Live News

France: la croissance à l'arrêt au premier trimestre

Source : leparisien.fr

Une croissance nulle: après une forte reprise l'an dernier, l'économie française a nettement marqué le pas au premier trimestre, plombée par la vague Omicron de début d'année et l'inflation, une situation préoccupante qui remet les enjeux économiques et sociaux en tête des priorités du quinquennat qui s'ouvre.

Publicité

Cette première estimation publiée vendredi par l'Insee est bien inférieure aux 0,3% sur lesquels tablait l'Institut national de la statistique dans sa dernière prévision datant de début février. C'était avant le déclenchement de la guerre en Ukraine, mais même après la Banque de France tablait encore le 12 avril sur une croissance de 0,25%.

"Le PIB (produit intérieur brut) marque le pas (...). Il porte l’empreinte des deux chocs exogènes (le Covid avec Omicron en janvier, puis la guerre en Ukraine qui a renforcé l’inflation) qui se sont conjugués", a résumé sur Twitter Julien Pouget, chef du département de la conjoncture à l'Insee.

Au premier trimestre, la France s'en sort donc mieux que l'Italie, dont le PIB a reculé de 0,2%, mais fait moins bien que l'Espagne (+0,3%) ou que l'Allemagne (+0,2%), qui a déjoué les prévisions des conjoncturistes qui craignaient que le pays ne retombe en récession.

Les perspectives pour l'économie française, plutôt bonnes en début d'année sur la lancée de la forte reprise de l'an dernier (7%), dont 0,8% au quatrième trimestre de 2021, et de la levée progressive des restrictions sanitaires, se sont en effet assombries avec la flambée de l'inflation.

Avec un bond à 4,5% sur un an en mars, un record depuis les années 1980, elle a plombé le moral des ménages, qui ont donc réduit leurs dépenses, notamment dans l'hébergement-restauration et l'habillement-textile.

La consommation des ménages a ainsi reculé "nettement" de 1,3% au premier trimestre, indique l'Insee, prenant de court les prévisions des économistes qui s'attendaient à ce qu'elle résiste encore en ce début d'année. 

- moteur "à l'arrêt" -
"Le moteur de la croissance française est à l'arrêt alors qu'on avait à peine retrouvé le niveau pré-crise sanitaire", souligne Ana Boata, directrice de la recherche économique d’Allianz Trade.

"Ca montre bien que les consommateurs sont inquiets sur l'augmentation des prix et la perte de pouvoir d'achat", ajoute-t-elle, malgré la baisse du chômage.

"Contrairement aux Etats-Unis où la chute du PIB au premier trimestre est liée à la faiblesse de la demande étrangère, c’est la demande intérieure qui chute en France", souligne aussi Charlotte de Montpellier, économiste chez ING.

Ce ralentissement plus fort que prévu réduit en tout cas les espoirs d'une croissance vigoureuse cette année, avec un acquis (croissance obtenue en 2022 si l'économie stagnait au niveau actuel) à ce stade réduit à 2,4% selon l'Insee.

Le gouvernement n'a pas officiellement révisé sa prévision initiale d'une croissance de 4%, mais le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a déjà convenu que ce chiffre était obsolète. La Banque de France prévoit elle entre 2,8% et 3,4%, quand le FMI avance 2,9%.

La situation économique est bien l'une des priorités du futur gouvernement. Il va devoir compléter rapidement l'arsenal déjà déployé pour compenser les effets de cette inflation, qui a encore accéléré à 4,8% sur un an en avril, et éviter que la gronde ne monte encore davantage. Des mesures sont attendues à l'été.

Il y a tout de même des "facteurs de résilience" de l'économie française, estime Ana Boata, citant la bonne résistance du secteur de la construction et de l'investissement. Même s'il s'est tassé, ce dernier a continué de progresser de 0,2% au premier trimestre, tiré par les investissements en services informatiques.

Du côté de la production (+0,5%), si les services sont restés marqués par la pandémie, la production de biens a accéléré après deux trimestres atones. Enfin, le commerce extérieur poursuit son redressement, même si c'est à "un rythme toutefois moins soutenu que le trimestre précédent", souligne l'Insee.

"Pour les prochains trimestres, les perspectives de croissance ne sont pas très brillantes", juge toutefois Charlotte de Montpellier, car le pessimisme des ménages pourrait "commencer à se faire sentir au niveau des entreprises, qui vont être moins capables de répercuter" les hausses de coûts sur leurs prix.

A cela s'ajoute les inconnues sur l'évolution de la guerre en Ukraine et de l'épidémie de Covid-19 en Chine, "bien qu'aucun de ces facteurs ne soit suffisant pour faire basculer complètement l'économie française vers la récession" à ce stade, estime-t-elle.

© Agence France-Presse

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !