Elle n’avait que 14 ans lorsque sa mère a monnayé ses charmes pour rembourser des dettes. Aujourd’hui, âgée de 39 ans, Sheila est mère de cinq enfants. Elle vit dans un vieux garage cédé par un bon samaritain. L’allocation sociale qu’elle perçoit l’aide à peine à subvenir aux besoins de ses enfants. Face à la cherté de la vie, Sheila exerce comme bonne à tout faire dans son voisinage. Récit d’une mère en détresse.
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La pauvreté, Sheila, la côtoie depuis sa plus tendre enfance. Elle ne sait pas si ses enfants auront de quoi manger demain. C’est le lot quotidien de cette habitante de Goodlands. Elle vit, avec quatre de ses cinq enfants, dans un garage qui lui a été cédé par un bon samaritain. « Après le décès de mon compagnon, j’ai été mise à la porte par mes proches. J’errais dans les rues avec mes enfants. Lorsque je suis allée chercher refuge chez ma mère, elle ne m’a pas acceptée. Mes enfants et moi dormions à la terrasse d’une maison appartenant à un habitant de la région. Sur une base humanitaire, ce dernier m’a autorisée à m’installer dans son garage », raconte Sheila.
Aujourd’hui, le propriétaire, selon les dires de la trentenaire, est souffrant et risque de mourir du jour au lendemain. « J’ai peur qu’après sa mort, ses proches me demandent de vider les lieux », dit Sheila, des larmes aux yeux.
Pauvreté et famine
Le garage où habite Sheila respire la pauvreté. Le toit, recouvert de tôle trouée et de bois, fuit comme une passoire à la moindre averse. On y voit trois armoires en piteux état et un lit branlant sur lequel dorment Sheila et ses quatre enfants, âgés entre 6 et 16 ans. Elle dit éprouver toutes les peines du monde à joindre les deux bouts. Elle est confrontée à la pauvreté et à la faim.
« La pension que perçoivent mes enfants scolarisés, soit un montant de Rs 4 000, m’aide à arrondir, un tant soit peu, mes fins de mois. Lorsque je n’ai plus d’argent, j’exerce des petits boulots chez des voisins pour trouver quelque chose à donner à manger à mes enfants », murmure Sheila, qui semble perdue face à ses problèmes quotidiens.
Des fois, elle se réveille aux petites heures du matin pour ramasser du fourrage pour les éleveurs du village, moyennant Rs 250. Elle nettoie la cour des autres pour Rs 50 à Rs 100. Il lui arrive souvent de n’avoir rien à se mettre sous la dent avant d’aller au lit.
Un dépot de Rs 85 000
« Le lieu est inhabitable, surtout pour mes enfants. Lors des grosses averses, on n’arrive pas à fermer l’œil de la nuit. Car l’eau dégouline de partout. J’ai entamé des démarches auprès de la National Housing Development Company pour obtenir une maisonnette. Mais il me faut faire un dépôt de Rs 85 000. Je n’ai pu économiser qu’une infime partie de ce montant », se lamente Sheila, en essuyant ses larmes avec la manche de sa robe. « Je veux trouver un toit pour abriter mes enfants car je ne veux plus me retrouver à la rue. »
Sa situation financière ne lui permet pas de penser à l’avenir. Sheila dit vivre au jour le jour. Elle lance ainsi un appel à l’aide pour qu’on lui fasse dons de denrées alimentaires et de fournitures scolaires pour ses enfants. Elle cherche aussi un emploi dans les régions avoisinantes pour qu’elle puisse subvenir aux besoins de ses enfants.
Une enfance difficile
La vie ne lui a pas fait de cadeau. L’amour parental ou conjugal, Sheila ne l’a jamais connu. Elle a grandi dans un foyer où les parents avaient un penchant pour la bouteille. « Pour une bouteille de vin, ma mère me forçait à travailler chez des gens. Pour rembourser ses dettes, elle m’a une fois vendue à homme âgé. Je n’avais que 14 ans », se souvient Sheila, les yeux rougis tournés vers le sol.
À 17 ans, elle a accouché de sa première fille. « Ma mère m’a mise à la porte lorsque j’ai refusé de coucher avec une autre personne. Je me souviens de cette nuit où il pleuvait des cordes. J’avais dormi à une terrasse regorgée d’eau avec mon premier bébé d’un mois sur le ventre », raconte Sheila.
Aujourd’hui, cette fille est déjà mariée. « J’ai dû me laisser exploiter sexuellement, dans le passé, pour abriter mes enfants. À chaque étape de ma vie, j’ai rencontré des hommes qui ont abusé de moi avant de me laisser à mon sort. Mais je n’ai jamais abandonné mes enfants. Je fais de mon mieux pour leur assurer un meilleur avenir. Ils sont tous innocents », souligne Sheila.
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