Leur rêve : intégrer l’unité d’élite du Groupe d’intervention de la police mauricienne. Pour ce faire, ils doivent répondre à plusieurs critères et passer les tests, constitués surtout d’une série d’intenses épreuves physiques et mentales. L’exercice de sélection a débuté lundi. Nous avons assisté à cinq séances d’entraînement, qui se déroulaient jusqu’ici dans le plus grand secret.
Ils étaient 53 jeunes éléments de la Special Mobile Force (SMF) qui souhaitaient franchir un autre palier dans leur carrière. Ils se sont présentés, lundi 23 mai, à l’exercice de sélection pour intégrer le Groupe d’intervention de la police mauricienne (GIPM), unité d’élite qui intervient dans les cas les plus extrêmes. Mais deux d’entre eux se sont désistés avant le début même des épreuves visant à déterminer leurs aptitudes.
C’est dire que les épreuves auxquelles sont confrontés ces jeunes ne sont guère de tout repos. Entre les différents exercices physiques et les exercices de tir, en passant par la petite traversée dans la chambre à gaz, les candidats jouent leur va-tout pour décrocher le fameux sésame qui leur ouvrira peut-être les portes du GIPM.
L’exercice de sélection a duré cinq jours. Pour la toute première fois, le GIPM a accepté d’ouvrir ses portes pour nous montrer comment se déroulent ces épreuves dites secrètes. Le Défi Plus a assisté aux cinq jours d’entraînement pour savoir comment se passe cette étape de présélection.
Lundi 23 mai (1er jour): « Rien à voir avec l’entraînement à la SMF »
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"18080","attributes":{"class":"media-image wp-image-30768 alignright","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"400","height":"240","alt":"Groupe d\u2019intervention de la police mauricienne"}}]]53 jeunes de la Special Mobile Force, de 21 à 25 ans, sont déjà dans le Diamond Hall au quartier général du GIPM. 8 heures : premier briefing avec les moniteurs et le responsable du GIPM, l’assistant-surintendant de police (ASP), Pascal Pulchérie. Si rien n’est dit sur les épreuves, les responsables font cependant comprendre qu’ils ne leur feront pas de cadeau. Ils préviennent que l’exercice n’a rien à voir avec les entraînements à la SMF. À la fin du briefing, un moniteur demande si certains souhaitaient abandonner. Deux d’entre eux font signe qu’ils ne poursuivront pas la route. Ils quittent la salle… Le test débute avec 5 kilomètres à parcourir. Les aspirants-commandos doivent couvrir cette distance en moins de 22 minutes. Le meilleur chrono est de 19 minutes, et la moyenne est de 25 minutes. Direction maintenant la salle de gym. Là, c’est un véritable parcours du combattant. Ils doivent grimper à la corde à la seule force des bras, avant d’enchaîner avec une série d’exercices (barre fixe, abdos et pompes). Il leur en faut accomplir 100 au minimum. Et ce n’est pas tout. Les candidats se dirigent ensuite vers la piscine de la SMF. Sous une pluie battante, ils font huit longueurs du bassin qui fait 25 yards. Cette étape franchie, les jeunes sont appelés à plonger pour récupérer une brique au fond de la piscine d’une profondeur d’environ deux mètres. Après avoir récupéré la brique, ils doivent rester trois minutes en surface sans s’agripper aux rebords de la piscine. Une étape cruciale pour déterminer s’ils peuvent rester en surface même en situation de fatigue extrême. Nous notons que quelques-uns ne savent pas nager. Ce n’est vraiment pas un problème pour le moment. Les moniteurs veulent voir comment ils vont réagir dans de telles situations. Un vrai test mental. Des commandos sont dans l’eau pour assurer leur sécurité. Puis, chacun à son tour se dirige vers une jetée de 4 mètres de haut. Les mains et les pieds ligotés, ils se jettent à l’eau et nagent d’un bout à l’autre. Si certains ont réussi, d’autres ne