Ils sont nés entre 1980 et 1999. Ils sont connus comme la génération Y. Dans le cadre de la Journée internationale des jeunes, célébrée le 12 août, voici un portrait de quelques-uns d’entre eux qui ont grandi devant la télévision et ont suivi l’évolution des nouvelles technologies.
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Une société qui change. C’est ce qui ressort d’une étude intitulée Essence X, Y, Z menée par la compagnie Kantar TNS Analysis (Mauritius). Selon cette étude l’écart entre les générations se creuse. Dans ce recueil, la catégorie Y est représentée par les individus âgés entre 23 et 39 ans. Ils ont tendance à accorder plus d’importance aux plaisirs. 39 % d’entre eux sont des expressionnistes, c’est-à-dire qu’ils s’expriment à travers la consommation. Ils ont aussi tendance à être des clients fidèles s’ils sont satisfaits du produit qu’ils consomment. Ils aiment aussi être reconnus.
Pour Karine, mère de deux adolescents, c’est une génération qui à la fois adopte vite et se lasse rapidement. Elle estime que cette génération est en perpétuelle mutation. « À mon avis, les jeunes de cet âge sont instables, impatients, hédonistes et obnubilés par leur apparence. Ils ont leur propre façon de penser. Ce n’est pas toujours mauvais de voir les choses à sa manière, mais c’est ce qui rend la communication difficile. Ils sont non seulement durs à gérer, mais aussi à fidéliser, car ce n’est pas évident de les intéresser à quelque chose», souligne-t-elle. La jeune maman se questionne sur ce que recherchent vraiment les jeunes. « Je sais que l’être humain est complexe et tout le monde n’est évidemment pas pareil, Mais qui ne rêve pas d’avoir un bon emploi, une belle maison et s’en sortir dans la vie ? Cette catégorie de jeunes a toujours besoin de vivre quelque chose de plus. Ils ne sont pas capables de se concentrer sur une tâche, ils sont en mode zapping… »
Shevrina, 23 ans, s’est déjà envolée plusieurs fois vers d’autres contrées. Pour le moment, ce qui l’intéresse le plus, c’est de vivre ses propres expériences et ses rêves. « Je demande encore à apprendre de la vie, à connaître le monde, à vivre des expériences, à me créer des souvenirs et à vivre des émotions fortes. Pour l’instant, je veux profiter de la vie, vivre d’imprévus, d’adrénaline, de sensations fortes. » Elle estime qu’avec l’évolution de la société, beaucoup de choses ont changé. « Le rêve de nos parents pour nous, n’est pas seulement que nous bâtissions un foyer, mais que nous ayions une situation stable et accumulions des biens matériels. De nos jours, on se focalise sur le métier dans lequel on va évoluer. On nous dit qu’il va falloir choisir une voie et donner le maximum. Cet idéal n’est pas le nôtre mais celui de nos parents ! » souligne Shevrina.
À la recherche d’un idéal
Karine comprend tout à fait que c’est une génération technophile mais selon elle, il y a plus important que l’Internet. « Ces jeunes sont constamment distraits par les notifications, messages et alertes de leur Smartphone. Ils n’ont pas l’air de s’inquiéter de ce qu’ils veulent faire plus tard, de leur avenir. Je ne suis pas si vieille et j’essaye tant bien que mal de vivre avec mon temps mais il y a des choses beaucoup plus importantes que de s’amuser dans la vie », souligne la jeune maman.
Shevrina aime les voyages, le shopping, la mode et les sorties. Elle n’est pas prête à se faire une situation pour le moment. « Je n’y aspire pas comme de nombreux jeunes et ce n’est pas une raison pour nous qualifier de génération d’insouciants. Le monde et les mentalités ont évolué mais cela ne veut pas dire que les jeunes de ma génération n’ont pas d’objectifs ou de valeurs. Nous recherchons notre nouvel idéal. Nous sommes une génération qui questionne les choses de la vie au lieu d’en suivre les normes et les codes par automatisme, donnant la sensation d’être enfermé. On a besoin de s’enfuir et de retrouver une liberté. »
Le rapport intitulé Essence X, Y, Z, a aussi révélé une chute dans le taux de fertilité depuis ces dix dernières années. L’âge moyen où une Mauricienne donne naissance est de 26 ans. Au niveau de l’éducation, quatre foyers sur dix ont des enfants qui sont scolarisés et le nombre de détenteurs de diplôme est en hausse. Cependant, ces derniers ont tendance à se croire trop qualifiés.
