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Kailesh Jagutpal, parlant des hôpitaux : «Un accord avec l’Inde pour l’achat direct des médicaments»

Un centre de dialyse a été inauguré à la Médiclinique de Quartier-Militaire lundi.

Le ministre de la Santé a annoncé un nouvel accord avec HLL Lifecare Ltd pour l’achat direct de médicaments en Inde, visant à éviter les procédures complexes et assurer une fourniture rapide dans les établissements du service de santé publique en cas de pénurie. Il a fait cette déclaration lundi lors de l’inauguration d’un centre de dialyse. 

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Un centre de dialyse a été inauguré à la médiclinique de Quartier-Militaire le lundi 22 juillet 2024. Interrogé sur la question du manque de certains médicaments dans les pharmacies des hôpitaux, Kailesh Jagutpal a répondu qu’il y a des procédures à suivre. « Il arrive parfois que la veille, un fournisseur nous informe qu’il ne peut pas fournir un médicament. Mais nous nous assurons que les médicaments essentiels ne manquent pas à l’appel », a assuré le ministre de la Santé. 

Il a ajouté que de toute façon, une solution a été trouvée : « Nous avons signé un accord avec HLL Lifecare Ltd. Nous pourrons nous approvisionner directement auprès de cette entreprise, qui gère les médicaments du gouvernement indien en cas de manque, sans passer par des procédures complexes. Nous pourrons ainsi obtenir les médicaments plus rapidement. » 

Peu avant, le ministre a parlé de la hausse des prix des médicaments, qui est une tendance mondiale à laquelle Maurice n’échappe pas. Selon lui, plusieurs facteurs expliquent cette hausse : les coûts des matériaux, de fabrication et de transport (fret). 

Il a également précisé que divers fournisseurs achètent et distribuent les médicaments sur le marché mauricien à des prix variés, ce qui impacte les prix finaux. « Le public a néanmoins la possibilité de bénéficier des services gratuits dans les hôpitaux ou de faire le choix d’acheter en pharmacie », a-t-il précisé.

Il a cité, par exemple, le Metformin, disponible en pharmacie pour le traitement du diabète, mais il a ajouté : « Il existe des génériques moins chers, tout aussi efficaces. » Kailesh Jagutpal a affirmé qu’il est important d’éduquer le public à ce sujet, afin qu’il puisse faire des choix éclairés en matière de santé. 

Revenant à l’inauguration de lundi, le ministre a souligné qu’un nombre considérable de patients souffrent de comorbidités, ce qui peut entraîner des complications rénales nécessitant une dialyse. « Nous travaillons pour rapprocher les services de dialyse du public », a-t-il déclaré. Il a précisé que le nouveau centre de dialyse compte cinq appareils et qu’il en aura dix dans un proche avenir, afin de décentraliser ce service de l’hôpital de Flacq.

Le centre de dialyse de l’hôpital Victoria sera transféré à ENT 

Le centre de dialyse de Victoria rencontre des difficultés, notamment en matière d’espace. « Nous avons un projet de transfert vers un hôpital plus moderne avec plus d’espace et d’appareils. Si l’hôpital Victoria dispose d’environ 30 appareils, le nouveau centre en comptera 40, facilitant ainsi l’accès à la dialyse. Les travaux sont en cours et nous espérons que tout sera prêt d’ici la fin de l’année ou au début de l’année prochaine. Le centre actuel de Victoria restera une unité d’urgence pour la dialyse », a détaillé Kailesh Jagutpal. Il a fait ressortir qu’il y a 1 500 patients sous dialyse et que ce nombre est appelé à augmenter.

Cannabis médical

En ce qui concerne le cannabis médical, le ministre de la Santé a expliqué qu’il est déjà disponible sous certaines conditions spécifiques. « Nous attendons des retours des médecins sur les patients potentiellement éligibles. Nous envisageons de revoir les critères et de fournir davantage de formation aux médecins pour l’utilisation thérapeutique du cannabis. Une vingtaine ont déjà été formés et nous prévoyons d’en former davantage », a-t-il souligné.  


Les pharmaciens sceptiques

L’annonce du ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, hier, concernant l’accord signé avec HLL Lifecare Ltd pour l’approvisionnement en médicaments intervient deux jours après la suggestion de Xavier-Luc Duval, en conférence de presse, samedi. « Nous pouvons passer directement par HLL Lifecare Ltd pour obtenir nos médicaments si le gouvernement le souhaite », avait déclaré le leader du PMSD à l’issue de sa rencontre avec le ministre indien des Affaires étrangères Subrahmanyam Jaishankar

Or pour Siddique Khodabocus, de l’association des petits et moyens importateurs de produits pharmaceutiques, et Ashwin Dookun de la Pharmaceutical Association of Mauritius (PAM), c’est une aberration. Selon Siddique Khodabocus, les produits pharmaceutiques se vendent chers à la source et les originaux coûtent indubitablement plus cher que les génériques. Les patients qui consomment les médicaments originaux ne fréquentent généralement pas les hôpitaux publics, lesquels distribuent gratuitement des médicaments génériques principalement en provenance de l’Inde, explique-t-il. 

Pour Siddique Khodabocus, la seule façon d’obtenir des médicaments à un meilleur prix est d’ouvrir le marché à l’importation parallèle. Les médicaments ne sont pas disponibles gratuitement en Inde et les médecins y prescrivent des médicaments génériques, avec des plans de soutien permettant aux patients de les acheter, dit-il. Ashwin Dookun et Siddique Khodabocus citent ainsi le plan de la campagne « Pradhan Mantri Bhartiya Janaushadhi Pariyojana » (PMBJP), visant à fournir des médicaments de qualité à des prix abordables pour le grand public. « Les magasins du PMBJP ont été créés pour fournir des médicaments génériques, qui sont disponibles à des prix inférieurs mais dont la qualité et l’efficacité sont équivalentes à celles des médicaments de marque onéreux », peut-on lire sur le site du gouvernement indien. Ce système ne peut s’appliquer à Maurice selon nos deux interlocuteurs.

Pour le président de l’association des petits et moyens importateurs de produits pharmaceutiques, « la situation est inquiétante ». Il fait aussi comprendre que ce ne sont pas uniquement les médicaments qui se vendent chers, mais aussi tous les produits de consommation et les produits alimentaires, dont les prix ont augmenté. Il se demande si le « Regressive Mark-Up » ne devrait pas également être appliqué à ces produits, comme cela a été imposé pour les produits pharmaceutiques.

Cependant, cette mesure a été un échec, ajoute Ashwin Dookun, président de la PAM. Il affirme qu’aucun gouvernement dans le monde ne pourra faire baisser les prix des médicaments et qu’il faudrait proposer d’autres mesures, notamment des subventions, afin de réduire les prix, comme c’est déjà le cas pour les produits essentiels tels que le gaz ménager et les produits alimentaires. « Au lieu de vouloir réinventer la roue, mieux vaut améliorer le système en place pour l’approvisionnement en médicaments », ajoute Ashwin Dookun. 
Il s’interroge également sur ce qu’il adviendra des importateurs locaux de produits pharmaceutiques si un accord est conclu avec le gouvernement indien pour l’approvisionnement en médicaments. 

« Que va-t-il se passer pour tous ces employés du secteur privé qui travaillent dans le secteur pharmaceutique ? » se demande Ashwin Dookun.

 

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