Incivisme : un mal à éradiquer

Les gens ne se soucient plus de l’état des lieux publics qui devraient faire la fierté du pays. Les terrains vagues sont transformés en dépotoirs. Des ordures et toutes sortes d’immondices sont partout. Malgré l’action d’associations, des autorités, des citoyens et des ONG, la situation ne s’améliore pas. 

Le 15 septembre, le monde a célébré la World Clean Up Day, une journée pour rappeler la responsabilité citoyenne concernant les déchets. Il est important d’acheter de manière responsable et d’éviter le superflu. C’est ainsi que le taux de déchets sera diminué et un gros problème de gestion sera évité.

Des autobus sont transformés en poubelle

Dans le secteur du transport, les chauffeurs déplorent le comportement de certains passagers qui prennent les véhicules pour des poubelles.
« Je crois que le phénomène est ancré dans les mœurs. À force de faire certaines choses, la personne finit par croire que c’est normal. Je suis conducteur et malgré les affiches, les gens salissent le bus. Peau de banane, coques de cacahuètes... », fait observer Vimal Beechook, un chauffeur de bus individuel.  

 L’enjeu du vivre ensemble doit primer dans le milieu scolaire 

Les élèves sont auteurs de violentes manifestations comme le vagabondage dans la cour de l’école, les insultes, le non-respect du matériel, des enseignants, etc.

Une enseignante d’un établissement scolaire privé témoigne que les situations difficiles dans le milieu scolaire sont souvent dues au manque d’éducation civique et morale.

« Beaucoup de parents pensent que l’école est une garderie où on doit tout montrer aux enfants. Or, l’éducation d’un enfant se fait à la maison. Les premiers professeurs sont les parents et la famille. Les profs s’assurent de l’éducation académique. Nous ne sommes pas responsables des mauvaises habitudes, de l’indiscipline, etc. », fait-elle ressortir. 

« L’enjeu du vivre ensemble devrait primer dans un établissement scolaire : étudiants, enseignants, administration et parents. Les étudiants ne sont plus ce qu’ils étaient auparavant. Même les enseignants ont changé, à cause des parents et des étudiants qui peuvent s’en prendre à eux », ajoute-t-elle. 

Ibrahim Koodoruth, sociologue : « Il faut un changement de mentalité »

L’incivisme continue de gagner du terrain. Qu’est-ce qui explique cela, selon vous ? 
Ce n’est plus une question de mauvaise habitude, mais plutôt de mentalité. On ne cesse de faire des campagnes concernant les dangers que cela peut engendrer. Il y a aussi ce manque d’éducation sur l’utilisation de l’espace public.

Cet égoïsme que tout le monde assume. Chez moi, je sais comment me comporter, mais dès que je mets les pieds dehors, cela devient le problème du gouvernement.  

Peut-on dire que la société mauricienne est malade ?
Définitivement. La perte des valeurs ancestrales est visible à travers les actes des gens. Les générations passées avaient appris à respecter les autres et l’environnement, mais pas celle d’aujourd’hui. Personne ne se sent concerné par ses actes. Les trottoirs font office de parking, alors qu’ils sont destinés aux piétons, les coins de rue sont confondus avec des poubelles. Les insultes dans les transports publics et le non-respect du code de la route… La liste est longue.

Comment lutter contre ce fléau ? 
Un changement de mentalité est nécessaire. Il y a un gros travail à faire, mais si chacun y met du sien, c’est possible. Il y a un sentiment d’inégalité. Le traitement n’est pas le même pour tous. La compétition prône sur les plans éducatif, économique et social. Chacun avance à son rythme et doit faire un travail personnel sur lui et adopter les bonnes habitudes.