Des milliers de Palestiniens fuient à travers les rues dévastées de la ville de Gaza, espérant trouver refuge plus au sud suite à une injonction d'Israël, qui se prépare à une offensive terrestre en représailles à l'attaque sanglante lancée par le Hamas.
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"Ce n'est que le début" des opérations israéliennes à Gaza, a prévenu vendredi le Premier ministre Benjamin Netanyahu au septième jour de la guerre, déclenchée par l'attaque du mouvement islamiste palestinien contre Israël et qui a déjà fait des milliers de morts. Le Hamas a en outre enlevé 150 otages qu'il a menacé d'exécuter.
L'armée israélienne, qui a riposté par des frappes intensives sur la bande de Gaza, a aussi annoncé vendredi y avoir également mené des incursions au sol.
Au moins 1.300 Israéliens, pour la plupart des civils, ont été tués depuis l'attaque, qui a traumatisé Israël où elle est comparée aux attentats du 11 septembre 2001.
Environ 1.900 Palestiniens, la plupart des civils, dont 614 enfants, selon les autorités locales, sont morts dans la bande de Gaza, un petit territoire pauvre et en état de siège coincé entre Israël et l'Egypte.
Le Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël, et au pouvoir dans la bande de Gaza depuis 2007, a annoncé vendredi que 13 otages, "dont des étrangers", avaient été tués dans des frappes israéliennes.
Le groupe islamiste, qu'Israël a juré "d'anéantir", avait déjà annoncé la mort de quatre otages dans les bombardements.
- Un "bouclier" -
La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, en visite vendredi à Jérusalem, a affirmé que le Hamas utilisait la population comme un "bouclier".
Les appels se multiplient à travers le monde pour éviter une "catastrophe humanitaire", après l'appel lancé par Israël à évacuer la partie nord de la bande de Gaza, qui concerne environ 1,1 million d'habitants, sur un total de 2,4 millions.
"Même les guerres ont des règles", a rappelé le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, réclamant un accès humanitaire "immédiat" à la bande de Gaza.
Il a décrit un "système de santé au bord de l'effondrement", des "morgues qui débordent" et "une crise de l'eau".
Le président américain Joe Biden a assuré que "la crise humanitaire" à Gaza était "une priorité", tandis que plusieurs ONG ont également demandé l'ouverture de couloirs humanitaires.
Le président russe Vladimir Poutine a, lui, appelé à "arrêter l'effusion de sang", prévenant qu'un éventuel assaut terrestre à Gaza entraînerait "des pertes parmi les civils absolument inacceptables".
La tension est vive aussi à la frontière nord du pays. L'armée israélienne a affirmé dans la nuit de vendredi à samedi avoir frappé une cible du Hezbollah dans le sud du Liban en réponse "à l'infiltration d'objets aériens non identifiés" et à "des tirs sur un drone de l'armée de l'air".
Le Hezbollah, mouvement pro-iranien allié du Hamas, s'est dit vendredi "entièrement préparé" à intervenir contre Israël "au moment propice".
Un journaliste vidéo de l'agence Reuters a été tué et six autres journalistes de l'AFP, de Reuters et d'Al-Jazeera ont été blessés vendredi dans des bombardements dans le sud du Liban.
En Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967, au moins 16 Palestiniens ont été tués dans des affrontements avec les forces israéliennes pendant des rassemblements en solidarité avec la bande de Gaza, selon le ministère palestinien de la Santé.
Des milliers de personnes ont aussi manifesté vendredi à Beyrouth, en Irak, en Iran, en Jordanie et à Bahreïn en soutien aux Palestiniens.
Le 7 octobre à l'aube, en plein Shabbat, le repos juif hebdomadaire, des centaines de combattants du Hamas avaient infiltré Israël à bord de véhicules, par les airs et la mer, depuis la bande de Gaza.
Ils ont tué plus d'un millier de civils, semant la terreur sous un déluge de roquettes lors de cette attaque d'une ampleur inédite depuis la création d'Israël en 1948.
