Agé de 69 ans et considéré comme un escroc patenté, Jean Yves Cossigny refait surface.
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Et cela, 31 ans après sa dernière condamnation pour ‘swindling’, qui remonte à 1986. Il aurait arnaqué 14 personnes en leur faisant croire qu’il pouvait leur décrocher un job au Canada. Une somme totale de Rs 526 000 est citée.
Chassez le naturel, il revient au galop. Cet habitant du village de Montagne-Longue croupit derrière les barreaux depuis le samedi 4 novembre. Les hommes du chef inspecteur Reeaz Jummun du poste de police de Terre-Rouge l’ont mis hors d'état de nuire. Cela après qu'une série de plaintes pour escroquerie ont été déposées contre cet homme qui, cette fois, a endossé le costume d'agent recruteur.
Au vendredi 24 novembre, 14 cas allégués d'escroquerie ont été rapportés contre Jean Yves Cossigny. Il aurait fait croire à ses victimes qu’ils pouvait leur décrocher un emploi au Canada contre paiement. Il leur aurait soutiré une somme totale de Rs 526 000.
Son marketing, il le faisait à travers les colonnes d'un hebdomadaire à fort tirage avec le titre ‘Job Offer in Canada’. Il disait rechercher des vendeuses, des agents de maintenance, des employés d’hôtel et des chauffeurs, entre autres. Dès la publication de cette annonce, nombre de Mauriciens en quête d'un meilleur avenir à l'étranger se sont précipités à sa rencontre. Le lieu de rencontre est à son bureau, le C.G.A , à St-Joseph, à Terre-Rouge.
Après s'être rendu compte qu'ils n'iront pas au Canada, les clients sont tombés des nues. Ils regrettent d’avoir accordé leur confiance à cet homme. « Li ti impresyonn nou, li koz byen. Li ti paret genuine e li byen abiye ek so kravatt tou », souligne Zareen.
« Sak kou nou al dan so biro ena boukou dimoun. E anplis li dir nou linn fer dimoun al Canada. » Les paroles du suspect avaient suffi pour mettre en confiance cette mère de famille et bien d'autres clients. Zareen et ses deux enfants voulaient tenter leur chance au Canada. « Mo de zanfan pena travay isi, nou ti ena lespwar. » Une fois les paiements effectués, Zareen est restée dans l'attente de son départ.
« Un meilleur avenir »
Aujourd'hui, Zareen n'est pas la seule à se retrouver dans une telle situation. Samuel, son épouse et leur enfant de sept ans avaient fait confiance à Jean Yves Cossigny. Ils lui avaient remis leur argent. Un premier versement de Rs 50 000 avait déjà été effectué. Il leur restait une ardoise de Rs 24 000. « On voulait un meilleur avenir pour notre enfant et avancer dans notre vie en trouvant du travail au Canada. À chaque fois, il (Jean Yves Cossigny) me réclamait les Rs 24 000 restantes. Je lui ai dit que j’allais les lui donner une fois les démarches complétées. Il m'a promis que j’allais recevoir un email. Mais je n'ai jamais reçu ce courriel », dit Samuel au Défi PLus.
Par la suite, ce « client » dit qu’il n’a jamais pu contacter l'agent recruteur. Ses nombreuses tentatives se sont révélées vaines. « Pendant deux semaines, j’ai essayé de l'avoir au téléphone, mais sans succès. » N'ayant aucun contact avec l'agent recruteur, Samuel se met à sa recherche.
« Comme j'étais dans le Nord, j’en ai profité pour emmener mon fils au Jardin de Pamplemousses. Et par le plus pur des hasards, je l’ai vu descendre d’un véhicule de la police, menottes aux poignets, au tribunal de Pamplemousses. »
Face à cette scène, Samuel ne comprend plus rien. Il se précipite en direction du suspect qui est entouré de policiers. « Il m'a expliqué qu'une femme avait porté plainte contre lui et que je serais remboursé. » Guère convaincu, Samuel l'a dénoncé au poste de police de Terre-Rouge.
Outre Samuel et sa famille, Robert et sa fiancée avaient cru aux promesses de cet agent recruteur qui a un casier judiciaire chargé pour escroquerie. « Il m'avait promis un emploi comme agent de maintenance dans un hôtel au Canada et ma fiancée, elle, allait s’occuper des enfants dans le club de l'hôtel. On voulait y travailler quelques années pour ensuite rentrer à Maurice avec nos économies. »
Zareen et Samuel se sentent trahis et sont révoltés . « C'est malhonnête de sa part , il doit nous rendre notre argent. »
Face à ces allégations, l'escroc, interrogé par le caporal Dahoo et le constable Bhunjun, a fait valoir son droit au silence. 14 accusations provisoires de swindling ont été déposées contre lui devant le tribunal de Pamplemousses. La police a objecté à sa remise en liberté.
* Les prénoms des victimes ont été modifiés.
Condamné à six reprises pour escroquerie
En 1980, soit 37 ans de cela, Jean Yves Cossigny est condamné pour la première fois pour embezzlement (détournement de fonds) et swindling by issuing dishonoured cheque. Pour ces deux délits, il écope de deux amendes de Rs 500 chacune devant le tribunal de Port-Louis. En 1983, c’est devant le tribunal de Curepipe qu'il est jugé coupable d'issuing cheque without provision et a dû payer une amende de Rs 1 000. Deux ans plus tard, la cour de Port-Louis rend un autre verdict de culpabilité contre Jean Yves Cossigny pour escroquerie et trading without licence. En 1986, il est encore une fois reconnu coupable de swindling.
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