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Fête du Travail: la contribution des inspecteurs du Travail à la paix industrielle

Tels des gendarmes, les inspecteurs du ministère du Travail veillent  à la bonne marche des relations industrielles. Ils contribuent ainsi à maintenir des relations harmonieuses ente employeurs et employés. Quel est le rôle des  inspecteurs du Travail ?  D’abord, ils sont  des experts en relations industrielles et ont une grande connaissance des lois industrielles, des ‘Remuneration Orders’ et autres règlements. Ils veillent à ce que les dispositions de la loi soient respectées. Pour mener à bien leur mission, ils se rendent  sur les sites de travail pour s’assurer que les salariés évoluent dans des conditions acceptables et que leurs droits sont respectés. Ils enregistrent aussi les plaintes des employés, notamment le non-paiement des salaires, les licenciements, le non-respect de leurs droits, etc. Si ces plaintes sont justifiées, les inspecteurs du Travail tentent en premier une médiation entre le patronat et le salarié en question. Si aucune solution n’est trouvée, ils portent l’affaire devant la cour industrielle. Au procès, c’est un inspecteur du Travail, qui va agir comme ‘prosecutor’. Il convient de souligner que depuis janvier 2016, les inspecteurs du Travail ont  obtenu la somme totale de Rs 123 999 622 en faveur des travailleurs devant la cour industrielle. Le montant payé en 2015 était de l’ordre de Rs 677 224 59.
Ces inspecteurs font souvent face à des avocats chevronnés, mais ils réussissent à s’en sortir, grâce à leur maîtrise du dossier. Le ministère du Travail, des Relations industrielles et de l’Emploi est le seul à pouvoir initier des poursuites au criminel et au civil contre des contrevenants. Ils travaillent aussi en étroite collaboration avec l’International Labour Organisation et participe activement à l’élaboration des lois du travail. Détenteur d’un diplôme en études juridiques, Yasheen Aubdool est inspecteur du Travail depuis  1989. Il est aussi président du  Labour & Industrial Relations Staff Union. Ce syndicat milite notamment pour la défense des droits des inspecteurs du Travail. Il agit comme ‘prosecutor’ à la cour industrielle ces dix dernières années. Il explique que la responsabilité d’un inspecteur du Travail est très exigeante. « Nous sommes appelés à nous rendre sur les sites de travail à n’importe quelle heure de la journée et de la nuit, notamment dans les boulangeries, les usines, etc. » En cas de problèmes d’ordre industriel, notamment une grève, les ‘labours inspectors’ accompagnent le ministre du Travail pour tenter une médiation. Yasheen Aubdool explique que souvent les inspecteurs du Travail doivent traiter des dossiers à la maison, étant pris sur le terrain pendant la journée. Il avance que de  9 heures à midi ou de 12h30 à 16h, ils reçoivent les membres du public en sus de leur visite sur les sites de travail.

Brin d’histoire...

C’est en 1938 qu’a été créé un département du Travail, qui allait plus tard devenir le ministère du Travail. Cela fait suite à une recommandation de la Commission Hooper. C’est cette même commission qui recommande  la création des associations industrielles pour défendre les intérêts des travailleurs du pays. Et qui, par la suite, seront connues comme des syndicats. La commission, présidée par Charles Arthur Hooper, avait été instituée par le gouvernement colonial après la fusillade du 13 août 1937 sur la propriété de l’Union Flacq, provoquant la mort de quatre laboureurs. Douze ans plus tard, soit le 29 avril 1949, Guy Rozemont, alors président du Parti travailliste (Ptr) et du Mauritius Engineering and Technical Workers Union présente une motion au Conseil législatif pour que le 1er-Mai soit décrété jour férié. C’est ainsi que depuis 1950, les travailleurs du pays jouissent d’un jour de congé pour la fête du Travail.

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Ce sont surtout des employés qui ont perdu leur emploi ou qui ont eu des problèmes de relations industrielles qui viennent voir les ‘labour inspectors’. N’ayant pas assez d’argent pour s’offrir les services d’un homme de loi, ces salariés se tournent ainsi vers des inspecteurs du Travail. Ceux-ci les représentent alors sur les comités disciplinaires qui parfois peuvent commencer tard dans l’après-midi, nous confie le ‘prosecutor’ à la cour industrielle. Il faut aussi ajouter que ce sont eux qui préparent les dossiers pour le ‘Workfare Programme’ quand il y a licenciement. « Comment voulez-vous qu’on ait le temps pour rédiger nos rapports  », lâche Yasheen Aubdool. Il explique que le travail devient plus compliqué, surtout avec un personnel réduit.

Contestation

On peut être ‘labour inspector’, mais on a aussi des soucis sur le plan du travail. Pour le président du  Labour Industrial Relations Staff Union, c’est le dernier rapport du Pay Research Bureau (PRB) qui est la source d’une frustration des inspecteurs du Travail. D’ailleurs, c’est la première fois depuis 1938 qu’ils élèvent la voix. « Nous avons toujours cru dans le dialogue social, mais ‘enough is enough’ », s’insurge le ‘prosecutor’ à la cour industrielle. Il estime que le rapport PRB a dévalorisé les inspecteurs, car plusieurs propositions de ces derniers n’ont pas été retenues. Les ‘labour inspectors’ contestent que leurs salaires sont toujours fondés sur les qualifications du School Certificate (SC) et du Higher School Certificate (HSC) alors qu’ils ont des diplômes en gestion des ressources humaines. À cet effet, souligne Yasheen Aubdool, ils sont considérés comme des Management Support Officers (MSO). « Au lieu de nous rehausser, le PRB a cru bon de rétrograder les MSO », regrette Yasheen Aubdool. Il souhaite que le PRB corrige cette injustice contre des inspecteurs du Travail.  
   

Ce que pensent les  partenaires sociaux

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Claude Wong So, directeur de C. Wong So Associates Ltd

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Serge Jauffret, président de la GWF

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