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LespriSEXY est une entreprise sociale d’éducation affective et sexuelle, dont la fondatrice est Gaelle Schluchter. La mission est d’informer, d’éduquer et de sensibiliser à une vie affective et sexuelle saine et responsable. LespriSEXY propose des ateliers pour les adolescents et les adultes. Elle organise aussi des conférences et des soutiens pédagogiques. L’approche globale qui prend en compte l’aspect mental, émotionnel et corporel de la vie affective et sexuelle est privilégiée. Gaelle Schluchter évoque les défis liés à l'éducation à la sexualité.
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Quels sont les défis les plus courants que vous rencontrez lorsque vous essayez de promouvoir l'éducation à la sexualité dans les établissements scolaires ?
Pour le moment, nos actions sont concentrées auprès des ONG et des Fondations. Nous ne sommes pas encore parvenus à entrer dans les écoles. Lors du développement de nos programmes, nous avons parlé aux professeurs et à certains recteurs pour savoir ce qui empêchait la mise en place de programmes à l’éducation affective et sexuelle dans les écoles.
Qu’avez-vous découvert ?
Il y a diverses barrières comme le consentement des parents qu'il faut obtenir, la philosophie du directeur ou encore la religion qui peut poser problème. Le temps est également un facteur à prendre en compte. Les emplois du temps des élèves au niveau académique sont déjà surchargés.
Ils n'ont donc pas de temps pour l’éducation affective et sexuelle. Et lorsqu’on parle de former les professeurs au sein des écoles, la plupart sont contre, car ils ne sont pas à l’aise avec le sujet. Et ils préconisent que ce soit une personne de l’extérieur qui aborde ces thématiques intimes.
Pourquoi pensez-vous que l'éducation à la sexualité est essentielle dans le programme scolaire ?
Nous sommes des êtres sexués qui vivons dans une société hypersexualisée. Il y a de nombreux risques : grossesses précoces ou non planifiées, maladies sexuellement transmissibles, violences, dépendances, mal-être, anxiété et suicide. L’actualité le témoigne tous les jours. Il est urgent de mettre en place un programme complet d’éducation à la vie affective et sexuelle pour réduire les risques et participer à l’amélioration du bien-être mental, émotionnel et corporel des jeunes.
Croyez-vous que l'éducation à la sexualité devrait être une responsabilité exclusive des parents ?
C’est une responsabilité collective ! Parents, grands-parents, jeunes adultes, éducateurs, professeurs, travailleurs sociaux, décideurs, employeurs. Il est temps d’arrêter de faire la politique de l’autruche et de prendre les choses en main.
Quels sont les effets à long terme que vous espérez voir grâce à l'intégration de l'éducation à la sexualité dans les écoles ?
La base de l’éducation sexuelle, c’est déjà la transmission des valeurs comme le respect, la communication, le non-jugement et la bienveillance. Ce qui contribuerait déjà beaucoup à atténuer les tensions, les comportements indécents et les violences au sein des écoles et sur la voie publique. Sur le long terme, l'éducation favorisera l’égalité des genres et diminuera les risques liés à la santé. Je pense ici aux grossesses précoces, aux avortements clandestins, aux maladies sexuellement transmissibles, aux problèmes de dépendances et à toutes les formes de violences. À terme, tous les citoyens auront une vie affective saine et responsable.
Avez-vous des recommandations pour améliorer la qualité et l'efficacité de l'éducation à la sexualité dans les écoles ?
Premièrement, il faut qu'elle soit obligatoire dans toutes les écoles ! Par exemple, les établissements catholiques ont un programme qui est en place. D’autres écoles font avec les moyens du bord et d’autres ne font tout simplement rien. Deuxièmement, il faut uniformiser les programmes pour parvenir à un semblant d’équité et que tous les enfants mauriciens aient accès aux bonnes informations. Troisièmement, il faut absolument que le programme soit adapté à la réalité d’aujourd’hui. Les sites pornographiques sont la référence pour les jeunes et quand on écoute et quand on regarde la musique actuelle, il est primordial d’adapter le message que l’on veut faire passer.
Quels conseils donneriez-vous aux parents pour les aider à dispenser l'éducation à la sexualité de leurs enfants à la maison ?
Il faut d’abord dédramatiser. On est tous passés par cette phase de découverte et d’expérimentation. C’est un processus normal du développement. Les enfants, les adolescents ont des questions et des craintes. J’invite les parents à réfléchir sur ce qu’ils auraient aimé savoir quand ils étaient ados et sur ce qui aurait peut-être pu leur permettre d’éviter de faire certaines erreurs. C'est déjà une piste pour aborder certains sujets. Après dès qu’une occasion se présente, en tant que parents, il faut la saisir en utilisant les bons mots pour que l'adolescent soit en mesure de comprendre.
Pour les enfants, par exemple, c'est peut-être l’arrivée d’un petit frère ou d’une petite sœur ou “enn mariaz lisien” sur le chemin qui pousse à aborder le sujet. Pour les plus grands, c'est peut être une scène dans un film, une actualité qui nous touche de loin ou de près ou les paroles ou le clip de la dernière chanson à la mode. Il y a beaucoup d’occasions pour engager le dialogue sur le sujet. Pouvoir parler de sexualité avec son adolescent, c’est pouvoir parler de tout. Et c'est ce qui permet d’instaurer un lien de confiance indéfectible.
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