Plus de 150 hypermarchés et supermarchés ont pignon sur rue à Maurice. Bien que le marché ne compte que 1,2 million de consommateurs, le secteur est loin d’être saturé. Plusieurs ouvertures sont prévues cette année. En parallèle, certaines grandes surfaces prévoient d’agrandir leurs magasins.
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Nous sommes à Quatre-Bornes, en face de l’hôpital Victoria. En ce mercredi 22 février, il y a plus d’effervescence que d’habitude dans la rue principale. Celle-ci est liée à l’ouverture du 21e supermarché de Winner’s.
Fort de ses 1 500 mètres carrés de surface de vente, il a nécessité un investissement de Rs 150 millions. Il comprend un foodcourt, un parking pouvant accueillir 140 véhicules et une petite succursale de la Mauritius Commercial Bank.
Toutefois, ce n’est pas la seule ouverture prévue par Winner’s cette année. En octobre, la chaîne de supermarchés ouvrira son 22e magasin à Rose-Belle dans un centre commercial qui en en construction.
Évolution du nombre de grandes surfaces
En dix-sept ans, le nombre de grandes surfaces a augmenté de 307 %. 117 hypermarchés et supermarchés ont, en effet, ouvert leurs portes durant cette période.
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Du côté de Dream Price, l’expansion est également le maître-mot. L’enseigne ouvrira ce mois-ci son 22e supermarché sur la route Royale, à Beau-Bassin. Un projet qui a nécessité une injection de capitaux de Rs 50 millions.
« Cette année, nous comptons ouvrir trois autres supermarchés dans d’autres régions où nous ne sommes pas encore présents (NdlR : la direction préfère ne pas dévoiler à ce stade les lieux où se situeront les supermarchés pour une question de stratégie) », annonce Nooreza Fauzee, directrice financière à Dream Price.
Environnement dynamique
Savemart, qui compte cinq supermarchés dans le pays, ouvrira également ses portes dans d’autres régions cette année. « Nous dévoilerons les sites en temps et lieu », indique Asvin Bokhoree, le directeur de Savemart.
Chez Value Maxx, des ouvertures figurent aussi à l’agenda. « Dans l’immédiat, nous prévoyons de rénover tous nos six magasins cette année », explique Ibrahim Mulla, manager de Value Maxx.
Chez Way, on est également en mode rénovation. Pour cause, le London Way, basé à Vacoas, sera agrandi. Les travaux, qui sont en cours, s’achèveront cette année.
Ces ouvertures et ces rénovations démontrent que le marché est loin d’être saturé. « Il y a des parts de marché à prendre dans certaines régions, principalement dans les villages », explique Ibrahim Mulla.
Avis partagé par Asvin Bokhoree : « Il y a de la place. Il faut juste cibler le segment. S’il y a des opportunités dans les villages, il en existe également en ville quoiqu’en régions urbaines, il y a un souci de parking, de permis ou encore de disponibilité de bâtiment. »
Il attribue également l’expansion du secteur au fait que « le Mauricien dispose d’un certain pouvoir d’achat, contrairement à ce qui se dit sur le sujet. C’est indéniable que le niveau de vie du Mauricien s’est amélioré année après année ».
Ce qui a, selon Asvin Bokhoree, poussé les enseignes à se positionner de plus en plus. Du coup, ajoute-t-il, les consommateurs ont aujourd’hui de meilleurs produits.
« Ils ont aussi une plus grande liberté de choix pour des articles à des prix compétitifs et accessibles à tous, que ce soit en ville ou dans les villages. » En constante expansion, les grandes surfaces cherchent constamment de nouveaux relais de croissance en prônant une stratégie de diversification géographique.
Les principales enseignes du pays
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Les tribulations des petits opérateurs
Qui dit plus d’enseignes, dit plus de compétition, surtout pour les petits opérateurs. « Si auparavant les grandes enseignes limitaient leur présence dans les centres-villes, elles pénètrent même les faubourgs aujourd’hui. Elles sont tellement profitables qu’elles peuvent se permettre une stratégie d’expansion », souligne Santosh Ramnauth, porte-parole de la Shop Owners Association.
Résultat : « Les activités des boutiques du coin ont chuté de 50 % à 75 %. C’est la vente des boissons alcoolisées qui leur permet de se maintenir à flot », ajoute le porte-parole.
