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Laïla Neuhausser : « Power Girl » des énergies renouvelables

Dans l’industrie cannière mauricienne où souvent hommes et machines règnent en maîtres, une ingénieure biomasse de 29 ans, Laïla Neuhausser, s’impose et bouleverse les codes établis. Le Dimanche/L’Hebdo vous invite à découvrir le parcours et le métier de cette « Power Girl » des énergies renouvelables à Terragen.

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L’ambiance est électrique en ce mardi 1er octobre. À Belle- Vue Mauricia, à Mapou, les machines vrombissent, tandis que les convoyeurs acheminent la bagasse fraîchement produite de l’usine de production des sucres spéciaux d’Agriterra vers la centrale de cogénération de Terragen pour la production d’électricité. Au volant de son 4x4, l’ingénieure biomasse Laïla Neuhausser nous entraîne dans son univers

Au rythme des machines, nous prenons place avec elle dans une salle de réunion. Cette Française de 29 ans, ingénieure biomasse à Terragen depuis 2019, a un lien particulier avec la nature. Ayant grandi à la campagne, elle a toujours été sensible aux enjeux environnementaux. Diplômée de l’École Nationale Supérieure Agronomique de Toulouse (ENSAT), elle a débuté sa carrière dans la dépollution à Lyon avant de se tourner vers les énergies renouvelables à Maurice.

Qu’est-ce qui l’a amenée au pays ? « Des raisons personnelles », répond Laïla Neuhausser. Une annonce en ligne et la voilà installée sur l’île en 2019, quelques mois avant le début de la pandémie de COVID-19.

Bien qu’elle soit l’une des rares femmes à évoluer dans le secteur énergétique mauricien, Laïla Neuhausser précise que Terragen compte également d’autres femmes qui contribuent au succès de l’entreprise dans des domaines aussi divers que l’administration, la finance et la Qualité, Sécurité et Environnement (QSE), entre autres.

Depuis son arrivée chez Terragen, Laïla Neuhausser est au coeur du projet de valorisation de la paille, lancé en 2015, tout en travaillant activement au développement d’autres filières de biomasse afin de renforcer la part des énergies renouvelables dans la production de la centrale. Son quotidien, qui mêle travail de bureau et interventions sur le terrain, lui apporte une grande satisfaction. « Même s’il y a des tâches répétitives, chaque jour apporte son lot d’imprévus, ce qui fait que rien n’est jamais monotone », confie-t-elle.

En période de récolte, Laïla Neuhausser est sur tous les fronts : elle supervise la bonne coordination des équipes de collecte, gère les relations avec les sous-traitants et s’assure du bon déroulement des opérations. Bien que ce soit sa première expérience dans le domaine de l’énergie, elle ne regrette pas son choix. « Travailler dans une industrie qui a profondément façonné la culture et l’économie de Maurice est incroyable », affirme-t-elle.

Le quotidien de Laïla Neuhausser est rythmé par les saisons de la canne à sucre. Chaque matin, à 7 h 30, en période de coupe, Laïla Neuhausser se plonge dans le coeur de l ’o p é r a t i o n de récolte de la paille. En s'appuyant sur les données de la récolte m é c a n i q u e d'Agriterra, elle ajuste les opérations de collecte et l'utilisation des machines. Ainsi, de la planification à la coordination des équipes, en passant par la gestion de la maintenance des équipements, elle maîtrise l’ensemble de la chaîne logistique. En parallèle, elle gère le développement de projets et collabore avec la Mauritius Cane Industry Authority (MCIA) et d’autres parties prenantes et acteurs locaux, mettant son expertise au service de l’innovation durable.

Organisation, patience et professionnalisme sont ses maîtres mots. Chaque jour, elle jongle avec les imprévus, s’assurant que les opérations se déroulent sans accroc. En dehors du travail, elle trouve un équilibre en pratiquant divers sports. Membre de l’équipe de football Pointe aux Piments Fire City, qui joue la Ligue féminine de la Mauritius Football Association (MFA), elle pratique également la randonnée, le trail et le kitesurf. Si elle n’avait pas choisi la voie de l’ingénierie biomasse, elle révèle qu’elle se serait certainement tournée vers la
protection des écosystèmes et de la biodiversité.

Cinq ans après son arrivée, Laïla Neuhausser constate des avancées significatives. « Nos équipes sur le terrain ont gagné en compétences et en polyvalence », souligne-telle. De plus, elle met en avant l’intégration du bois comme nouveau combustible à la centrale, une étape cruciale dans la transition énergétique.

Son engagement pour l’environnement se concrétise dans l’objectif ambitieux de décarboner totalement la centrale d’ici 2030. « C’est un défi stimulant et une belle opportunité. Nous avons beaucoup à construire, mais nous sommes sur la bonne voie », dit-elle.

En participant à la transition énergétique de notre pays, Laïla Neuhausser inspire les jeunes filles à croire en leur potentiel. Son message : « Ne laissez jamais les stéréotypes vous freiner. L’ingénierie est un domaine d’avenir et vous avez le pouvoir de contribuer à la transformation énergétique. Il faut juste oser… »

À 29 ans, elle incarne parfaitement la femme d’action qui contribue à faire briller la lumière de l’énergie renouvelable. En gérant ses missions avec brio, elle prouve qu’elle est véritablement une « Power Girl » dans son domaine, à Terragen.


Paille de canne : l’odyssée énergétique

Sous la supervision de Laïla Neuhausser, nous observons le ballet mécanique qui se déploie dans les champs de canne en période de récolte, de juin à décembre. Les récolteuses s’avancent, fauchant la canne avec une précision chirurgicale. La paille, libérée, est soufflée en de longues traînées que les râteaux en forme de soleil du tracteur rassemblent en andains parfaits. Ces derniers sont ensuite happés par la presse agricole dite Baler qui les compacte en denses ballots rectangulaires d’environ 450 kilos chacun, prêts à être transportés à la centrale de cogénération de Terragen à Mapou, nous explique-t-elle.

De retour à la centrale de Terragen, Laïla Neuhausser nous dévoile les étapes suivantes : « Une fois que les ballots de paille provenant des champs sont débarqués, un chariot élévateur les dépose sur le circuit paille, où ils sont décompactés, broyés puis mélangés aux résidus fibreux de la canne à sucre : la bagasse, qui provient des moulins d’Agriterra. » Le tout est dirigé vers les chaudières.Là, à plus de 1 000 degrés, ce mélange s’enflamme, produisant une vapeur qui, en actionnant une turbine et un alternateur, génère de l’électricité.

La quantité et la qualité de la paille récoltée dépendent directement du rendement de la canne et de sa variété, précise Laïla Neuhausser. « C’est un élément clé dans la production d’énergie renouvelable.

Nous ramassons 50 % de la paille laissée au champ. C’est environ cinq tonnes de paille collectées par hectare. Pour garantir une collecte efficace, toute  ’opération est entièrement mécanisée. »

 

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