Kevin Ramkaloan, directeur de la MTPA : «Quelques améliorations sont nécessaires pour le séjour des Chinois»

Kevin Ramkaloan, directeur de la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA) revient, dans cet entretien, sur les raisons de la croissance des arrivées à Maurice et sur les points à améliorer pour le marché porteur qu’est la Chine.

Qu’est-ce qui explique, selon vous, la croissance des arrivées touristiques ?
La première raison est le contexte international. Les vacances ne sont plus un luxe, mais une nécessité et l’île Maurice répond aux critères que recherchent les vacanciers. Nous sommes une destination sûre, bilingue, culturelle et adaptée à tous les vacanciers. Notre pays a toujours été une destination de rêve. Nous sommes très présents sur nos marchés clés, à travers des campagnes de marketing.

Des touristes viennent à Maurice parce qu’ils sont directement touchés par des campagnes telles que Mauritius 365 qui nous ont permis de connaître une croissance durant l’hiver. Face à la concurrence, nous devons mettre les bouchées doubles sur les marchés émergents tels que l’Inde et la Chine. Nous explorons aussi d’autres destinations telles que les pays scandinaves, l’Europe de l’Est et le Moyen-Orient, qui sont des marchés à fort potentiel.

Les économistes notent que la croissance des dépenses touristiques n’est pas aussi forte que celle des arrivées. Que fait la MTPA pour encourager les touristes à dépenser plus ?
Cette croissance des arrivées en hiver fait que le rendement pendant cette saison est inférieure car de nombreux établissements pratiquent des prix différents. Les cinq pôles de dépenses des vacanciers à Maurice sont le logement, la nourriture, le transport, les loisirs et le shopping. De nombreuses mesures sont actuellement mises en place pour booster ces axes. L’offre shopping sera redéfinie pour mieux cadrer avec les attentes du voyageur moderne et pour mettre en avant les produits artisanaux.

Nous essayons de créer des moyens qui permettront de découvrir ce qui fait l’authenticité de Maurice, notamment les rues de la capitale et les villages qui ne sont pas suffisamment mis en valeur. La richesse culinaire locale va également être valorisée.

Dans le discours du Budget, le Premier ministre a annoncé un rapprochement entre Maurice et le Kenya pour des séjours combinés. Quels en sont les détails ? Pourquoi le Kenya ?
En 2016, la MTPA a lancé des actions destinées à promouvoir les séjours combinés, entre Maurice et l’Afrique. Le but était de miser sur les atouts complémentaires des deux destinations: cumuler l’expérience d’un safari et des plages mauriciennes. Nous avons mis en place plusieurs protocoles d’accord, comme en Tanzanie, pour attirer les touristes venus d’Europe, d’Amérique du Nord ou d’Australie.

Ce modèle qui porte ses fruits va être étendu à d’autres destinations, comme le Kenya qui est un pôle de transit pour les Africains. À travers ce rapprochement et l’Air Corridor, nous pourrons bénéficier d’un afflux de voyageurs africains qui se rendent en Asie et de voyageurs asiatiques souhaitant se rendre en Afrique. Nous travaillons avec Air Mauritius pour des campagnes de marketing et des voyages de presse afin de soutenir ce programme.

Selon l’ancien ambassadeur chinois Li Li, il reste des efforts à faire pour adapter la destination aux attentes des touristes chinois. Que fait la MTPA à cet égard ?
La Chine est aujourd’hui le plus important marché mondial de voyageurs. Il ne faut pas croire que les voyageurs chinois ne nous connaissent pas. Nous avons été élus « Destination préférée des Chinois » en mai 2016. Nous jouissons donc d’une bonne visibilité sur ce marché et notre île correspond à ce que recherchent les touristes chinois. Ils n’ont pas besoin de visa pour séjourner à Maurice et le pays fait aujourd’hui partie du réseau bancaire Union Pay, le plus important en Chine.

L’application de prédilection des touristes chinois est WeChat et nous avons mis en place, avec Mauritius Telecom, une formule prépayée spécifiquement adaptée. Quelques améliorations sont encore nécessaires pour faciliter le séjour des voyageurs chinois.

Nous avons notamment besoin de plus de personnes maîtrisant le mandarin, de même qu’une mise à jour des signalétiques afin qu’elles soient compréhensibles pour les Chinois. Les parties prenantes travaillent de concert afin d’avoir une approche cohérente tant au niveau de l’accessibilité, de la disponibilité des chambres et que de la visibilité pour le marché chinois.