Sentiment de révolte parmi des membres de la Special Support Unit. Ces derniers estiment que leur unité est utilisée comme « dépotoir » pour caser des « policiers à problème », surtout ceux qui réintègrent leur poste après leur suspension.
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« Trop c’est trop », s’insurgent des éléments de la Special Support Unit (SSU). Surtout après que deux des trois membres de la CID de Curepipe impliqués dans l’affaire David Gaiqui ont été transférés. « Pourquoi toujours chez nous ? La SSU est-elle devenue le dépotoir de la force policière ? » fulminent des membres de la SSU.
Se confiant au Défi Plus, ils expliquent : « Dans le passé, ces policiers à problème et récalcitrants étaient transférés à des postes éloignés de leur résidence. Une mesure considérée alors comme la meilleure sanction. Or, ces derniers temps, on remarque une forte concentration de ces agents à problème chez nous. »
« À trop charger le panier de 'poissons avariés', les autres éléments seront contaminés, craignent-ils. « Si cette tendance se poursuit, le moral de notre effectif en prendra un sérieux coup. On finira par nous considérer comme des policiers de grade inférieur », soutient un des membres.
Depuis 2016, une cinquantaine de policiers suspendus ont réintégré la force à travers la SSU, en attendant que le bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP) et la Disciplined Forces Service Commission (DFSC) se prononcent sur leurs cas respectifs, selon nos recoupements. Ils ont été répartis dans diverses branches de la SSU, comme suit :
SSU No 1
Les constables J… (réintégré le 21.12.17), O… (30.10.17), A…, B… (15.12,17), B…, J… et K… (22.12.16), et le Sergent J… (01.06.17).
SSU No 2
Le sergent B…, les caporaux K… (22.12.16), Ah… (21.12.17) et les constables B…, I…, C… (22.12.16), C… (21.12.17) et A… (15.05.17).
SSU No 3
Les sergents D… et N… (10.03.17) et les constables B…, N…, R… (22.12.16), H… (12.05.17), R… (08.07.17) et M… (21.12.17).
SSU No 4
Le sergent G… (03.01.17), le caporal C… (24.07.17) et les constables K…, Q… (22.12.16)et K… (28.12.17).
SSU No 5
Le sergent R… et les constables J…, R…, R…, R… (22.12.16), R… (23.11.16), T… (24.05.17), S… (21.12.17).
SSU No 6
L’inspecteur B…, le sergent D… et les constables C…, G…, J…, P… (22.12.16), J… (04.08.17), M…, S… (10.03.17) et L… (21.12.17).
SSU Technical
Le constable D… (22.12.16)
SSU Special Response Group
WPC R… (22.12.16),WPC L… et TWPC B… (21.12.17).
Mauvaise perception
« La Special Support Unit est mal perçue du public », déplorent nos intervenants. « Les gens croient à tort qu’on se tourne le pouce 24h/7 ; que notre tâche se limite à soutenir la force régulière dans des opérations difficiles : manifestations ou arrestations à hauts risques. C’est une fausse perception de notre mission », fait ressortir une source.
Et de préciser les autres tâches qui sont confiées à la SSU : être posté en sentinelle au bungalow d’une haute personnalité, devant l’ambassade de France depuis que des graffitis ont été écrits sur le mur d’enceinte et des coups de feu tirés.
En outre, un élément de la SSU est dépêché chaque jour, 24 heures sur 24 pour surveiller les cellules de l’Adsu aux Casernes centrales, où sont enfermés trois détenus - Basana Redi, Krishna et Radha, impliqués dans le trafic de drogue.
Nos interlocuteurs déplorent les conditions de travail de cette sentinelle de la SSU qui se retrouve enfermée avec des détenus. « La kle kaso pa ress avek mwa, li avek Adsu. Mo anferme ensam ar detenu kouma enn prizonye. Si zot desid pou atak mwa, kouma mo pou fer ? » déplore cet élément.
Par ailleurs, les six unités de la SSU assurent la relève entre elles. Chaque unité est appelée à être en service opérationnel 24 heures durant. Pour un jour de travail normal, l’équipe en mode stand by doit pratiquer des exercices physiques le matin à l’intérieur des casernes. Elle doit se tenir prête à toute éventualité en cas de trouble de l’ordre public ou de manifestation dans le pays. Les éléments interviennent avec leurs équipements divers : armes de poing (fusil, revolver, matraque), boucliers, gaz, masques de protection et véhicules d’intervention.
Des éléments de la SSU pratiquent des exercices de maintien de l’ordre (MO) qui visent à contrôler des mouvements de foule. Ils assurent aussi la garde à la Banque de Maurice et aux Casernes centrales, de jour comme de nuit. Ils patrouillent également les quartiers chauds, suivant des directives issues par le bureau du Commissaire de Police.
Si le besoin se fait sentir, ils opèrent conjointement avec les éléments de la Special Mobile Force, de la force régulière et/ou de la brigade antidrogue. Ils sont aussi appelés à appréhender des personnes dangereuses et à escorter des prisonniers à la cour.
En cas de désastres naturels, la SSU apporte aussi leur assistance, tout comme ils veillent au respect de la loi lors de réunions publiques. Une cellule d’opération de la SSU a été créée et agit sur instructions du bureau du Commissaire de Police. Dirigée par un inspecteur, elle œuvre à la collecte d’informations pour identifier les personnes soupçonnées de mener des activités liées au terrorisme. Ces Field Intelligence Officers sont vêtus en civil et travaillent de concert avec les éléments du National Security Service. Début février, l’unité a arrêté un adolescent en possession de 8 sabres (Samouraï).
L’aile féminine
L’aile féminine de la SSU compte 30 policières. Elles partagent les mêmes entraînements que leurs collègues masculins à l’intérieur comme à l’extérieur des Casernes centrales. Elles assurent la sentinelle devant le bureau du Commissaire de Police, patrouillent à l’intérieur des casernes, veillent à la guérite, à côté des Line Barracks, contrôlent l’accès des personnes dans l’enceinte. Elles escortent aussi à la cour les femmes détenues dans les « high profile cases » liés au trafic de drogue.
Silence radio
Toutes nos tentatives pour obtenir la version des Casernes centrales se sont révélées vaines. « Votre requête n’a pas été agréée », nous a précisé l'inspecteur Shiva Coothen, responsable de la cellule de communication de la police.
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