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Fléau social : quand la drogue détruit des familles

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Chaque jour, une histoire, une condamnation, une peine d’emprisonnement… bref, chaque jour qui passe, la drogue fait de nouvelles victimes, non seulement des personnes se retrouvent piégées dans l’enfer de la drogue entraînant les membres de leur famille dans cette déchéance. Elles nous en parlent…

«Mes enfants cherchent leur père », avance Tina, 21 ans, une jeune maman qui vient d’accoucher de son troisième enfant. Le père est en prison pour une affaire de drogue et attend le verdict de la cour. C’est avec une immense tristesse qu’elle a accouché seule, il y a deux semaines. « C’est très difficile pour moi », affirme la jeune maman qui se retrouve en grande difficulté et qui a dû se réfugier dans un centre d’accueil pour femmes SDF. « Maintenant, je me retrouve avec trois enfants sur les bras. Je ne sais pas ce que l’avenir nous réserve. S’il est condamné par la cour, il devra purger une longue peine. Nous n’avons nulle part où aller et aucun moyen financier de nous en sortir » dit-elle en pleurs. 

Elle se rend compte aujourd’hui des conséquences de ce fléau. « Même quand on n’est pas coupable, on paie le prix fort. Mes enfants et moi n’avons rien fait, cependant nous sommes nous aussi des victimes. Pendant des années on continuera à en souffrir, on nous collera une étiquette et nous resterons une famille brisée ».

Comme Tina, de nombreuses familles sont dans la tourmente, non seulement ceux qui ont été arrêtés à cause de problèmes de drogue, mais aussi ceux qui en consomment, qui se retrouvent piégés et qui n’arrivent pas à en sortir. Autour d’eux, des familles souffrent également. Ce fléau prend malheureusement beaucoup d’ampleur chez les jeunes. Les autorités sont-elles dépassées par cette situation ? En tout cas, il semblerait que plus personne n’est à l’abri…


Deux centres de désintoxication destinés aux jeunes 

Après Montagne Longue (le centre Nénuphar), opérationnel depuis le 20 août 2018, en décembre dernier un nouveau centre (Centre de René Guillemin) a ouvert ses portes à Pamplemousses. Il est destiné aux jeunes de 15 à 24 ans, accros à la drogue synthétique. Leur objectif est de réhabiliter les jeunes qui sont victimes de la drogue synthétique. Les jeunes y sont encadrés à la fois par des travailleurs sociaux, des infirmiers et des psychologues. Les parents sont invités à contacter ces centres de désintoxication pour des conseils.

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Ally Lazer : «La drogue, ou rentre tousel mais pas kapav sorti tousel !»

Quel est l’encadrement qui est offert aux usagers de la drogue ? 
Malgré l’équipe restreinte que nous avons au Centre Idriss Goomany, les animateurs essayent tant bien que mal d’encadrer toutes les personnes qui viennent frapper à notre porte. Il y a deux choses très importantes dans l’encadrement de ces toxicomanes. Prioritairement, son état physique doit être soigné. Cela se fait normalement par un médecin et des médicaments appropriés qui aident à diminuer l’état de manque (décrit comme ‘fatt yen’ dans le jargon local). Quelle sont les symptômes ? Douleur corporelles, larmoiement des yeux et la diarrhée chronique en sont les principaux symptômes. Et deuxièmement, il faut soigner l’état psychologique de la personne. C’est une étape très importante qui aide à ne pas rechuter dans l’enfer de la drogue. Malheureusement, un bon nombre de personnes ne poursuit pas l’étape psychologique pour compléter le traitement. Dès qu’elles ont franchi la première étape, on ne les voit plus. C’est l’une des raisons majeures pourquoi un bon nombre rechute ». 

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Quel aide est apporté à la famille des toxicomanes ? 
Il faut expliquer aux familles des toxicomanes la compréhension d’une personne qui est dépendante à la drogue. Le comportement de la famille envers le toxicomane joue un très grand rôle. Quelque temps de cela, j’ai reçu la visite de deux véhicules qui ont accompagné un petit jeune qui est tombé dans l’enfer de la drogue. Ce dernier était enchaîné. Cela m’avait éploré et j’ai demandé à son père, ‘ou finn amen ou garçon pou mo aide li ousoi ou pé amene enn esclave lor marché ?’. Bien souvent, les parents ne savent pas l’ampleur de leurs erreurs d’attitude envers les consommateurs de drogue. Certes, je ne les condamne pas, car il y a un manque d’informations. Aussi, ces parents sont tellement dans la souffrance qu’ils ne savent plus quels moyens utiliser. C’est pourquoi, nous avons des sessions uniquement pour les familles, sans le toxicomane, pour leur expliquer comment agir avec une personne qui est en dépendance à la drogue. C’est l’un des fléaux qui affecte l’environnement familial.

