Joseph Tsang Mang Kin, figure emblématique de la culture et de la politique mauricienne, est décédé à 86 ans, samedi. Poète, dramaturge, diplomate et ancien ministre, il a marqué de son empreinte la vie culturelle et politique de l’île Maurice.
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Joseph Tsang Mang Kin, figure emblématique de la culture et de la politique mauricienne, est parti sur la pointe des pieds, à l’âge de 86 ans, quelques jours après la victoire électorale du parti qu’il a si longtemps servi, le Parti travailliste (PTr). Sa disparition, survenue le 16 novembre 2024, a plongé le pays dans une profonde tristesse. La crémation aura lieu ce dimanche 17 novembre, à Chebel, à 14 heures.
Poète, dramaturge, diplomate et homme politique, Joseph Tsang Mang Kin était un homme aux multiples facettes. Son œuvre riche et diversifiée, qui reflétait l’identité multiculturelle de Maurice, était animée par un profond désir de réforme et d’engagement pour les jeunes générations. Il a eu une longue carrière marquée par son engagement en faveur des droits démocratiques et du progrès culturel. En tant que ministre des Arts et de la culture, il a laissé une empreinte indélébile sur le paysage culturel mauricien, notamment en créant la Bibliothèque nationale, la Galerie nationale d’art et le Musée d’histoire. Il avait également occupé le poste de ministre de la Fonction publique.
Figure incontournable de la scène internationale, Tsang Mang Kin a représenté Maurice avec brio au sein de l’Union africaine et a œuvré sans relâche pour le rayonnement du pays. On le surnommait « Le Mauricien de trois continents », grâce notamment à son parcours exceptionnel, qui l’a mené des rives de la Chine à celles de l’Afrique, en passant par l’Europe.
Né en 1938 d’une famille hakka de Meixian, en Chine, Joseph Tsang Mang Kin, diplômé en sciences politiques, a servi au ministère des Affaires étrangères, où il a débuté sa carrière comme diplomate. Entre 1967 et 1986, il a exercé en France et en Belgique. Entre 1988 et 1990, il est Deputy Director of the Commonwealth Foundation ; 1991-1996, secrétaire général du PTr ; 1996-2000, ministre des Arts et de la Culture. Reconnu pour son immense contribution à la société mauricienne, il est fait, en 2011, Grand Officer of the Order of the Star and Key of the Indian Ocean (G.O.S.K.).
Sur le continent africain, Joseph Tsang Mang Kin a joué un rôle de premier plan. En 1991, il est honoré par le Sénégal, qui lui a décerné l’Ordre du Lion. Entre 2013 et 2021, il devient membre de l’African Union African Peer Review Mechanism Panel (Advisor to Al Assi of Egypt). En 2023, il cofonde la Global Foundation in Africa.
En Europe, il a contribué à la promotion de la culture chinoise et a été reconnu pour son travail par les autorités chinoises. En 1983, Joseph Tsang Mang Kin est fait président d’honneur de l’International Institute of Hakka Studies. Entre 2009 et 2011, il est Visiting Lecturer on Comparative Civilization studies at Meixian University. Entre 2005 et 2013, il participe à des conférences organisées par le ministère de la Culture chinois et obtient le Brillance of China Award pour sa contribution à la culture chinoise.
Le Défi Media Group présente ses sincères condoléances à sa famille et à tous ceux qui l’ont connu.
David Tsang Man Kin, son frère : «Il aimait la vie»
Onzième d’une fratrie de 12 enfants, David Tsang Man Kin se souvient de son aîné, Joseph, comme d’« un homme qui aimait la vie. Il ne fumait pas, mais adorait son whisky ». Son frère était père de trois enfants, dont un fils qui se trouve en Angleterre. « Il ne pourra malheureusement pas assister à la crémation. » Joseph Tsang Man Kin, poursuit-il, « était un homme joyeux et cultivé. Il avait été à l’origine de l’accord de Lomé, qui avait permis un prix préférentiel pour notre exportation de sucre vers le marché international à travers le marché commun ».
Patrick Assirvaden, président du PTr : «C’était un homme de culture»
Pour le président du PTr, le décès de Joseph Tsang Man Kin laisse un vide pour le pays. « Il était connu pour être un homme de culture. Il avait été secrétaire général du PTr et connaissait la culture chinoise du bout des doigts. Il a été un haut fonctionnaire, brillant dans son approche, et il commandait le respect. Maurice perd l’un de ses fils les plus brillants. »
Eliézer François : « Je perds un ami d’enfance »
« J’ai appris avec tristesse la mort de Joseph Tsang Man Kin. Il était mon ami d’enfance, de jeunesse et de l’âge d’or. Je le considérais comme un frère. Il avait toute sa lucidité. C’était un homme lettré, un diplomate, un philosophe, un poète. Il avait toujours été un admirateur de SSR et de son fils, Navin Ramgoolam. Il est parti au mauvais moment car, par ses compétences, il aurait pu être nommé à un poste important. »
Lindsay Noé, son ancien conseiller : «Il a pu voter et voir le tsunami»
Lindsay Noé a été le conseiller de Joseph Tsang Man Kin quand il était ministre des Arts et de la culture. « Joseph et moi étions très proches depuis mon retour d’Australie. En 1995, il m’avait proposé de présenter ma candidature, mais ma femme avait des hésitations et Joseph m’avait remplacé par Jean-François Chaumière », raconte-t-il.
Lindsay Noé affirme que Joseph Tsang Man Kin et lui avaient une osmose intellectuelle. « J’avais été nommé président de la Mauritius Film Development Corporation sous son ministère. Et en 2013, lorsqu’il avait été invité pour une cérémonie de récompense en Chine, il m’avait demandé de l’accompagner à Beijing. »
Joseph Tsang Man Kin venait de lancer son livre, Moralite pas rempli ventre, à SoFlo, il y a quelques jours, ajoute-t-il. « Il a pu voter dimanche et voir le tsunami, avant de tirer sa révérence. Je le regrette beaucoup. »
Son dernier ouvrage : Moralité pas rempli ventre
Joseph Tsang Mang Kin avait lancé son dernier livre, intitulé Moralité pas rempli ventre, le lundi 4 novembre dernier. Cet ouvrage propose une réflexion profonde sur la gouvernance et l’évolution politique de l’île Maurice. L’ancien ministre y examine notamment l’autoritarisme et les dynamiques politiques ayant marqué le pays, en s’appuyant sur des faits historiques et des expériences personnelles. L’auteur se penche sur l’impact des réformes politiques et constitutionnelles, initiées dès 1983, qui ont, selon lui, modifié les fondements de la démocratie mauricienne.
Dans Moralité pas rempli ventre, il met en lumière le parcours politique de Maurice tout en interpellant les générations actuelles et futures sur l’importance d’une gouvernance éthique et juste. Ce livre fait partie d’une trilogie qui offre un aperçu réfléchi et véridique de l’histoire contemporaine de Maurice, comprenant également Les Malheurs des 60-0 et le prochain ouvrage CHACHA, avant et après l’indépendance.
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