À la recherche de ses parents biologiques - Emilie, 24 ans : « Je ne sais pas qui je suis » 

Sans abri pendant deux longues années, Emilie en a connu des difficultés depuis sa plus tendre enfance. Aujourd’hui adulte, elle est toujours perdue. Elle ne sait pas si elle existe officiellement puisqu’elle n’a pas de documents officiels pour confirmer son identité. Elle lance un appel pour retrouver ses parents biologiques. 

Assise sur une chaise au soleil, Emilie est pensive. La tête levée vers le ciel, elle fixe les nuages. Ce n’est point difficile pour elle de faire la conversation et de parler de ses projets. Même si elle est analphabète, elle s’exprime avec aisance et elle semble avoir les idées très claires. Sauf que ceux qui la connaissent expliquent que de temps en temps, elle se renferme. Pendant ces jours sombres, elle ne souhaite voir personne ni parler à qui que ce soit. 

Mais Emilie est consciente qu’elle ne peut plus continuer à vivre sans exister. « Je ne sais pas si j’existe ou pas. Je ne sais pas si j’ai été déclarée ou pas, ni si je dois enclencher ces démarches maintenant », confie-t-elle. Elle précise que les autorités disent que sa maman ou ses parents devraient venir expliquer qu’elle n’a pas été déclarée afin de le faire à présent. 

Or, ses parents, elle ne les connaît pas. « Il se pourrait qu’ils n’aient pas remis mon acte de naissance quand j’ai été placée à la crèche ou que quelqu’un d’autre ait égaré le document », suggère-t-elle. Emilie avait à peine quelques mois quand elle a été placée dans une crèche par les autorités. 

« Selon la personne qui m’a recueillie (qui est décédée aujourd’hui ; NdlR), je suis venue avec le vêtement que je portais, c’est-à-dire une petite robe bleue, des chaussons blancs et un bonnet vert. Il y avait aussi un petit sac en tissu blanc dans lequel il y avait une serviette, un autre vêtement et un extrait de naissance », raconte-t-elle. 

Cet acte de naissance a été utilisé des années durant afin qu’Emilie puisse se rendre à l’école sans que personne ne sache qu’en fait, il n’était pas le sien. Les problèmes ont commencé à surgir quand elle a atteint sa majorité. Au moment d’enclencher des démarches pour obtenir son extrait de naissance, elle a appris que le certificat qu’elle a utilisé pendant tout ce temps n’était pas le sien. « Des officiers m’ont dit qu’une autre personne avait déjà obtenu sa carte d’identité avec le document que j’ai présenté. Les travailleurs sociaux m’ont aidée à la contacter. Nous avons pu nous rendre compte que cet acte de naissance était bel et bien le sien. J’ignore comment il a pu se retrouver dans mon sac », explique la jeune femme. 

S’en est suivie une véritable bataille. « Je me sentais perdue. Je ressentais beaucoup de colère, car cela remettait en question toute mon existence. Il est vrai que je ne connaissais pas mes parents. Enfant, je ne m’étais pas beaucoup posé la question. La donne a changé à l’adolescence. Quand mes amis m’interrogeaient sur mes parents, je disais simplement qu’ils étaient morts », relate-t-elle. Pour enfin exister aujourd’hui, elle doit absolument retrouver au moins un de ses parents biologiques. « Je ne sais pas si ce sera possible, car je n’ai aucune information, hormis les détails sur les vêtements que je portais et ce petit sac en tissu que j’avais à ce moment-là », précise-t-elle. Si pendant deux ans elle a vécu dans la rue, elle explique qu’aujourd’hui, elle souhaite vraiment passer à autre chose. Mais elle se dit consciente qu’elle n’y arrivera pas tant qu’elle ne saura pas la vérité sur sa personne. 

Afin d’encourager ses parents ou un proche à se manifester, Emilie tient à leur adresser le message suivant : « Je n’ai pas de reproches à faire à qui que ce soit. Je ne suis pas là pour pointer du doigt qui que ce soit. Je veux seulement savoir qui je suis. Aidez-moi s’il vous plaît. Même si mes parents ne veulent pas me dévoiler leur identité, je pense que j’ai au moins le droit de connaître mon vrai prénom. » Les démarches administratives sont longues pour la jeune femme. 

Ceux qui détiennent des informations peuvent contacter Le Défi Quotidien via SMS ou WhatsApp sur le 5 256 5154.