Au niveau du centre, nous mettons l’accent sur l’accompagnement familial pour mieux aider les toxicomanes à sortir de leur dépendance. Je dirais même que c’est obligatoire pour la famille de le soutenir.

Conseil aux parents dont les enfants sont tombés dans l’enfer de la drogue
Je lance un appel, à travers cet article, à ces parents : ‘Bizin ena dialogue entre parents et zanfent tous les jours !’. L’environnement social dans lequel nous vivons actuellement donne des facilités inimaginables pour déposer de la drogue. Il faut absolument connaître les amis que fréquentent vos enfants. Récemment, lors d’une conférence à l’Université de Maurice, plus de 75% des jeunes ont affirmé qu’ils ont un manque de dialogue avec leurs parents »

*Contact : Centre Dr Idriss Goomany - Sir Edgar Laurent Street, Port-Louis - 242 3016 / 5908 3553 


Danny Philipe, animateur et éducateur : «C’est l’addiction à la drogue qui pousse les toxicomanes à commettre des offenses» 

De quelle façon les familles sont-elles affectées ?
Il existe plusieurs facteurs, tels que le facteur économique où la personne n’a plus le moyen de se procurer de la drogue . Il commence par voler dans sa propre maison. C’est cette dépendance à la drogue qui le pousse à commettre ces actes. Beaucoup de familles sont traumatisées lorsqu’un proche tombe dans ce fléau infernal. Elles vivent silencieusement avec cette souffrance psychologique.

Pourquoi les jeunes sont les plus affectés ?
Le secteur du plaisir et la curiosité attirent nos jeunes. Le débalancement familial, la pauvreté, l’environnement social dans lequel vivent ces jeunes influencent grandement. Étant donné que l’âge de l’adolescence est une étape de transition, beaucoup de jeunes passent par des épreuves où certains peuvent avoir un faible estime de soi et tombe facilement dans le piège de la drogue. L’influence des camarades est aussi une cause. 

*Contact : Centre de Solidarité – 464 9980  


De jeunes victimes

Selon un rapport du National Drug Observatory, 7 % des consommateurs de drogue décèdent avant l’âge de 15 ans. Ainsi, le nombre de décès ne cesse d’augmenter chez les toxicomanes, faisant de plus en plus de jeunes victimes. 

Selon ce rapport, 43 % des consommateurs de drogue avouent avoir commencé à se droguer très jeunes: 15 ans pour certains et 19 ans pour d’autres. Ces statistiques alarmantes démontrent qu’il est important de s’attaquer au fléau de la drogue le plus tôt possible, surtout chez les adolescents. Les autorités notent également que les drogues étant de plus en plus accessibles et moins coûteuses, les jeunes ont plus de facilité à s’en procurer. 


Témoignages 

Aliyaah, 54 ans, : «Aidez-moi, sinon mon fils va mourir»

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Plus de maladies probables dues au cannabis synthétique.

C’est une mère en détresse qui témoigne de ses difficultés à sortir son fils de la drogue. « Je n’ai qu’un enfant. Il n’a que 22 ans et depuis trois ans je n’arrive plus à le contrôler. Pourtant j’ai tout essayé, malheureusement cela n’a pas fonctionné. Il est accro à la drogue et il n’hésite pas à voler pour avoir de quoi payer sa dose. Il vole dans mon sac, si quelqu’un vient chez moi, il le vole aussi, si on va visiter un proche, il le vole. Personne ne veut plus de nous. Les voisins ne cessent de nous menacer. De plus, à chaque fois, je dois me rendre au poste de police, car il y a été emmené après avoir volé. Je ne sais plus quoi faire, car je sais que les gens le surveillent à chaque coin de rue. Aidez-moi, sinon mon fils va mourir », dit-elle en pleurs. 

 

Ruben, père de deux enfants : «J’ai eu un choc quand l’école m’a appelé» 

Ce père de deux enfants est tombé des nues il y a quatre semaines quand la direction du collège l’a appelé pour lui dire que son fils avait été pris en flagrant délit de possession de drogue synthétique. « Il n’a que 15 ans. À la maison, c’est un ange. Personne ne boit, ne fume chez nous. Je ne comprends pas comment cela a pu arriver. Pourtant je l’ai bien élevé. Je lui ai donné tout ce dont il a besoin. On n’a pas de problème familial, ni de souci financier », explique Ruben. 

Il devra maintenant trouver une nouvelle école pour son fils. « Je lui ai parlé, il m’a dit qu’il n’en avait jamais consommé et que cela appartenait à un de ses amis. Je ne sais pas s’il ment. Je ne comprends plus rien. Je pense sincèrement que la drogue est en train de détruire des familles, des jeunes. Les autorités doivent prendre des mesures le plus vite possible pour venir en aide à ces jeunes. Je supplie également les trafiquants de laisser nos enfants en paix. Ne brisez pas leur avenir », crie-t-il. 

 

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