accroître les exportations. « Nous avons déjà les ressources humaines et des ressources marines. Il faut s’en servir de manière efficace », a-t-il déclaré. Par ailleurs, il a avancé que l’effort ne doit pas être fait uniquement au niveau du gouvernement, mais aussi au niveau des entreprises et des individus. Il trouve dommage que rien n’ait été mentionné sur la stratégie africaine dans le Budget. « Il ne faut pas oublier que Maurice fait partie du continent africain tout comme l’Angleterre faisait partie de l’Union européenne. Nous voyons maintenant comment le pays est en train de passer par des difficultés avec sa sortie », a-t-il évoqué.
Concernant la pension qui a été revue à la hausse, Pierre Dinan rappelle que le Fonds monétaire international avait conseillé au gouvernement mauricien de protéger les plus vulnérables. « Cela aurait pu être fait à travers un ciblage, mais rien n’a été dit à ce niveau », a-t-il martelé.
Dheerend Puholoo, Tax Leader chez PWC Mauritius : «Si le CCR Levy est applicable sur le Global Business, les conséquences seront néfastes»
Dheerend Puholoo a accentué son intervention sur les mesures concernant les impôts et la taxation. L’une des mesures qui retient l’attention dans le Budget, selon lui, est l’introduction d’une Corporate Climate Responsibility (CCR) Levy, équivalente à 2 % des bénéfices de l’entreprise. Les sociétés dont le chiffre d’affaires est inférieur à Rs 50 millions seront exemptées de cette contribution. « On doit avant tout attendre le Finance Bill et éventuellement le Finance Act qui vont apporter plus de précisions. Il est encore trop tôt pour savoir si cela sera applicable sur le Global Business, mais si tel est le cas, les conséquences seront très négatives pour l’industrie », a-t-il fait comprendre. Ce dernier avance que le Global Business traverse déjà une phase difficile actuellement en ce qui concerne l’environnement de la taxation. « Ainsi, un prélèvement de 2% additionnel serait un nouveau coup dur », a-t-il expliqué.
Selon lui, la taxation à Maurice a connu pas mal de restructurations depuis quelque temps. « Je pense que Maurice a bien fait jusqu’à présent en termes de taxation. Mais il y a maintenant un besoin d’identifier des secteurs qui seront les prochains pôles de l’économie et de donner des incitations fiscales à ces secteurs », estime Dheerend Puholoo. Il a cité en particulier le secteur de la technologie.
Par ailleurs, il est d’avis que des incitations auraient dû être offertes aux entreprises qui sont à la recherche de main-d’œuvre étrangère. « Le Global Business à Maurice a besoin de compétences étrangères afin de faire face à la concurrence avec d’autres centres financiers internationaux », a-t-il affirmé. Selon lui, afin de créer un écosystème facilitant les affaires, il est important d’offrir des avantages fiscaux aux entreprises.
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