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Lancement de Mauritius Society Renewal - «Il faut une véritable révolution pas une révolte»

Mauritius Society Renewal, un think tank mauricien, a été lancé, vendredi 3 mars, à l’Université de Maurice. L’initiative en revient à trois femmes : Roukaya Kasenally, Sheila Bunwaree et Manisha Dookhony. Leur objectif : susciter  un réveil citoyen face aux dérives de la classe politique.

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La mobilisation, vendredi, au Lecture Theatre 2 de ll’Université de Maurice, a été au-delà des espérances des organisateurs du Mauritius Society Renewal (MSR). Les politiciens étaient aux premiers rangs de l’assistance : Arvin Boolell, Osman Mahomed, Patrick Assirvaden, Françoise Labelle sans oublier deux anciens ministres, Rama Sithanen et Amédée Darga. Pourquoi un tel intérêt ? Fallait-il l’attribuer au thème qui ne cesse d’interpeller ? Un ras-le-bol de la classe politique traditionnelle et l’inertie des Mauriciens face à une série d’affaires qui sapent leur confiance en nos institutions ?

Oui, à en croire Manisha Dookhony qui affirme qu’après l’Indépendance, Maurice était parti sur de bonnes bases, avec une classe politique qui avait une vision : l’intérêt du pays malgré des inquiétudes. « Il y avait des aspirations », dit-elle.

Au fil des années, à presque un demi-siècle de la célébration de notre Indépendance, les premières fissures sont apparues dans cet édifice qui semblait solide : la drogue, la corruption, les inégalités sociales qui se creusent, des diplômes inadaptés aux attentes du marché de l’emploi. « Le leadership n’y est plus, de même que la vision. Si le leadership est aussi l’affaire des intellectuels, il doit aussi puiser parmi le peuple. Le MSR a un devoir de créer ce leadership ». Tout au long des exposés, l’accent a été mis sur le devoir des citoyens de s’engager. « Mais nous ne pouvons plus rester les bras croisés, il faut une conscience collective citoyenne à Maurice, avec une vision, des objectifs pour défier le statu quo », dira Roukaya Kasenally.

Si Mauritius Society Renewal veut se fixer ces objectifs, il n’y parviendra qu’avec les citoyens de toutes les générations, tient à nuancer Roukaya Kasenally. Sheila Bunwaree abonde dans le même sens, en insistant sur le fait que le pays va mal et qu’il faut bien que quelqu’un se mouille, tout en appelant à un éveil collectif des Mauriciens. Parmi les intervenants, Cassam Uteem a cité le père de la Constitution indienne et leader des Dalits, le Dr Ambedkar dont le combat est le résultat d’une prise de conscience sur la place des opprimés et la reconnaissance de leur identité dans une société pratiquant l’exclusion. L’ex-président de la République a longuement cité des exemples en Afrique où des progrès sont accomplis par l’engagement citoyen et celui de certaines ONG. À une question d’un étudiant africain lui demandant quel type de rupture souhaitait-elle, Roukaya Kasenally n’a pas hésité à lancer : « Il nous faut une véritable révolution à Maurice, pas une révolte».

Une prise de conscience …

Votre intervention et celle de certains semblaient indiquer que la situation est devenue grave à Maurice ?
Tout à fait, c’est pourquoi je n’ai pas hésité à parler de révolution, car la population n’en peut plus de ces scandales qui secouent le gouvernement, la hausse de la criminalité, l’insécurité. On veut nous faire croire que nous sommes les meilleurs, en nous comparant avec l’Afrique, mais il faut mettre la barre plus haut. Sinon, on se berce d’illusions et le réveil risque d’être brutal.

Que reprochez-vous à la classe politique ?
On ne peut continuer à prendre les Mauriciens pour des électeurs dociles. Et s’ils le font, c’est parce qu’il manque à ces derniers une véritable éducation politique. Cette situation arrange l’affaire de la classe politique.

Est-ce que nos partis politiques sont réfractaires au rajeunissement de leurs dirigeants ?
Pas tous. Je trouve le Parti travailliste en mode réflexion sur la place des jeunes et de leurs idées au sein de ses instances. Je ne désespère pas.

Votre Think Tank peut-il se transformer en une formation politique ?
Chacun fera selon sa conscience, mais cela dit, on évoluera selon les événements. Chacun peut porter le combat au sein des autres partis. Pour le moment, notre priorité, c’est d’amener la population à une prise de conscience, pour qu’elle se traduise en actions. Les Mauriciens en sont capables.

Manisha Dookhony : pour un nouveau leadership au sein du MSR

Manisha Dookhony et Roukaya Kasenally

Un renouveau basé sur le leadership du peuple. C’est ce que Manisha Dookhony souhaite au sein de la nouvelle plateforme Mauritius Renewal Society (MSR). Celle qui s’est associée à Sheila Bunwaree et Roukaya Kasenally pour lancer ce Think Tank espère voir Maurice dirigé autrement.  

« Nous sommes un pays qui progresse certes, mais il y a encore des fléaux sociaux qui affectent notre société. Une nouvelle façon de diriger le pays, basée sur l’intégrité et la moralité, fera progresser le pays ».


Des idées plein la tête

Le lancement de ce Think Tank a aussi vu la participation de panélistes qui sont intervenus lors de deux séances. La première avait pour thème : « The Future We Want ». Six jeunes se sont, à tour de rôle, exprimés sur ce qu’ils attendent de ce pays. Maximilien Chong, co-fondateur de Youth Symposium for Mauritius, lance un appel aux jeunes pour qu’ils apportent le changement qu’ils souhaitent voir dans le pays. « Il y a une idée fausse qui veut faire croire que seuls les politiciens peuvent apporter des changements. C’est faux. Les plus petites idées et actions peuvent apporter beaucoup à la société mauricienne ».

Yashraj Bhudoye a, de son côté, été très critique envers les politiques actuels, soulignant que ces derniers ne font pas leur travail comme il se doit. « C’est un peu de notre faute, car nous leur faisons croire qu’ils ont un travail permanent. Ce qui n’est pas vrai. En tant que jeunes, nous devons réagir et vite. La démocratie à Maurice n’est pas ce qu’elle devrait être. Il y a la culture ‘roderr bout’ aussi. Nous sommes assez sceptiques pour notre avenir. Nous devons, apporter ce changement ».

Angela Lumneh, jeune étudiante du Lesoto, a, elle, axé son intervention sur l’importance de la technologie, du numérique et sur l’émancipation des femmes au sein d’une société qui souhaite un renouveau. Michael Mutie, du Kenya, a parlé du changement climatique qui est « un défi que nous devons aborder ».

Quant à Nicolas Frichot, jeune politicien, il a réclamé « une rupture avec la politique actuelle qui ne fonctionne plus ». Intervenant lors de cette séance, Sehla Dildarkhan soutient que, pour un renouveau, il est important, voire crucial de « lutter férocement contre les abus de drogue qui touchent les étudiants ».

La deuxième séance, intitulée « Voices From The Diaspora », a vu la participation d’intervenants ayant vécu à l’étranger et de ceux qui y vivent encore. Oufkir Budally, qui a vécu en France, demande à la diaspora mauricienne de rentrer au pays, car elle a « beaucoup à offrir quand on parle de changement et de renouveau ».

 

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