L'augmentation substantielle des coûts du fret des conteneurs en provenance d'Asie depuis le 15 mai, suscite des inquiétudes quant à ses répercussions sur l'économie mauricienne. Les observateurs mettent en garde contre une hausse des prix des produits importés et une pression inflationniste, affectant ainsi le pouvoir d'achat des consommateurs et la compétitivité des entreprises.
Depuis le 15 mai, une augmentation significative, soit entre 100 et 146 % des coûts du fret des conteneurs en provenance d'Asie, est applicable. Cette hausse des tarifs de fret risque d’avoir des répercussions sur les consommateurs mauriciens et sur l’économie mauricienne dans son ensemble. Les observateurs tirent d’ailleurs la sonnette d'alarme quant à une flambée des prix des produits importés à l’avenir.
L’observateur économique Imrith Ramtohul affirme qu'il faut s'attendre à ce que les prix augmentent, car les importateurs voudront maintenir leurs marges bénéficiaires. « Nous devrions également tenir compte de l'impact de l'appréciation du dollar. L'intention sera généralement de répercuter les coûts plus élevés sur les consommateurs », explique-t-il. Claude Canabady, secrétaire de la Consumers’ Eye Association, abonde dans le même sens. « Cette hausse des coûts du fret va avoir sans doute une implication négative sur le budget du consommateur, car c’est le consommateur qui paie les conséquences au final », dit-il. En effet, il avance que l’augmentation du fret va passer à travers une chaîne, c’est-à-dire transitaire – importateur – revendeur et le dernier maillon est le consommateur. « C’est toujours le consommateur qui paie les pots cassés. Avec la roupie qui perd en valeur et un dollar croissant, la note va être salée », déplore-t-il.
Conséquences sur l’économie
Imrith Ramtohul souligne que des tarifs du fret plus élevés impliquent des coûts de transport plus élevés qui peuvent donc entraîner une hausse des prix pour les consommateurs. « Cela peut contribuer à des pressions inflationnistes, réduisant ainsi le pouvoir d'achat des consommateurs », dit-il. D’autre part, poursuit-il, il pourrait également y avoir une demande accrue des substituts moins chers. Cette augmentation du fret, affirme l’observateur économique, pèsera également lourd sur les entreprises. « Elles peuvent constater une réduction de leurs marges bénéficiaires avec des coûts des intrants qui seront plus élevés », soutient-il. En effet, il explique que les entreprises qui importent des matières premières (telles que les entreprises textiles) peuvent avoir à supporter des coûts du fret considérablement plus élevés par rapport à leurs concurrents internationaux. « Cela affectera leur compétitivité sur le marché international. Elles pourraient perdre des parts de marché et donc observer une baisse des exportations », déclare l’observateur économique.
Pour sa part, Claude Canabady estime que les implications sur l’économie dépendront de la stratégie économique que le gouvernement va adopter. « Le budget nous en dira plus. Les conséquences sont évidentes à moins que le ministre des Finances trouve un moyen pour remplir les caisses du gouvernement », fait-il comprendre. Selon lui, les coûts des importations qui sont déjà énormes vont encore augmenter et la dette publique subira en conséquence le même sort.
Ces recommandations visant à atténuer l'impact négatif des coûts de fret
Afin de minimiser les impacts des augmentations du fret, nos interlocuteurs proposent les solutions suivantes :
Produire localement
Imrith Ramtohul est d’avis qu’il faut produire localement lorsque c’est possible. « Cela aidera le pays à économiser sur les coûts du fret plus élevés », soutient-il. Claude Canabady abonde dans le même sens. Il est d’avis qu’en produisant localement, la dépendance sur les produits importés qui coûtent de plus en plus cher peut être réduite.
Renforcer la collaboration avec les fournisseurs de fret
Selon nos interlocuteurs, Maurice doit négocier davantage avec les fournisseurs, car cela pourrait entraîner des prix du fret plus bas. « Une collaboration au niveau régional, notamment dans l’océan Indien, pourrait aider », disent-ils.
Négocier des accords commerciaux
Imrith Ramtohul est d’avis que Maurice peut également négocier des accords commerciaux afin de réduire les obstacles, les tarifs et les barrières non tarifaires. « Une telle mesure pourrait, dans une certaine mesure, atténuer l'impact négatif des coûts du fret plus élevés », fait-il ressortir.
Introduire des subventions additionnelles sur les produits de base
Claude Canabady explique que, comme toujours, le consommateur n’aura pas d'autres choix que de se serrer la ceinture. « Revoir ses dépenses à la baisse sera peut-être une solution », dit-il. Toutefois, il avance que le gouvernement devra trouver de nouveaux moyens pour soulager le consommateur. « Une façon de le faire est d’introduire des subventions additionnelles sur les produits de base », propose-t-il.
Un soutien à ceux dans le besoin
Le secrétaire de la Consumers’ Eye Association est d’avis que face à la cherté des produits importés, le gouvernement peut accorder un soutien financier à ceux au bas de l’échelle, leur permettant ainsi de subvenir à leurs besoins. « Toutefois, cela doit passer par un ciblage bien défini afin de s'assurer que l’aide soit accordée à ceux qui le méritent vraiment », appuie-t-il.
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