Après huit années de bataille juridique, Rayan Brette (15 ans), victime d’un accident en 2010 et handicapé à vie, obtient réparations. La cour a sommé le conducteur et l’assurance de dédommager l’adolescent à hauteur de Rs 10 millions.
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« Li pa kapav fer nanye. Mo bizin koz ek li kouma enn tibaba. Zis so nom ki li konpran »
La justice a fini par triompher. Telle est la réaction de Sheila Brette, la mère de Rayan, après l’annonce du jugement rendu par la juge Véronique Kwok Yin Siong Yen, jeudi 15 mars. Fatiguée et soulagée, Sheila Brette indique que ces huit dernières années n’ont pas été de tout repos. « Nous nous sommes bien battus au cours de ces dernières années. Nous avons beaucoup souffert. Je tiens à remercier Dieu qui nous rendu justice », dit-elle d’emblée.
Sheila Brette, qui habite L’Amitié, Rivière-du-Rempart, raconte qu’elle a dû être au four et au moulin. « Je devais m’occuper de Rayan, alité. Il dépend entièrement de moi. D’autre part, je devais me rendre régulièrement en cour dans le cadre du procès que nous avons intenté. Ainsi, lorsque je devais me présenter en cour, je me réveillais à 5 heures afin de préparer le repas. Je devais ensuite trouver quelqu’un pour veiller sur Rayan. J’ai beaucoup souffert et c’était stressant », affirme-t-elle.
Rayan en cour
Sheila Brette ne compte plus ses va-et-vient entre sa demeure et Port-Louis. « D’ailleurs, à deux reprises, j’ai dû emmener Rayan avec moi en cour. La première fois, c’était parce que je n’avais pu trouver quelqu’un pour veiller sur lui et la deuxième fois, je voulais que la juge constate de visu que Rayan grandissait d’année en année, malgré son handicap. « Zordi Rayan enn garson bien bati e li pe kontigne pran groser ek longer », soutient notre interlocutrice.
Néanmoins, Rayan, qui aura 15 ans le 9 mai, reste entièrement dépendant de ses parents. « Li pa kapav fer nanye. Mo bizin koz ek li kouma enn tibaba. Zis so nom ki li konpran », poursuit-elle.
Se remémorant le jour de l’incident, Sheila Brette indique que la plaie est encore ouverte. « Je préfère ne pas me rappeler de cet événement éprouvant. Mo latet fermal. Mo prefer pans le prezan ek lavenir. Mais en tant que mère, cela m’attriste. Surtout que ce n’était pas de la faute de Rayan », souligne-t-elle. Même si Sheila affirme avoir pardonné au chauffeur, elle reste néanmoins aigrie. « Mo pardonn, me mo pa kapav blie. Mo ankor ena mo soufrans », dit-elle.
La journée de Sheila Brette débute très tôt, à 5 h 15. Elle s’affaire au nettoyage jusqu’à 7 heures, l’heure à laquelle elle réveille Rayan. « Je lui donne son bain, lui change sa couche et je lui donne son lait. S’ensuit sa session quotidienne de physiothérapie. J’ai dû retenir les services d’une dame qui m’aide à m’occuper de Rayan. Elle arrive à 8 h 30 et prépare le déjeuner. « Me la, mo panse mo bizin pran enn deziem dimoune parski tanto oussi ena boukou travay », indique-t-elle.
Les sorties pour la famille Brette sont très rares. Et pour cause. Ils habitent à l’étage et ce n’est pas évident de déplacer Rayan. « Nou pa sorti mem, apar mo amen li so rande-vou lopital de fwa par mwa. So papa vinn ek nou. Parfwa nou amen li lamer pour fer lexercis dan delo, pou larg so ban misk », ajoute Sheila Brette.
Notre interlocutrice est d’avis que son fils avait un avenir brillant devant lui. « Li ti bien malin e sa nou finn remark sa depi ki li ti dan maternel », précise-t-elle. Rayan fréquentait l’école Bhewa Madhu de Rivière-du-Rempart et était en Standard II lorsque le drame s’est produit. Elle raconte que le van scolaire chargé de récupérer le petit l’avait oublié à l’école. « Rayan a alors pris le bus pour rentrer à la maison. Il est descendu à l’arrêt à Mon-Loisir. C’est alors qu’un van l’a percuté », poursuit-elle.
Sa mère raconte que la Noël précédant l’accident, Rayan avait demandé un camion avec des figurines de sapeurs-pompiers. « Il m’avait dit que ce serait son métier pou ki li kapav sov bann dimoun an difikilte. Mo bien sagrin ki li pa pou resi realiz so rev », conclut Sheila Brette, qui tient à remercier tous ceux qui ont aidé et soutenu la famille dans les moments difficiles.
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