Y a-t-il des médicaments « Not of Standard Quality » en provenance de l’Inde sur le marché mauricien ? « Non », selon les importateurs et pharmaciens que nous avons sollicités. Suttyhudeo Tengur, président de l’Association pour la Protection des Consommateurs et de l’Environnement (Apec), est cependant sceptique et demande l’intervention du ministère de la Santé.
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« Il est grand temps que Maurice ait son propre laboratoire d’analyse de médicaments », soutient Siddique Khodabocus, président de l’Association des petits et moyens importateurs de produits pharmaceutiques. Ce, à la suite de la découverte, en Inde, de produits « non conformes ». Diverses publications indiennes, dont le Times of India, le Hindustan Times et India Today, ont en effet rapporté que certains laboratoires de la Grande péninsule fabriquent des médicaments ne respectant pas les normes de qualité.
Maurice étant un grand importateur de produits pharmaceutiques de ce pays pour le service public, nous avons essayé, en vain, d’obtenir les commentaires du ministère de la Santé à ce sujet. Dans un communiqué, Suttyhudeo Tengur est d’avis que la Santé doit rassurer la population. Selon lui, « les autorités sanitaires doivent s’enquérir auprès des pharmacies et importateurs locaux pour savoir si des lots de médicaments incriminés sont présents sur le marché mauricien », afin d’éviter une catastrophe.
Dans son communiqué, Suttyhudeo Tengur affirme que, d’après les analyses effectuées par la Central Drugs Standard Control Organisation (CDSCO), l’équivalent de la FDA aux États-Unis, 53 médicaments ne respectent pas les normes et sont qualifiés de « spurious » ou « faux ». Dans un communiqué publié en août, l’organisme précise que ces médicaments sont sous alerte « Not of Standard Quality (NSQ) ». « Des vérifications doivent être effectuées pour s’assurer que les lots concernés ne sont pas présents sur le marché mauricien », insiste le président de l’Apec. Il affirme que, d’après son « enquête », certains de ces médicaments sont très utilisés à Maurice, tels que le paracétamol ou les médicaments pour les maladies cardiaques et le diabète, entre autres.
Interrogés, pharmaciens et importateurs de médicaments pour les pharmacies privées estiment qu’il est quasiment « improbable » que des médicaments contrefaits ou non conformes soient présents sur le marché mauricien. « Nous travaillons avec des laboratoires expérimentés qui respectent toutes les normes. Lorsque les commandes sont reçues, ils nous envoient les certificats d’analyse effectuée par un organisme indépendant », explique Siddique Khodabocus.
Laboratoire d’analyses
Cependant, il est nécessaire que Maurice dispose de ses propres moyens de vérification des produits pharmaceutiques entrant dans le pays pour garantir leur qualité. Cet avis est partagé par d’autres pharmaciens et importateurs, qui préfèrent rester anonymes.
Le président de l’Association des petits et moyens importateurs de produits pharmaceutiques souligne que Maurice ne doit pas être impacté par les problèmes rencontrés en Inde. « Ce n’est pas parce que des produits non conformes ont été découverts en Inde que cela doit concerner Maurice, bien que nous importions des médicaments de ce pays », affirme-t-il. Selon lui, l’Inde compte environ 7 000 laboratoires et il est difficile pour un importateur d’obtenir l’autorisation d’enregistrer un produit pour le marché mauricien. « De nombreuses vérifications sont effectuées en amont », assure Siddique Khodabocus.
De plus, les importateurs locaux collaborent avec des laboratoires renommés figurant sur la liste de l’organisme régulateur local, le Pharmacy Board. « À Maurice, nous travaillons avec des laboratoires certifiés et authentiques », précise-t-il.
Nos interlocuteurs affirment qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter quant à la présence éventuelle de médicaments non conformes sur le marché mauricien. D’autant plus que les médicaments concernés relèvent de la pharmacopée indienne (IP), comme le fait ressortir le pharmacien Arshad Saroar. « Ces produits sont disponibles uniquement sur le marché indien », ajoute-t-il. Un importateur précise que les médicaments concernés n’ont pas été approuvés par le Drugs Controller General of India et qu’il s’agit de combinaisons à dose fixe (FDC), médicaments qui associent plusieurs principes actifs dans un seul comprimé. Il ajoute que les laboratoires mis en cause ne sont pas représentés à Maurice.
Arshad Saroar soutient également que les médicaments cités ne sont pas disponibles sur le marché local. Toutefois, si, par inadvertance, ces produits se retrouvent à Maurice, il incombe au ministère de la Santé de prendre les mesures nécessaires pour les retirer du marché. Le pharmacien souligne que ces produits ne concernent pas les pharmacies privées.
Onde de choc en Inde
Dans un article publié il y a quelques jours, Times of India relate une affaire de faux médicaments à Nagpur. Cette découverte a provoqué une onde de choc à travers tout le pays. La police rurale de Nagpur a démantelé un réseau criminel fournissant des antibiotiques contrefaits aux hôpitaux publics. Ces « antibiotiques » n’étaient en réalité qu’un mélange de poudre de talc et d’amidon, totalement dépourvu de substances actives. L’enquête a mené à de nombreuses arrestations et a également mis en lumière l’utilisation de canaux financiers illégaux, appelés « hawala », pour le transfert de plusieurs centaines de millions de roupies. Ces médicaments contrefaits ont été distribués dans plusieurs États, mettant en danger la santé de nombreux patients, souligne Times of India.
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