Environ 270 personnes, d'après les autorités, ont été tuées dans un festival de musique.
Yossi Landau, qui travaille depuis 33 ans pour l'ONG Zaka, spécialisée dans la recherche des corps, a été témoin d'une scène d'horreur à Beeri, une localité où une centaine de personnes ont été tuées. Il a vu une femme, le ventre "déchiré, où se trouvait un bébé, encore relié par le cordon, poignardé".
Le Hamas a enlevé quelque 150 otages israéliens, étrangers et binationaux, de tous âges, selon les autorités israéliennes. Des centaines de personnes sont portées disparues et des corps sont toujours en cours d'identification.
Après l'attaque, l'armée israélienne a affirmé avoir par ailleurs récupéré les corps de 1.500 combattants palestiniens.
Israël a riposté en déclarant une guerre pour détruire le Hamas, pilonnant la bande de Gaza et déployant des dizaines de milliers de soldats autour du territoire ainsi qu'à la frontière libanaise.
- Fuite -
Vendredi matin, des centaines de roquettes ont de nouveau été tirées de Gaza vers le territoire israélien, selon une journaliste de l'AFP.
L'armée israélienne a appelé tous les civils de la ville de Gaza à "évacuer leur domicile vers le sud, pour leur propre sécurité".
Par milliers, portant leurs baluchons, ils ont fui par tous les moyens, à pied, entassés sur des remorques, sur des charrettes, à moto, en voiture, à travers les rues jonchées de gravats, bordées d'immeubles en ruines.
Ici, un enfant garde serré dans sa main son oreiller. Là, une femme a rassemblé tout ce qu'elle a pu sauver dans un sac qu'elle porte à l'épaule.
Des tracts en arabe, largués par des drones israéliens, appellent les habitants à quitter "immédiatement leur maison". Le Hamas a rejeté cet appel.
La bande de Gaza, un territoire de 362 kilomètres carrés, est soumise à un blocus israélien terrestre, aérien et maritime depuis que le Hamas y a pris le pouvoir. L'Egypte contrôle sa seule ouverture sur le monde, le point de passage de Rafah, qui est actuellement fermé.
Soumis à un "siège complet" depuis le 9 octobre, l'enclave est désormais privée d'approvisionnements en eau, en électricité et en nourriture, coupés par Israël.
Selon l'agence de presse officielle émiratie WAM, les Emirats arabes unis ont envoyé vendredi un avion transportant de l'aide médicale d'urgence à El-Arich en Egypte, qui doit être acheminée vers Gaza via le poste-frontière de Rafah.
- "La mort partout" -
A Gaza, le fracas des explosions est incessant. L'armée israélienne a indiqué avoir visé dans la nuit 750 "cibles militaires" et des frappes ont touché le grand camp de réfugiés d'Al-Shati, selon des journalistes de l'AFP.
"Jusqu'à quand va-t-on vivre sous les bombes avec la mort partout?", lance Oum Hossam, 29 ans, les joues couvertes de larmes, qui cherche un refuge avec ses quatre enfants après la destruction de sa maison.
D'autres habitants refusent de partir, faute de moyens ou pour ne pas céder: "L'ennemi veut nous terroriser et nous forcer à l'exil, mais on résistera", affirme l'un d'eux, Abou Azzam.
Le roi Abdallah II de Jordanie a mis en garde contre "toute tentative de déplacer les Palestiniens", soulignant que le conflit "ne devait pas se propager aux pays voisins".
Plus de 423.000 Palestiniens ont déjà quitté leur foyer, selon l'ONU, qui a lancé un appel d'urgence aux dons.
Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a assimilé un tel "déplacement" à une "deuxième Nakba" ("Catastrophe", en arabe), le nom donné à la fuite de quelque 760.000 Palestiniens à la création de l'Etat d'Israël.
© Agence France-Presse
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