Samcoomar Heeramun, psychothérapeute, pense que c’est « une génération d’Internet avec ses forces et ses faiblesses ». « La présente génération est presque née avec un ordinateur entre les mains et développe plus de liens sociaux et cela peut être un avantage comme un désavantage, dit-il. La génération dite des «Why» s’est pleinement emparée des réseaux sociaux, ne manque pas d’atouts dans ce domaine et sait en tirer les avantages. » Selon lui, c’est ce qui fait la force de cette génération.
« Moins riches, les jeunes de cette catégorie sont cependant plus diplômés, avec plus de connaissances et beaucoup plus ouverts sur le monde, indique le psychothérapeute. Même s’ils sont toujours aussi dépendants, ils sont plus autonomes, décontractés et surtout libres. Vous les verrez de moins en moins collectifs mais plus interconnectés, moins intéressés par les partis politiques mais plus motivés par le désir d’être utiles socialement. »
Viken Vadeevaloo : «Rien que des défis au tournant»
Le manager de Adolescent Non Formal Education Network (ANFEN), Viken Vadeevaloo, est d’avis que le système est plus fort que les individus et ce n’est que trop facile de dire que la génération Y est en perte de valeurs. Il s’explique : « Toute génération est guidée et motivée par celle qui la précède. Un héritage est légué et confirme, en somme, que chaque génération est responsable de ce qui va suivre. Aujourd’hui, beaucoup pensent que la génération Y ne vit pas les mêmes valeurs de celle des années 60 et 70. Certes, c’est vrai car l’éducation et l’instruction se font différemment. La famille, qui les encadre, est pressurisée par la société de consommation et de compétition. Elle n’a que très peu de temps pour s’épanouir, les parents n’ont pas beaucoup d’espace pour la spiritualité dans leur vie et cela a un impact sur l’éducation familiale. »
Viken Vadeevaloo soutient que les valeurs doivent venir des institutions scolaires. « Dans beaucoup de pays, le système scolaire ne prépare pas assez les jeunes à produire mieux pour servir le capitalisme au lieu de leur enseigner comment faire face à la vie. » Pour le manager des écoles ANFEN, les jeunes d’aujourd’hui recherchent un monde de valeurs. « Tout le monde est à la recherche de respect, d’amour et de justice dans la quête du bonheur. » Il estime que beaucoup de défis vont émerger.
« Hélas, ce n’est pas un jeu d’enfant, les jeunes ne passent pas assez de temps ensemble pour réfléchir sur des idéologies afin de transformer leur société. Bon nombre d’entre nous sont emprisonnés par les réseaux sociaux et d’autres jeux en ligne. Il y a un accès facile et direct à la décadence et c’est ce qui éloigne les jeunes de l’essentiel : les valeurs et le vivre-ensemble. Il n’y a que des défis qui nous attendent au tournant. »
La Journée internationale de la jeunesse célébrée le 12 août
Le 17 décembre 1999, l’Assemblée générale des Nations unies a approuvé la recommandation de la Conférence mondiale des ministres de la Jeunesse de faire du 12 août, la Journée internationale de la jeunesse. Elle a recommandé que des activités d’information soient organisées lors de cette journée avec pour objectif, de promouvoir voire de développer, entre autres, la conscience des jeunes sur le Programme d’action mondial pour la jeunesse à l’horizon 2000 et au-delà, adopté par l’Assemblée générale en 1995.
Ce programme s’étale sur dix domaines prioritaires : l’éducation, l’emploi, la famine et la pauvreté, la santé, l’environnement, l’usage abusif des drogues et autres stupéfiants, la délinquance juvénile, les loisirs sains, les filles et jeunes femmes et la participation effective des jeunes dans la vie de la société et dans le processus de prise de décision.
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