Journée mondiale des pharmaciens : le silence du ministère, une pilule amère à avaler

Le travail et le rôle des pharmaciens sont de plus en plus reconnus à l’échelle mondiale, notamment depuis la pandémie de COVID-19. Toutefois, ce n’est pas le cas à Maurice, déplore le président de la Pharmaceutical Association of Mauritius (PAM).

Alors que la Journée mondiale des pharmaciens a été observée hier, mercredi 25 septembre, Ashwin Dookun, président de la Pharmaceutical Association of Mauritius (PAM), regrette vivement l’absence de réaction du ministère de la Santé. Il déclare : « Nous ressentons un profond dégoût.» Ashwin Dookun critique le manque de communication et d’initiatives pour marquer cette journée importante pour les pharmaciens, d’autant plus que le thème - « Pharmaciens : répondre aux besoins mondiaux en matière de santé » - met en lumière leur rôle croissant. Il déplore également qu’à Maurice, les pharmaciens, surtout ceux du secteur privé, soient « dévalorisés ». Le président de la PAM souligne que ce silence est encore plus regrettable, car des pharmaciens travaillent aussi dans le secteur public. 

« Dans le monde entier, il y a une intégration accrue des pharmaciens dans les systèmes de santé, tant publics que privés, afin de réduire la pression sur le personnel. Cela tarde à arriver à Maurice », observe Ashwin Dookun. Ce dernier explique que, dans plusieurs pays, les pharmaciens peuvent administrer des injections, comme pour la vaccination, et aussi prescrire des médicaments.

« Le monde évolue, mais ici, nous reculons. Il est dommage que, malgré un thème axé sur la réponse aux besoins mondiaux en santé pour la Journée mondiale des pharmaciens, aucune activité n’ait été organisée à cet égard », déplore-t-il. D’où le sentiment de dégoût exprimé par les professionnels du secteur, affirmet-il.

Ashwin Dookun souligne que les pharmaciens ne sont pas responsables de la hausse des prix des médicaments qui sont déjà élevés à la source. Cependant, selon lui, les autorités ont pris des mesures qui pénalisent particulièrement les pharmaciens du secteur privé. « Pour tous les services que nous avons rendus, notamment lors de la pandémie de COVID-19, en assurant l’ouverture des pharmacies pour permettre à la population d’avoir accès aux médicaments, il n’y a eu aucune reconnaissance du travail accompli », regrette-t-il.

Rôle Essentiel

De son côté, Siddique Khodabocus, président du Pharmacy Council (PC), ajoute que leur rôle est essentiel, car ils ne se contentent pas de distribuer des médicaments, mais offrent également des conseils. « Les pharmaciens peuvent jouer un rôle considérable dans le contrôle des épidémies, comme celle de la COVID-19 », dit-il. C’est pourquoi il plaide pour une diversification des services offerts par les pharmaciens. Des sessions de formation ont ainsi été lancées, avec le soutien de la JSS Academy, pour permettre aux pharmaciens de pratiquer des injections sous-cutanées et d’administrer des vaccins, par exemple. Cela se fait par petit groupe.

À l’avenir, les pharmaciens seront aussi formés aux premiers secours, afin de pouvoir intervenir en cas de crise cardiaque ou d’accident vasculaire cérébral. « Nous les encourageons à saisir ces opportunités pour perfectionner leurs compétences dans le but de renforcer leurs capacités et d’offrir davantage de services aux patients », souligne le président du PC. Selon lui, les pharmaciens auront ainsi l’opportunité de jouer un rôle plus proactif en offrant davantage de services aux patients qui privilégient le secteur privé, bien qu’un système de santé publique gratuit soit disponible en parallèle.

Siddique Khodabocus ajoute que le rôle des pharmaciens évolue pour offrir une gamme de services élargie aux patients, qui doivent se préparer en conséquence. Selon lui, les pharmaciens font face à des situations difficiles pour assurer l’accès aux soins des patients. « Les officines appartiennent aux pharmaciens, mais la santé est pour tout le monde », dit-il.

Le président de la PAM ajoute que les pharmaciens sont un maillon essentiel du système de santé, car ce sont des professionnels formés et qualifiés pour fournir des services de qualité. « Les pharmaciens sont écoeurés par l’attitude du ministère de la Santé, puisqu’ils sont les seuls à ne pas avoir été gratifiés à l’issue de la pandémie de COVID-19, contrairement à d’autres professionnels de santé qui n’ont pas travaillé », affirme-t-il.

Malgré cette situation, il souligne que leur engagement envers la population ne faiblira pas. Il annonce l’organisation d’une activité, en collaboration avec la JSS Academy, le week-end prochain.