feront qu’un quart des 25 yards et, d’autres ont « coulé ». Ils ont été sortis de l’eau par les commandos. Le test aquatique prend fin avec un tour de la piscine en apnée. À l’issue de cet exercice, trois autres candidats abandonnent. Ils prennent la porte de sortie. Puis, c’est l’heure de la pause. Après 15 minutes, un dernier parcours physique attend les candidats, soit la tyrolienne. Ils doivent passer d’un bâtiment à un autre en se cramponnant à une corde. Un candidat marchera sur une corde. Ce qui lui vaudra le courroux des commandos. « To kraz lakord ? Sa mem sov lavi dimounn ! To bizin ena respe ! » Pour cette malencontreuse erreur, le jeune candidat a dû faire des pompes en guise de punition. Cette première journée prend fin vers 17 h 00.Mardi 24 mai (2e jour): La chambre à gaz
Les aspirants commandos se pointent devant le bureau. Personne n’est au courant de l’épreuve prévue en ce 2e jour. Direction, la cour de la SMF où cinq bergers allemands les attendent. Muni d’équipements de protection, chaque candidat doit faire face aux chiens. Il doit garder son sang-froid. Tout le monde réussira l’épreuve. Place maintenant au « parcours du bâtiment ». Chaque candidat doit escalader un bâtiment en passant sur les corniches. Le premier candidat ne fera que la moitié du parcours en raison du mauvais temps. La présence de mousse sur le toit poussera le moniteur à reporter l’épreuve. Après le déjeuner, direction le camp d’entraînement de tir de la SMF à Midlands. Une épreuve cruciale attend nos aspirants commandos : la chambre à gaz. Du gaz lacrymogène concentré est lancé dans un couloir assez étroit. Le premier candidat y pénètre avec son masque à gaz. Une fois à l’intérieur, les commandos le mettent en situation de stress. Nous suivons le groupe, muni d’un masque. Tout de suite, le masque à gaz est enlevé et le candidat doit pouvoir respirer et surtout rester concentré. Ce qui est presque impossible. Il doit répondre à des questions et donner son nom, son matricule et son adresse. Un supplice pour ces jeunes qui vomiront presque tous leur repas. Certains décident d’abandonner. Bien qu’ils aient été dans un état second, personne n’a eu besoin des soins médicaux. À noter la présence d’une ambulance lors de chaque épreuve. Après quelques exercices physiques, les candidats se dirigent vers un cours d’eau. Ils doivent ramper dans l’eau boueuse et traverser deux tunnels. Ces épreuves terminées, tout le monde se dirige vers le bus de la SMF pour rentrer au quartier général. La journée prend fin.Mercredi 25 mai (3e jour): «Pleurs»
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"18081","attributes":{"class":"media-image alignleft wp-image-30769 size-full","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"400","height":"528","alt":"Groupe d\u2019intervention de la police mauricienne"}}]]La journée commence par la assault course. Une épreuve pas trop compliquée. Ils doivent traverser des obstacles en béton, passer sous des barbelés etc.… Des entraînements usuels de militaires. Ils sont chronométrés. Les candidats rentrent ensuite à la Mobile Wing de la SMF, les quartiers du GIPM. Ils se dirigent vers l’armurerie. Il est interdit de prendre des photos. Sécurité oblige… On prend la direction du champ de tir de Midlands. Premier test : tirer avec le fusil M16 d’une distance de 100 mètres, et 2e test : tirer avec un revolver automatique d’une distance de 5,10 à 15 mètres. Les candidats réaliseront une performance moyenne. « Nous ne nous attendions pas à des tireurs d’élite à ce stade, mais ils doivent avoir au moins la notion. On verra après qui sont les meilleurs tireurs », confie un membre du GIPM. Le chemin du retour est parsemé d’embûches. Les candidats passent par le tunnel, alors que du gaz lacrymogène est lancé en leur direction. Puis, revolver en main et leurs yeux irrités par le gaz, chaque candidat doit tirer sur la cible, alors que des grenades assourdissantes sont lancées. Cela, pour voir leurs comportements dans des moments de tension et de stress. Lors de cet entraînement, l’un d’eux subira une déchirure musculaire à la jambe. Contraint à abandonner le groupe, c’est en pleurs qu’il quitte les lieux. Fin de cette journée.Jeudi 26 mai (4e jour): «Le courage de se jeter à l’eau»