Azad Noorally, porte-parole de Masters Express, qui regroupe 16 supérettes, y va également de son commentaire : « Le nombre de commerces a augmenté alors que le marché est restreint. Ce qui fait que les parts de marché sont très divisés, rendant ainsi la compétition très féroce. » Pour Azad Noorally, les grandes surfaces ont un avantage sur les supérettes, car elles bénéficient de facilités d’achat à crédit avec les fournisseurs. « De cette manière, elles n’exposent pas leur capital alors que nous autres, les supérettes, devons acheter nos produits cash », souligne-t-il.
Selon DCDM Research : 9730 points de vente alimentaires dans le pays
Combien d’hypermarchés, de supermarchés, de boutiques du coin et d’autres points de vente alimentaires compte-t-on à Maurice ? Quelle est l’enseigne la plus populaire auprès de la population ? Nous faisons le point à partir d’une série d’études de DCDM Research.
29 enseignes d’hypermarchés et de supermarchés
Sur un total de 9 730 points de vente alimentaires (hypermarchés, supermarchés, supérettes, boutiques, tabagies, cold storage, etc), on compte 29 enseignes d’hypermarchés et de supermarchés à Maurice. Ces 29 enseignes représentent 155 points de vente.
Winner’s, l’enseigne la plus fréquentée par les Mauriciens
42 %de la population disent fréquenter Winner’s qui est l’enseigne principale ou secondaire pour effectuer leurs achats. Dream Price arrive en deuxième position et Super U occupe la troisième marche du podium.Source : DCDM Research, Veille des brochures promotionnelles (janvier 2017), Retail Census 2000 et 2015 et Tracking Distribution 2T2016 (600 personnes de 15 ans et plus interrogées chaque mois).
Nicolas Kan Wah, Manager de London Way : «Le nombre de supermarchés augmentera durant les cinq prochaines années»
Certes, il y a des fermetures dans le secteur de la grande distribution. Mais ces cas isolés ne sont nullement liés à une quelconque saturation du marché. C’est ce que tient à faire ressortir Nicolas Kan Wah, manager de London Way.
Le marché de la grande distribution est-il arrivé à saturation ou y a-t-il encore de la place ?
Il y aura toujours un renouvellement de dispositifs dans le secteur, que le marché soit saturé ou pas. Le nombre de supermarchés et d’hypermarchés continuera à augmenter durant les cinq prochaines années. Nous sommes encore loin du stade où il n’y a pas assez de place pour tout le monde. Par contre, il faudra s’attendre à des fermetures du côté du commerce traditionnel. Des emplacements se libéreront. Ce qui poussera les grandes surfaces à prendre ces parts de marché.
Outre la concurrence, quels sont les facteurs sous-jacents à la fermeture des commerces traditionnels ?
La raison principale derrière la fermeture des commerces traditionnels est qu’il y a un problème de succession. Ces opérateurs n’ont pas de relève. Il y a aussi ceux qui ferment car ils n’arrivent pas à grandir et à faire face à la compétition. Il y a également des cas de fermeture qui sont liés au fait que les opérateurs ont mal calculé leur stratégie. Toutes ces fermetures ne sont donc nullement liées à une quelconque saturation du marché.
Est-il exact de dire que la concurrence est devenue plus rude dans le secteur ?
Quand un compétiteur se rapproche d’un autre opérateur, ce dernier enregistre un manque à gagner au niveau de son chiffre d’affaires. Avec l’expansion que connaît le secteur, les opérateurs se retrouvent de plus en plus avec des marges plus compétitives et plus serrées.
Quid des consommateurs ? Sur ces dix dernières années, comment ont évolué leurs habitudes d’achat ?
Les Mauriciens consomment plus qu’il y a dix ans, malgré tout le débat autour de leur pouvoir d’achat. On note aussi que durant ces dix dernières années, leur niveau de vie s’est nettement amélioré. Ce sont d’ailleurs les consommateurs qui sont à l’origine de l’expansion des supermarchés et hypermarchés. Ils cherchent de plus en plus des commerces one-stop shop qui sont spacieux avec un large choix de produits et de facilités telles que les espaces de parking.
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