Fuite de cerveaux: un phénomène de société, certes. Toutefois, si des stratégies ne sont pas mises en place pour la freiner, la dépendance de Maurice à la main-d’oeuvre étrangère ne fera que s’accroître. C’est l’avis de Fareed Jaunbocus, CEO de Strategos Ltd. Il s’exprimait, hier, lors de l’émission Au Cœur de l’Info, avec Nawaz Noorbux et Jugdish Joypaul sur Radio Plus.
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Le capital humain est la richesse de tout pays avance Fareed Jaunbocus. Il décrit ainsi la fuite de cerveaux comme étant un « problème très inquiétant ». Il concède néanmoins qu’il n’y a pas de solution magique pour pallier ce problème. « La mondialisation et la guerre des talents se font à l’échelle mondiale. A Maurice, dans les secteurs finance ou hôtelier, c’est désormais un casse-tête de trouver de la main-d’œuvre », dit-il. Tout le mérite revient à notre système éducatif gratuit à tous les niveaux, du primaire au tertiaire.
Les Mauriciens sont bilingues. Ce qui les qualifie comme de la main-d’oeuvre attrayante pour des pays étrangers. « C’est une des raisons pour laquelle des jeunes s’envolent vers d’autres cieux. Cela, malgré que le travail ailleurs soit le même que celui d’ici. La seule différence: les standards sont désormais internationaux », soutient notre interlocuteur. D’autres raisons sont à l’ordre du jour, dit-il, notamment le salaire, l’expérience étrangère, le manque de méritocratie qui existe à Maurice, entre autres.
Il est, toutefois, impératif de faut stopper l’hémorragie avance Fareed Jaunbocus. Cela, pour éviter toute tendance qui pourrait freiner la relance post-covid. Surtout dans un contexte de conflit et de tension géopolitique. « Un coup d’oeil à chaque secteur de notre économie, il est évident que Maurice dépend de la main-d’oeuvre étrangère avec une forte présence de bangladais et d’autres étrangers. Si cela continue, les activités de secteurs concernés souffriront certainement », considère-t-il.
Pour sa part, Thierry Goder, CEO d’Alentaris avance qu’il faut pouvoir attirer nos compatriotes qui sont à l’étranger de revenir travailler à Maurice. Il a proposé l’idée d’un salon dans des pays étrangers à l’intention des Mauriciens qui y résident. En sus des incitations fiscales, il est d’avis que d’autres facilités pourraient êtres mises à leur disposition pour les encourager à retourner au bercail. Jocelyn Kwok, CEO de l’Association des Hôteliers et Restaurateurs de l'île Maurice (AHRIM) estime, lui, que c’est le « drive » économique du pays qui est à l’origine du phénomène de Brain Drain. Cela, couplé à un manque de compétences et de problème démographique. Il faut, dit-il, plus de cohérence dans les actions, notamment dans le recrutement de la main-d’œuvre étrangère. « Si nous sommes une économie ouverte, nous ne pouvons l’être qu’à moitié seulement. Une approche sectorielle avait été adoptée à un moment donné pour protéger certains secteurs mais il faut, maintenant, passer à autre chose. Nous devons être ambitieux, complet dans notre approche et reconnaître que les forces du marché au niveau global auront toujours le dessus », dit-il.
Samade Jhummun, CEO de Finance Mauritius estime pour sa part que ce phénomène sera toujours présent. Il préconise des programmes de formation afin d’adresser le problème de « skill mismatch ». Il trouve également la suggestion pour l’organisation de salons à l’étranger intéressante. « Nous devons aussi tenir compte des aspirations de nos compatriotes. Si nous parvenons à attirer ne serait-ce qu’entre 15 à 20% d’entre eux, ce sera un plus pour le marché mauricien », dit-il.
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