Députée du MMM, Joanna Bérenger s’est engagée en politique pour contribuer à la transformation de notre société. Parlementaire et candidate aux prochaines législatives, elle répond à nos questions.
Vous nous racontez votre parcours en politique ?
En 2010, j’ai intégré une branche du régional dans la circonscription n°16 du MMM en tant que simple militante, mais avec la force de mes convictions. J’ai aussi participé à la Jeunesse Militante et j’ai été élue secrétaire en 2018. J’ai fait campagne pour le parti en militante de terrain tout au long de ces années, y compris pour les élections générales, municipales et l’élection partielle de 2017. Par la suite, j’ai rejoint le comité central à travers une élection en 2018, et je suis aujourd’hui au Bureau politique, étant députée. Je suis aussi présidente de la Commission Développement Durable.
Qu’aimez-vous dans la politique ?
Je dirais que ce sont les échanges d’idées, que ce soit sur un plateau radio, au Parlement ou sur le terrain. J’aime aussi l’idée d’apporter ma contribution à une société meilleure, tout comme le colibri transporte sa goutte d’eau pour éteindre le feu de forêt. En interne, j’apprécie particulièrement la culture du débat au sein du MMM. Les amitiés solides que j’ai nouées avec des militants de tous âges et de tous horizons me tiennent aussi beaucoup à cœur. La culture du débat, les discussions franches et le soutien mutuel sont, pour moi, une source de grande satisfaction en politique.
Comment parvenez-vous à faire entendre votre voix ?
Je partage et je m’exprime beaucoup à travers les réseaux sociaux, mais aussi lors des conférences de presse, à travers les questions parlementaires et les discours au Parlement, ainsi que sur le terrain et à travers les rencontres dans les forums auxquels je suis invitée.
De qui tenez-vous ce trait de caractère ?
L’indignation, le militantisme ou l’engagement politique ne sont pas un trait héréditaire. Le goût de l’engagement vient d’abord et avant tout d’un constat que chacun peut faire de l’état actuel du pays. C’est à tout un chacun de faire le choix de son engagement.
Tout est politique. L'engagement reste important, peu importe son degré pour réaliser un changement. Faire le choix de trier ses déchets est un acte militant, tout autant que défendre un projet de loi pour la mise en œuvre du recyclage des déchets à Maurice.
Pour mériter son ticket, une candidate doit être « une femme de terrain » ?
Qu’il s’agisse d’une femme ou d’un homme, il est effectivement important que la personne qui souhaite briguer les suffrages pour représenter les électeurs d’une circonscription soit proche d’eux et comprenne les difficultés qu’ils rencontrent, ce qui lui permettra de proposer des solutions.
Quel est votre avis sur la question du quota pour une meilleure représentation féminine en politique ?
Si je m’inspire d’Elizabeth Badinter, les quotas ne sont pas une bonne chose, car cela signifierait que les femmes seraient incapables d’accéder au pouvoir par elles-mêmes. Cela dit, le contexte mauricien est particulier et je pense que des quotas aideraient à créer des opportunités pour les femmes. C’est dans cette optique que le MMM avait proposé que le quota de 1/3 instauré pour les élections municipales soit également applicable pour les élections générales. Malheureusement, notre proposition a été rejetée. Cela dit, des changements légaux demeureront cosmétiques si les mentalités n’évoluent pas en parallèle.
Le MMM montre-t-il l’exemple ?
Je souligne que pour montrer l’exemple, le MMM a inclus la parité dans son comité central depuis 2016. Chaque comité régional est représenté par un homme et une femme. Nous l’avons fait dans l’aile jeune également parce que nous pensons qu’une meilleure représentation des femmes dans les instances décisionnelles ne fera qu’avancer la lutte pour la parité.
Certaines voix s’élèvent pour affirmer que les femmes candidates doivent non seulement bénéficier d’un quota, mais aussi démontrer des compétences particulières. Qu’en pensez-vous ?
Cela dépend de quelles compétences vous parlez. Si vous parlez des compétences d’empathie envers le public, de compréhension des maux qui rongent notre société et de force de proposition pour y remédier, oui ces compétences sont primordiales. Mais elles ne le sont pas plus pour les femmes que pour les hommes !
Dans votre parcours, avez-vous rencontré des obstacles spécifiques en raison de votre genre ?
La tenue des travaux parlementaires la nuit n’est pas aisée à concilier avec les responsabilités familiales. Dans une société encore empreinte d’une mentalité patriarcale, les femmes étaient jusqu’ici beaucoup plus impliquées dans l’éducation des enfants que les hommes, qui eux étaient beaucoup plus nombreux à s’engager en politique. Ce n’est pas une coïncidence si les « règles » mises en place par eux leur sont plus bénéfiques qu’aux femmes. Mais, les « règles » doivent changer si nous voulons atteindre la parité. J’avais aussi demandé, en 2020, que le Parlement donne l’exemple et propose les services d’une « crèche » pour tous les employées et parlementaires.
Je dirais aussi que faire campagne en étant enceinte n’a pas été facile. Ensuite, après l’accouchement, j’avais choisi d’allaiter, mais je n’avais aucun endroit pour retirer mon lait ou allaiter mon bébé au Parlement. La « clerk » de l’Assemblée me prêtait gentiment son bureau pour que je puisse retirer mon lait toutes les 3 heures, et le lait retiré était gardé dans le frigo de la cantine, derrière les Sprite et Coca, car après quelques heures mon « Cool box » ne refroidissait plus suffisamment.
Le problème ne se serait pas posé s’il y avait la possibilité de bénéficier des services d’une « crèche » sur place. Si je n’avais pas eu le soutien d’une autre femme, j’aurais certainement été obligée d’arrêter l’allaitement.
Dur d’être une « Bérenger » ?
Plus généralement, quand je me suis jetée dans l’arène, il y avait aussi le fait de porter le nom « Bérenger ». Quand on porte le même patronyme que celui qui dirige le parti, on fait face à des procès d’intention parfois inévitables. Je ne me suis pas engagée en politique pour un poste.
Une meilleure représentation féminine au Parlement contribuerait à améliorer la gouvernance et les politiques publiques à Maurice ?
Les femmes s’impliquent activement pour préserver l’environnement face au réchauffement climatique et à la perte de la biodiversité. C’est le grand combat du siècle. Peut-être s’impliquent-elles davantage à ce niveau, parce que les études montrent que le changement climatique affecte les plus vulnérables en premier, et les femmes en font partie en raison de facteurs culturels et socio-économiques. Les statistiques montrent aussi que les femmes sont davantage dans l’action et pas assez dans les lieux de réelle décision alors qu’elles doivent faire partie des réflexions, des solutions écologiques. L’élection de davantage de femmes est donc cruciale pour l’avenir de l’humanité.
Les femmes incarnent un autre type de leadership ?
Les femmes gouvernent autrement et la crise de la COVID-19 l’a bien démontré. La gestion de cette pandémie exige des qualités de communication, de clarté et d’empathie. D’ailleurs, une étude britannique publiée fin juillet 2020 par le Forum économique mondial a conclu que « les résultats sont systématiquement et significativement meilleurs dans les pays dirigés par des femmes » lors de la première vague de l’épidémie. Ces meilleurs résultats s’expliquent par la différence de leadership, la rapidité dans la prise de décision, associées à une certaine humilité, à une grande transparence et à beaucoup de pédagogie.
Quel message souhaiteriez-vous adresser aux jeunes Mauriciennes qui hésiteraient à s’engager en politique ?
C’est lorsque nous aurons plus de femmes en politique que les règles du jeu, établies principalement par des hommes, changeront et que les décisions prises au plus haut niveau profiteront véritablement à toutes et à tous. Donc, engagez-vous, mesdames !
Il est essentiel de normaliser la présence des femmes dans la sphère politique. Si nous représentons plus de la moitié de la population, pourquoi ne serait-il pas logique d’être représentées proportionnellement dans toutes les sphères de la société ? Je pense que les règles du jeu changeront lorsque nous serons tous convaincus que le progrès pour la femme signifie le progrès pour la société, et lorsque les femmes seront aussi représentées que les hommes.
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