La séparation du MSIRI de la MCIA donnerait des avantages conséquents à certains ex-collègues du ministre de l’Agro-industrie. Ce qui soulève plusieurs interrogations, surtout que le ministre a déjà placé des camarades et anciens collègues à des postes de responsabilité.
Depuis qu’il occupe le portefeuille de l’Agro-industrie, Mahen Seeruttun a procédé à la nomination d’un bon nombre de ses proches et anciens collègues à des postes importants. Parmi, on retrouve plusieurs anciens du Mauritius Sugar Industry Research Institute (MSIRI), où il a travaillé pendant de nombreuses années. Du coup, quand le ministère exprime l’intention de séparer le MSIRI de la Mauritius Cane Industry Authority (MCIA), on commence immédiatement à se poser des questions.
Plusieurs des employés du MSIRI, décrits comme des proches collègues de Mahen Seeruttun à l’époque où il y était secrétaire comptable dans les années 90 jusqu’à sa démission en 2005 pour se porter candidat pour le Mouvement socialiste militant (MSM), ont été propulsés à des postes de responsabilité sous le ministère de l'Agro-industrie. D’autres encore ont la possibilité d’améliorer leur position de manière considérable avec les changements proposés.
Liens de parenté
Parmi, on retrouve le Dr Salem Saumtally, actuel numéro un du MSIRI qui en deviendrait le CEO s’il devenait une compagnie comme le préconise l’ébauche de loi en circulation. Son épouse, le Dr Asha Dookun-Saumtally (également parente de la ministre de l’Éducation Leela Devi Dookun-Luchoomun), en est actuellement la numéro deux. Qui plus est, Salem Saumtally n’est pas loin de l’âge de la retraite…
Des sources qui ont connu l’entourage de Mahen Seeruttun à son passage au MSIRI assurent toutefois que le couple Saumtally serait parvenu à sa position actuelle peu importe l’identité du ministre. « Le Dr Saumtally était la personne la mieux qualifiée quand il a pris la tête du MSIRI en 2013 sous le gouvernement travailliste », fait notamment remarquer un employé de l’institution. Une deuxième source du MSIRI indique : « Le couple Saumtally était déjà dans les bons papiers de Jean-Claude Autrey qui a été directeur de 1997 à 2005. » Les trois ont d’ailleurs collaboré sur un article publié en 2018 intitulé « The development of sugarcane cultivation ».
Ce sont plutôt les plans pour scinder le MSIRI de la MCIA qui causent de l’indignation dans les milieux. « Il faut se demander à quoi cela servira au juste ce qu’on propose pour le MSIRI, explique un autre acteur concerné dans le secteur, c’est le talk of the town au MSIRI, on fait cela pour satisfaire certains égos. »
Le Défi Plus a tenté d’obtenir les commentaires de Salem Saumtally et Asha Dookun-Saumtally sur la polémique, mais ils n’ont pas répondu aux questions que nous leur avons adressées par courriel.
Jean-Claude Autrey, président du Research and Development, Committee de la MCIA
Outre le couple Saumtally, Mahen Seeruttun a procédé à la nomination de bon nombre d’autres anciens collègues du MSIRI à des postes de responsabilité. Dans le cas de Jean-Claude Autrey, qui était directeur au passage du ministre dans l’institution, c’est même un ancien supérieur qui a fait son retour. Jean-Claude Autrey est nommé président du Research and Development Committee de la MCIA en mai 2015. Un geste de reconnaissance de la part du ministre, selon une source : « Quand il perd les élections de 2005, Autrey l'aurait aidé à obtenir un poste de Finance Manager chez Noveprim. C’est un retour d’ascenseur. » Jean-Claude Autrey n’a pas répondu à nos appels et messages pour un commentaire.
Dr Gopal Pillay, président de l’AMB
Le Dr Gopal Pillay, décrit comme « un bon camarade » du ministre, a été nommé à la présidence de l’Agricultural Marketing Board (AMB). Quand il travaillait encore au MSIRI, il était responsable du département d’extension, qui s’occupe beaucoup des relations avec les planteurs. En tant que pathologiste, il a aussi supervisé le programme d’autosuffisance en pommes de terre sous le ministre Faugoo.
Contacté par Le Défi Plus, le Dr Pillay se défend de devoir sa nomination à ses affinités avec Mahen Seeruttun. « Si vous regardez mon CV, vous aurez une idée sur quoi le ministre s’est basé pour me nommer, avance-t-il, je ne vais pas nier qu’on a été collègues, mais je suis persuadé qu’il m’a nommé pour mes compétences. J’ai été membre du Potato Committee et je compte 40 ans d’expérience dans le secteur. »
Dr Ganeshan Seelavarn, CEO du FAREI
Le Dr Ganeshan Seelavarn a opté pour une retraite anticipée avant de postuler pour le poste de CEO au Food and Agriculture Research and Extension Institute (FAREI). Il est également décrit comme étant « très proche du couple Seeruttun ». Il occupait déjà la présidence du jardin botanique de Pamplemousses. Il explique toutefois qu’il a décroché son poste à la suite d'un exercice d’appel à candidatures : « Je tiens à vous informer que j’ai obtenu mon poste actuel après un appel à candidatures et un entretien d’embauche. » Il assure également que son CV justifie son recrutement.
Le beau-frère et le principal agent
Dans le passé, les nominations des proches du ministre ont déjà fait polémique. En octobre 2015, Jugdis Bundhoo, le beau-frère du ministre, est nommé CEO de la MCIA. Il travaillait à la Mauritius Sugar Authority avant la fusion avec la MCIA. Mahen Seeruttun a nié toute intervention dans son recrutement. Il a par contre reconnu avoir recruté son principal agent, Bhagwat Daumoo, pour le poste de General Manager de la Mauritius Meat Authority. Ce dernier est le propriétaire d’une quincaillerie à Grand-Sable et le ministre avait expliqué à l’époque qu’il avait fait du head-hunting plutôt qu’un appel d’offres.
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