Indicateurs : l’inquiétude grandit autour de l’épargne nationale

Le taux de l’épargne nationale s’élèvera à 11 % du Produit intérieur brut (PIB) cette année, prévoit Statistics Mauritius. Un pourcentage que les observateurs économiques jugent « trop bas » et « inquiétant ». Ils espèrent que le nouveau gouverneur de la Banque Maurice prendra des mesures pour rectifier le tir l’an prochain.

En cette fin de décembre, Statistics Mauritius livre ses prévisions pour l’épargne nationale. Ainsi, le taux tournera autour de 11 % cette année, soit le même taux qu’en 2016.
« Dans les années 2000, l’épargne nationale s’élevait à plus de 25 % du PIB. Aujourd’hui, on a un taux historiquement bas. Et la baisse du taux directeur au mois de septembre n’a pas arrangé les choses car c’est un mauvais signal envoyé aux épargnants », commente Eric Ng. Ces données, selon le directeur du Cabinet PluriConseil, indiquent que les Mauriciens consomment plus qu’ils n’épargnent. « Nous avons donc une économie largement basée sur la consommation.

Ce qui est mauvais car on a besoin d'épargne pour financer les investissements privés et publics. Or, une épargne faible et insuffisante rend le pays dépendant des investissements étrangers », explique l’économiste. Une inquiétude que partage Suttyhudeo Tengur, président de l'Association pour la protection de l'environnement et des consommateurs (APEC). Car, pour lui, « qui dit baisse de l’épargne, dit moins de développement ».

L’introduction du salaire minimal encouragera-t-elle, toutefois, les Mauriciens à épargner davantage ? « Non ! Tant que le taux à l’épargne restera bas et peu favorable, la situation n’est pas propice à l’épargne », a souligné Suttyhudeo Tengur. Eric Ng abonde dans le même sens : « Je ne crois pas que les Mauriciens épargneront plus car les prix sont en train d’augmenter. D’ailleurs, la récente hausse des prix du carburant va éponger la compensation salariale que recevront certains automobilistes l’an prochain. »

Pour Suttyhudeo Tengur, la seule façon d’inverser la tendance est de revoir à la hausse le taux d’intérêt. « Nous espérons que le nouveau gouverneur de la Banque de Maurice, qui a une très longue expérience, sera en une meilleure position pour augmenter le taux d’intérêt en vue d’inciter les gens à épargner », a-t-il fait ressortir.

Eric Ng estime aussi qu’une hausse du taux d’intérêt doit être à l’agenda de la Banque de Maurice en 2018. « L’inflation risque de dépasser la barre de 4 % l’an prochain. Ce qui rendra le taux d’intérêt réel largement négatif et découragera davantage les épargnants. La Banque de Maurice devrait augmenter le taux d’intérêt au cours du deuxième semestre de l’année », a conclu l’économiste.

Évolution du taux de l’épargne nationale

Source : Statistics Mauritius.

Les taux à l’épargne pratiqués par certaines banques