Bien que le niveau de la dette publique à Maurice suscite des inquiétudes, la question de sa réduction n’est pas suffisamment abordée dans les programmes des partis politiques en cette période de campagne électorale. Telle est l’opinion de nombreux observateurs économiques. Ils déplorent le fait que les propositions populaires sont privilégiées au détriment du défi économique qui est pourtant un sujet majeur.
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L’économiste Takesh Luckho estime que la question de la dette publique dans les débats politiques dépend de divers facteurs. Ceux-ci incluent l’état de l’économie, les priorités immédiates des électeurs et la perception des partis sur la gestion budgétaire.
« Cela pourrait devenir un sujet clé dans les débats, surtout si l’opposition cherche à critiquer la gestion économique du gouvernement en place », fait-il ressortir. Selon lui, les partis d’opposition pourraient se servir de la question de la dette pour attaquer la politique de dépenses publiques et remettre en question la viabilité des mesures économiques prises.
« Cependant, il arrive que les promesses de réduction de la dette soient vagues ou insuffisamment détaillées dans les programmes électoraux », soutient-il. Notre interlocuteur déplore que les partis privilégient des propositions populaires telles que la création d’emplois, l’augmentation des investissements publics ou l’amélioration des infrastructures. Or, ces mesures peuvent parfois aggraver la dette à court terme.
De son côté, l’économiste Ibrahim Malleck note que les partis d’opposition ont abordé la question de la dette. Cependant, il estime que cela ne semble pas être une priorité majeure pour l’instant, surtout pour le gouvernement sortant. « Notre dette publique est l’un des principaux défis économiques auxquels tout gouvernement doit faire face. Une tendance à l’augmentation des remboursements, notamment des dettes en devises étrangères, doit être surveillée de près, car cela peut avoir de graves conséquences pour le pays », avertit-il.
L’alliance de l’opposition a indirectement abordé ce sujet en dénonçant la mauvaise gestion des fonds publics, comme mentionné dans le dernier rapport d’audit. « Cependant, en période électorale, il est difficile pour un parti de s’exprimer ouvertement à ce sujet. En effet, toute stratégie de contrôle ou de réduction de la dette doit d’abord s’appuyer sur une diminution des dépenses. Il s’agit, notamment, les prestations sociales et les coûts de maind’oeuvre, tout en favorisant une économie orientée vers une productivité accrue », soutient notre interlocuteur. Pour lui, s’attaquer à la dette publique exige des sacrifices « et cela ne fait pas gagner des voix ».
RECOMMANDATIONS
Takesh Luckho avance que le prochain gouvernement pourrait réduire la dette publique en adoptant plusieurs mesures clés. Il pourrait rationaliser les dépenses publiques en éliminant les projets non prioritaires et en améliorant l’efficacité des entreprises publiques. « Il y a aussi la diversification de l’économie avec l’accent mis sur des secteurs comme
la technologie, les énergies renouvelables et les services financiers. Cela permettrait d’accroître les recettes », avance-t-il. Une opinion que partage Ibrahim Malleck qui explique : « Il est crucial d’investir dans des secteurs productifs qui apportent une réelle valeur à l’économie. Cela permet de favoriser la croissance, tout en garantissant une utilisation efficace des ressources. À l’inverse, des dépenses excessives dans des prestations sociales ou des aides ponctuelles risquent de peser sur l’équilibre budgétaire sans réellement soutenir la croissance, même si les taux d’intérêt sont en baisse ».
Dette publique : la situation actuelle et les dangers
Les observateurs économiques estiment que la dette publique de Maurice a considérablement augmenté ces dernières années. Cette situation est principalement due à la pandémie de Covid-19 et les mesures économiques prises pour en atténuer les effets. Entre décembre 2023 et juin 2024, selon Ibrahim Malleck, la dette publique a augmenté de Rs 34 milliards, passant de Rs 512 milliards à Rs 546 milliards.
Selon lui, cette tendance est préoccupante, car elle entraîne une augmentation du coût du service de la dette, des fonds qui auraient pu être investis dans d’autres secteurs productifs de l’économie. « Il est important de souligner que c’est l’une des variables surveillées de près par des institutions comme le FMI et Moody’s », fait-il ressortir.
Ibrahim Malleck souligne l’importance de rester vigilant pour éviter que les besoins liés au service de la dette et la part croissante de cette dernière en devises étrangères n’affectent les flux de trésorerie du gouvernement. À moyen terme, cela pourrait avoir des conséquences négatives sur la gestion financière de l’État.
Takesh Luckho, pour sa part, indique : « Une dette publique élevée pose des défis en termes de soutenabilité. En effet, un niveau de dette élevé peut limiter la capacité du gouvernement à investir dans des projets à long terme et rendre l’économie vulnérable aux chocs externes ».
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