Le délai pour démarrer la construction d’un hôtel Sheraton sur 30,3 arpents de plage à St-Félix expire dans un mois et demi. Le promoteur Clear Ocean Hotel and Resort Ltd n’a pourtant fait aucune demande pour une licence EIA. Il n’a pas non plus encore fait de démarches pour un permis de construction. Au ministère du Logement et des terres, on parle de résilier le bail.
Il est peu probable que l’hôtel 5-étoiles de Sheraton voie le jour sur les Pas géométriques de St-Félix. À un mois et demi de l’expiration du délai imposé au promoteur Clear Ocean Hotel and Resort Ltd (COHRL), dont la date butoir est fixée au 30 juin, ce dernier n’a encore fait aucune demande pour un nouveau permis Environmental Impact Assessment (EIA) au ministère de l’Environnement. Lorsqu’on sait que celui-ci prend au moins trois mois pour étudier une requête et qu’il faut ensuite entreprendre des démarches pour un Building and Land Use Permit auprès du conseil de district, il semble extrêmement difficile pour COHRL de respecter le délai imparti.
Pour corser l’affaire, Boutique Grand Surface Co. Ltd, qui est un des deux actionnaires de COHRL, fait l’objet d’une procédure de dissolution. Le second actionnaire, Pelangi Resorts Holding Ltd, qui détient 70 % des actions de COHRL, a 20 de ses subsidiaires en processus de dissolution au niveau du Registrar of Companies depuis mars dernier. Comme pour Boutique Grand Surface Co. Ltd.
COHRL elle-même a fait face à deux demandes de mise en liquidation : l’une en 2017 et l’autre en 2018. Dans les deux cas, elle a pu trouver un accord avec le créancier. BH Property Investment Ltd lui réclamait Rs 6 177 267,22 pour des loyers impayés. La société sœur de COHRL, qui devait construire un hôtel 5-étoiles aux Seychelles, est également en liquidation depuis le 7 mars dernier. Cet établissement devait occuper Long Island.
Si, mardi, le ministre du Logement et des terres Mahen Jhugroo s’est montré prudent sur le dossier à l’Assemblée nationale, au niveau de son ministère, on confirme attendre la fin du délai, qui arrive à échéance le 30 juin, pour reprendre le bail. On précise aussi qu’étendre une nouvelle fois le délai est hautement improbable. À l’Assemblée nationale, Mahen Jhugroo a déclaré qu’une fois « le délai atteint, nous consulterons le State Law Office pour décider de la marche à suivre dans l’intérêt de ce gouvernement ».
Pour Yan Hookoomsing, membre d’Aret Kokin Nou Laplaz, « le gouvernement est dans l’obligation de reprendre le bail ». « Il faut que ces Pas géométriques soient de nouveau proclamés plage publique », insiste-t-il. Le terrain de 30,3 arpents avait perdu son statut de plage publique en 2016 sur décision du ministère du Logement et des Terres.
Du côté du promoteur, c’est silence radio. Nos demandes de renseignements auprès de Miranda Meyer-Hartzenberg, la cheville ouvrière et actionnaire de COHRL, sont restées lettre morte. Sur son profil LinkedIn, celle-ci se présente comme Managing Director de Pelangi Hotel & Resorts. Elle précise sur le site qu’elle a déjà développé un « Vacation Club Resort » à Maurice avec sa compagnie. On ne trouve, cependant, aucune trace de cet hôtel.
Bail sur les Pas géométriques à St-Félix : une saga qui dure depuis 13 ans
Le 10 octobre 2006, le ministère du Logement et des Terres accepte de sacrifier 30,3 arpents de Pas géométriques, qui faisaient partie de la plage publique de St-Félix, pour permettre à un promoteur privé d’y ériger un hôtel 5-étoiles. Treize ans plus tard, le terrain est toujours vierge, exception faite d’un barrage qui tombe en décrépitude. Celui-ci a été installé l’année dernière par l’actuel promoteur, qui est, lui aussi, sur le point de perdre son bail.
Le premier détenteur du bail sur le vaste terrain était Midas Acropolis Co. Ltd, une société incorporée le 26 juillet 2006 et qui n’avait aucune expérience dans l’hôtellerie. Deux mois et demi plus tard, soit le 10 octobre 2006, elle obtient son bail pour les 30,3 arpents. La clause 5(ii) de son contrat stipulait qu’elle devait débuter la construction de son hôtel de 288 chambres sous un délai de 18 mois à compter du moment où le bail serait signé et en terminer la construction dans les 36 mois suivant la signature. Or, en septembre 2015, soit neuf ans plus tard, Midas Acropolis rend son bail.
Un an plus tard, enter Clear Ocean Hotel and Resorts Ltd (COHRL), qui, elle non plus, n’a d’expérience dans l’hôtellerie. Cette entreprise décroche un bail sur la même portion de plage que celle qui avait été allouée à Midas Acropolis. Elle promet d’ériger un hôtel Sheraton de 5-étoiles pour Rs 12 milliards. Nous sommes alors le 3 novembre 2016. Alors que le bail de Midas Acropolis était sur une durée de 19 ans, renouvelable quatre fois tous les 10 ans, COHRL reçoit le terrain pour 60 ans avec la possibilité de renouveler le bail. Le bail expire le 2 novembre 2076.
Tout comme dans le cas de Midas Acropolis, le ministère du Logement et des Terres se montre particulièrement flexible avec COHRL. D’abord, elle hérite du permis Environmental Impact Assessment (EIA) de Midas Acropolis, alors que son projet n’est pas le même. Le 12 septembre dernier, le ministère de l’Environnement lui réclame finalement un nouvel EIA, car le projet est complètement différent de celui pour lequel le bail avait été octroyé. En effet, il s’agit maintenant de construire un établissement hôtelier de 583 chambres. C’est ce que confirme le ministre du Logement et des Terres Mahen Jhugroo en répondant, mardi dernier, à une question parlementaire du député travailliste Ezra Jhuboo.
Puis, bien que l’article 3(a) de son bail lui impose de démarrer la construction le 6 novembre 2017, le ministère approuve la demande de l’entreprise d’étendre le délai au 8 janvier 2018. Un autre délai lui est ensuite accordé. Cette fois, la nouvelle date butoir pour ouvrir le chantier est fixée au 30 juin de cette année-ci. Le premier coup de pioche n’a pas encore été donné.
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