Coup d’essai et double coup de maître pour une dizaine de néophytes. En sus d’avoir été élu pour la première fois, ils seront choisis pour occuper un maroquin ministériel pour deux raisons. Primo, au sein de la majorité parlementaire, parmi les 38 élus et les quatre candidats battus repêchés par le Best Loser System, il n’y a qu’une quinzaine d’anciens. Secundo, le choix se fera également sur la base ethnique pour certains.
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En début de semaine, les ministres du gouvernement de l’Alliance Morisien prêteront serment à la State House. Selon nos recoupements, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a arrêté sa liste de ministres, depuis samedi, et a eu déjà l’accord de son partenaire, Ivan Collendavelloo. Tout laisse croire qu’il aura des consultations avec les nouveaux ministres ce lundi après-midi ou au plus tard dans la journée de mardi pour leur « faire part de la bonne nouvelle », tout en leur annonçant le portefeuille qui leur a été attribué.
Avec une quinzaine d’anciens parlementaires seulement qui ont été élus, c’est évident que Pravind Jugnauth devra composer son Cabinet de ministres avec une dizaine de néophytes. L’économiste Renganaden Padayachy, considéré comme incontournable, est pressenti pour être ministre des Finances et de l’Économie. Il a été un des conseillers de Pravind Jugnauth en matière des finances et d’économie opérant dans l’ombre. Les noms des autres néophytes les plus cités sont Gilbert Bablee (probablement ministre de l’Intégration sociale), Kalpana Koonjoo-Shah (probablement ministre de l’Égalité des genres, du Bien-être de la famille et du Développement de l’enfant), Zahid Nazurally (probablement Attorney General et ministre de la Justice, des Droits humains et des Réformes institutionnelles), Vikram Hurdoyal (probablement ministre des Collectivités locales et des îles éparses) et Deepak Balgobin (probablement ministre du Logement et des Terres), entre autres. Après 1982, ce sera la deuxième cure de jouvence qui sera administrée à la plus haute instance décisionnelle du pays. Dans cette même veine, on doit s’attendre à la reconfiguration ou encore au changement du nom de certains ministères.
Le Front Bench
Pravind Jugnauth sera le Premier ministre, ministre des Affaires intérieures et de la Défense, des Communications externes et de la National Development Unit. Ivan Collendavelloo restera le Premier ministre adjoint et ministre des Services publices. Après avoir été repêché par le Best Loser System, Anwar Husnoo, sera appelé à prendre place sur le Front Bench, comme vice-Premier ministre. Ainsi, Fazila Daureeawoo, repêchée elle aussi, sera reléguée comme simple ministre après un saut dans le Front Bench pour remplacer Showkutally Soodhun, qui avait été contraint de soumettre sa démission après avoir tenu des propos blessants à l’égard une section de la population. Ce quarto pourrait être complété par Nando Bodha.
Certainement, les sept ministres sortants, qui ont été élus feront partie du Cabinet, dont Nando Bodha, Mahen Seeruttun, Soodesh Callichurn, Leela-Devi Dookun-Luchoomun, Maneesh Gobin, Yogida Sawmynaden et Sunil Bholah. Parmi les anciens qui ont été élus à nouveau, les noms de Bobby Hurreram, Joe Lesjongard et Sharvanand Ramkaun sont cités avec insistance pour un maroquin ministériel. Il va sans dire que Steven Obeegadoo et Alan Ganoo seront à la tête d’un ministère. Il est peu probable que le ministère de l’Education soit accordé à Steven Obeegadoo car il n’est pas d’accord en partie avec la réforme apportée par Leela-Devi Dookun-Luchoomun. Parmi les candidats battus repêchés, il ne faut pas écarter Stephan Toussaint qui pourrait retrouver le ministère de la Jeunesse et des Sports après la réussite de l’organisation des Jeux des îles de l’océan Indien.
Du sang neuf à la NDU
Au sujet de la nomination des 10 Parliamentary Private Secretaries (PPS), tout porte à croire que ce seront tous des néophytes qui s’installeront à la National Development Unit (NDU) qui tombait sous le Bureau du Premier ministre sous le gouvernement sortant. Les noms les plus cités sont Sudhir Maudhoo, Sandra Mayotte, Ismael Rawoo, Prakash Ramsurrun, Subashnee Luchmun Roy, Marie Joanne Sabrina Tour et Ashley Ittoo, entre autres. La nomination des PPS se fera en fin de semaine.
Somme toute, Pravind Jugnauth a les coudées franches pour former un Cabinet des ministres capable de traduire en réalité sa vision du pays et de concrétiser les projets qui seront annoncés dans le Presidential Address d’ici la fin du mois. Le moins que l’on puisse attendre de lui, c’est qu’il « put the right person in the right place » bien qu’il doit marcher sur des œufs pour garder l’équilibre ethnique nécessaire qui est à la base de l’harmonie sociale.
Transfert des hauts fonctionnaires
De grands chamboulements sont à prévoir dans la Fonction publique, cette semaine. La nomination des ministres est toujours accompagnée du transfert des hauts fonctionnaires, dont des Permanent Secretaries (PS), des Deputy Permanent Secretaries (DPS), des Assistant Permanent Secretaries (APS) et des Confidential Secretaries, entre autres. Selon quelques hauts fonctionnaires interrogés par Le Défi Quotidien, il n’est pas souhaitable d’avoir de nouveaux PS et DPS à la tête des ministères ayant de néophytes. « Pour la simple et bonne raison qu’on ne peut pas avoir nouveaux ministres et nouveaux hauts fonctionnaires. C’est mieux que l’on garde à la tête de ces ministères les hauts fonctionnaires qui maîtrisent les dossiers de ce ministère quitte à les transférer après que les ministres se soient familiarisés », explique l’un d’eux.
Nouveaux mobiliers pour les nouveaux ministres
Après chaque élection, les ministères accueillant de nouveaux ministres doivent faire provision pour de nouvelles dépenses en termes de mobiliers neufs et de rénovation du bureau. C’est ce que nous a indiqué un haut fonctionnaire d’une trentaine d’années de service tout en nous partageant une anecdote : « Après le changement de gouvernement en 2005, un nouveau ministre avait refusé de s’asseoir sur le fauteuil de son prédécesseur. Après une rencontre avec les hauts fonctionnaires, il est reparti en exigeant que tout le mobilier soit remplacé. Nous avons dû acheter des meubles selon son goût. » Un Permanent Secretary confie que certains ministres exigent la rénovation du bureau en toute urgence.
« Dans beaucoup de cas, lorsque le commun des mortels devient ministre, il ne marche plus sur terre. Il ne veut que le meilleur car il est dorénavant VVIP », dit-il avec sarcasme. Rappelons que la rénovation du bureau du ministre des Infrastructures publiques en 2004 avait fait polémique. Ce bureau a été rénové par la défunte Development Works Corporation (DWC) alors qu’Ajay Gunness avait été nommé ministre quelques mois seulement avant les échéances électorales.
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