Israël a annoncé l'intensification de ses frappes sur la bande de Gaza en préparation d'une invasion terrestre de l'enclave palestinienne, où la situation humanitaire est "catastrophique" et les hôpitaux débordent de blessés, selon l'ONU.
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"Dès aujourd'hui nous allons augmenter les frappes" sur la bande de Gaza, a prévenu samedi le général Daniel Hagari, porte-parole de l'armée israélienne, le but étant selon lui de "réduire les risques pour nos forces dans les prochaines étapes" du conflit.
Israël s'est juré d'anéantir le Hamas au pouvoir dans la bande de Gaza, depuis l'attaque du mouvement islamiste le 7 octobre sur son territoire.
"Nous allons entrer dans Gaza, nous allons le faire pour un but opérationnel, détruire les infrastructures et les terroristes du Hamas, et nous allons le faire de manière professionnelle", a affirmé samedi lors d'une revue des troupes le chef d'état-major israélien, le général Herzi Halevi.
Plus de 1.400 personnes ont été tuées sur le territoire israélien par les hommes du Hamas depuis le 7 octobre, en majorité des civils fauchés par balles, brûlés vifs ou morts de mutilations au premier jour de l’attaque des combattants du mouvement islamiste palestinien menée à partir de Gaza, selon les autorités israéliennes.
Dans la bande de Gaza, au moins 4.385 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans les bombardements incessants menés en représailles par l'armée israélienne, selon le ministère de la Santé du Hamas.
L'armée israélienne a massé des dizaines de milliers de soldats aux frontières de ce territoire exigu où vivent 2,4 millions de Palestiniens. Une opération terrestre s'annonce périlleuse dans cette ville surpeuplée, truffée de pièges mortels et de tunnels, et face à des combattants du Hamas aguerris qui détiennent toujours plus de 200 otages israéliens ou étrangers.
"Gaza est complexe, Gaza est densément peuplé, l'ennemi y prépare beaucoup de choses, mais nous nous préparons aussi pour lui", a prévenu le général Halevi. "Et nous garderons en tête les photographies et les images, ainsi que les morts d'il y a deux semaines".
Famille décimée
A six kilomètres de la frontière avec Gaza, le kibboutz de Beeri, où les commandos du Hamas ont massacré au moins 100 personnes le 7 octobre, se prépare à de nouveaux enterrements dimanche.
"Je ne suis pas certain qu'un seul d'entre nous soit en mesure d'assimiler et de comprendre ce qui s'est passé", raconte Romy Gold, un ancien parachutiste de 70 ans, qui s'apprête à assister aux funérailles de cinq membres d'une même famille.
"Il nous faut l'assurance que cela n'arrivera plus", dit-il, "et ce n'est pas le sentiment que nous avons".
Selon l'armée israélienne, environ 1.500 combattants du Hamas ont été tués dans la contre-offensive ayant permis à Israël de reprendre le contrôle des zones attaquées.
Israël a ordonné le 15 octobre aux civils du nord de la bande de Gaza de fuir vers le sud du territoire pour se mettre à l'abri de ses bombardements contre le Hamas.
Mais les frappes se poursuivent aussi dans les parties méridionales du territoire. Les autorités du Hamas ont ainsi fait état de neuf morts lors d'une frappe aérienne à Khan Younès dans la nuit de samedi à dimanche.
Selon l'ONU, au moins 1,4 millions de Palestiniens ont été déplacés depuis le début du conflit, et la situation humanitaire dans l'enclave est "catastrophique".
"Le temps est compté avant que les taux de mortalité ne montent en flèche en raison de l'apparition de maladies et du manque de capacités en matière de soins de santé", ont averti samedi cinq agences de l'ONU dans un communiqué conjoint.
Soumise à un blocus israélien terrestre, aérien et maritime depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007, la bande de Gaza est placée depuis le 9 octobre en état de "siège complet" par Israël qui y a coupé l'eau, l'électricité et l'approvisionnement en nourriture.
Samedi, un convoi de vingt camions transportant de l'aide humanitaire est entré dans l'enclave depuis l'Egypte par le poste-frontière de Rafah, la seule issue de la bande de Gaza qui ne soit pas contrôlée par Israël, et qui a été à nouveau fermée ensuite.
Mais selon le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), ces vingt camions n'équivalent qu'à 4% des importations quotidiennes de Gaza avant le début des hostilités, et au moins 100 camions par jour sont nécessaires pour améliorer la situation.
Au moins 42% des logements de la bande de Gaza ont été détruits ou endommagés depuis le début du conflit, selon l'OCHA.
Raid en Cisjordanie
Depuis le 7 octobre, des dizaines de personnes ont aussi été tuées en Cisjordanie occupée, par l'armée israélienne ou des habitants des colonies.
L'armée israélienne a affirmé dimanche avoir tué, lors d'une frappe aérienne, des "terroristes" qui s'abritaient dans un souterrain de la mosquée Al-Ansar de Jénine, en Cisjordanie.
Le directeur du Croissant-Rouge de Jénine, Mahmoud Al-Saadi, cité par l'agence de presse officielle palestinienne Wafa, a déclaré qu'une personne avait été tuée et trois autres blessées lors de la frappe.
Selon l'armée israélienne, qui a mené l'opération cojointement avec le service de renseignement intérieur israélien, la mosquée servait de "centre de commandement pour planifier des attaques" à venir et de "base pour leur réalisation".
Autre foyer de tension, le nord d'Israël, où les échanges de tirs se multiplient entre l'armée israélienne et le Hezbollah pro-iranien, allié du Hamas et basé dans le sud du Liban.
Le Hezbollah a annoncé samedi que quatre de ses combattants avaient été tués. Israël a de son côté indiqué que trois soldats avaient été blessés par un tir de missile antichar, dont l'un grièvement.
Tant du côté israélien que du côté libanais, les villes proches de la frontière se vident de leurs habitants, qui craignent un embrasement. Selon les autorités libanaises, près de 4.000 personnes ont afflué depuis le sud du pays vers la ville côtière de Tyr et on trouvé refuge dans des écoles publiques ou chez leurs proches.
"Ce qu'on voit à la télévision, les massacres qui ont lieu à Gaza, les enfants, ça nous brise le cœur", déclare Moustafa el-Sayyed, 53 ans, parti avec ses deux femmes et ses onze enfants de Beit Lif, un petit village situé à moins de six kilomètres de la frontière avec Israël.
"Si je n'avais pas eu peur que cela nous arrive, je n'aurais pas quitté ma maison", lâche-t-il.
© Agence France-Presse
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