Qu’on le veuille ou non, l’avenir environnemental de notre planète, tributaire de la politique économique mondiale, qui puise elle-même son existence de la croissance à tout prix, se jouera durant ce siècle.
Si, sur le plan écologique, la Banque mondiale prévoit un « probable cataclysme climatique » dès 2060 au cas où aucun consensus n’est trouvé au niveau international – les résolutions du COP 21 de décembre dernier seront-elles réellement traduites dans les faits ? –, sur le plan économique, le président Barack Obama, a même parlé d’« apocalypse ». Il se référait ainsi à la plus grave crise politique de son second mandat qui avait débouché sur le shutdown des services publics en 2014, faute de ressources financières suffisantes pour payer les fonctionnaires.
Ainsi, que ce soit du point de vue écologique ou économique, un constat significatif ne peut être éclipsé : le système d’organisation sociopolitique que nous avons institué demeure très éphémère. La finance et l’économie mondiales ressemblent aujourd’hui à un château de cartes qui peut s’écrouler à tout moment.
Mais qui oserait remettre en cause un tel système dans le but de le pérenniser ? Il est évident que, sans une mouvance globale pour faire bouger les lignes, toute tentative de changement serait vouée à l’échec. Une politique de plafonnement salarial, par exemple, ou un taux de fiscalité à 75 %, comme celui imposé par le gouvernement français sur des revenus dépassant un million d’euros, pourrait ne pas donner les résultats escomptés, car ceux concernés n’ont qu’à franchir la frontière pour bénéficier d’une fiscalité plus souple à l’étranger. Même à Maurice, de nombreux Français sont venus trouver un refuge fiscal.
Par ailleurs, un peu partout dans le monde, un sentiment de ras-le-bol à l’égard de la politique se dégage. En France, justement, l’électorat avait opté pour le changement en mai 2012 mais de changement, à proprement parler, il n’y en a point eu. confronté, ces jours-ci, à une colère sociale montante, le président Hollande bat tous les records d’impopularité pour un chef de l’État français depuis des décennies. Dans de telles circonstances, la montée en puissance de l’extrême-droite populiste n’étonne personne. Le Front National (FN) tétanise gouvernement socialiste et opposition de droite, tous les sondages indiquant que Marine Le Pen sera bel et bien présente au second tour de la présidentielle de l’an prochain. Hormis la France, le phénomène de l’extrémisme gagne du terrain dans d’autres pays européens – l’Autriche, les Pays-Bas, la Grèce... Et la raison est simple : on a tout essayé, rien n’a marché ! Pourquoi alors ne pas tenter autre chose ?
Le paysage politique mauricien également n’est pas épargné de ce sentiment de ras-le-bol, avec la seule différence toutefois que chez nous, aucun autre choix n’est possible. Car les trois principaux partis qui se proclament tous socialistes prônent, dans les faits, le capitalisme à outrance, réléguant le facteur humain à la périphérie du système économique. Et si certains dirigeants politiques continuent de jouir d’une certaine popularité sur l’échiquier, monopolisé depuis l’indépendance par deux ou trois familles qui, aujourd’hui, n’ont plus beaucoup d’arguments à faire valoir, c’est bien à cause du phénomène du communalisme, épine dorsale de notre système électoral. Comme notre football a rendu l’âme le jour où le communalisme en a été amputé, notre politique, de même, perdrait tout son attrait le jour où ce hideux phénomène lui serait enlevé. Mais cette éventualité paraît très improbable, car la soif du pouvoir transcende toutes les autres considérations, même les plus viles et répréhensibles.
D’autre part, eu égard aux grands enjeux de société, notre pays n’a point connu d’avancée significative ces dernières années. Le problème de la précarité et du chômage demeure toujours très brûlant, alors que la criminalité inquiète de plus en plus. Le double meurtre de Camp de Masque Pavé, le 26 février dernier, témoigne d’une dégénérescence sérieuse de notre système sécuritaire. Il est évident que, si le rapport de deux experts français, soumis en 2006, sur l’introduction du système de Juge d’instruction avait été mis en pratique, la confiance du public dans la police n’aurait pas été celle qu’elle est aujourd’hui. De même, de nombreuses affaires demeurant en suspens ces jours-ci, dont celles impliquant l’ex-Premier ministre, auraient connu un dénouement convenable.
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