La journée débute avec le parcours d’audace. Chaque candidat doit se servir d’une corde pour escalader un bâtiment de trois étages. Nos aspirants commandos doivent ensuite se laisser descendre en rappel avant de remonter sur une échelle. Puis, ils traversent un bassin en rampant sur un poteau. En sortant, chaque candidat escalade un dernier bâtiment sur un tuyau. Direction ensuite le pont de Réduit pour d’autres épreuves d’escalade, de rappel et de tyrolienne, entre autres. Nous nous tenons à 20 mètres de hauteur. Ces épreuves sont déterminantes pour savoir qui sont ceux qui ont peur de l’altitude, de l’eau profonde et qui sont ceux qui ont les bras et les jambes solides pour grimper jusqu’au sommet du pont. Les candidats doivent descendre en rappel avant de se jeter à l’eau. Avant le début de l’épreuve, un candidat annonce qu’il allait jeter l’éponge. Il craque, pleure à chaudes larmes, mais se ressaisit. Il réussira le test. Les autres font de leur mieux. Même ceux qui ne savent pas nager prendront leur courage à deux mains et se sont jetés à l’eau. Certains feront tout pour ne pas sombrer. On entend alors un commando lancer : « Sa ki nous bisin ! » Le courage de se jeter à l’eau sans savoir nager. Les nageurs professionnels sont là en cas d’urgence.Vendredi 27 mai (5e jour): «K.-O.»
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"18082","attributes":{"class":"media-image alignright wp-image-30770","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"400","height":"533","alt":"Groupe d\u2019intervention de la police mauricienne"}}]]La journée débute avec 10 km de course à pied sur le trajet Mare-aux-Vacoas/Grand-Bassin. Les candidats doivent le parcourir en moins d’une heure avec un sac de 11 kg au dos et leur fusil à la main. Après cette étape, les futurs commandos ont droit à une quinzaine de minutes de repos. Puis, ils doivent courir sur une distance d’un kilomètre avec civière lestée et pousser un minibus sur plus de 100 mètres sur un trajet en pente. Une fois ces exercices terminés, ils se rendent au quartier de la SMF où deux dernières épreuves les attendent. D’abord, le parcours du bâtiment et le combat à main libre. Chacun doit boxer et utiliser ses pieds pour se défaire de son vis-à-vis. L’un a dû être évacué après avoir été mis K.-O. Rien de grave fort heureusement ! Après cette journée, ils ne restent plus que 23 candidats. Ils sont tous contents. Mais rien n’est gagné pour eux à ce stade. Le major Pulchérie va devoir maintenant analyser les résultats et décider qui a passé le premier test de sélection. Prochaine étape : des mois d’entraînements poussés. Ceux qui réussiront alors ces tests obtiendront le brevet de commando.Le Selection Test…
Cela se fait chaque deux ou trois ans. Des éléments de la SMF font une demande pour intégrer le GIPM. L’intéressé passe d’abord par le Selection Test. C’est une épreuve assez difficile pour quelqu’un qui n’est pas entraîné. À la fin de l’exercice, quelques candidats seront éliminés. Les autres devront passer le « vrai test », beaucoup plus poussé et communément appelé « cadre » et qui s’étale sur quelques mois. C’est à la fin de cette longue étape que les moniteurs, avec le no 1 du GIPM, décideront qui intégrera cette unité d’élite.Sur le même sujet : [VIDÉO CHOC] DANS LES CHAMBRES À GAZ DU GIPM
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