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Fabrication de prostheses: Ils veulent, à leur tour, aider d’autres amputés

Le Jaipur Foot Mauritius Camp en est déjà à sa sixième édition. Deux bénéficiaires de cette organization internationale, qui offer des prothèses aux amputés, ont intégré l’équipe de techniciens. Depuis deux semaines, ils aident quatre Indiens à fabriquer des prothèses dans un atelier, à Solitude. Rencontre. Cela fait 23 ans que Benjamin Goinsamy, 59 ans, a perdu son pied droit. Il s’en souvient comme si c’était hier. Le quinquagénaire est l’un des deux bénéficiaires du Jaipur Foot Mauritius Camp (JFMC) qui participent, pour la première fois, à la fabrication de prothèses. Benjamin Goinsamy confie qu’il souhaite procurer « la joie » , qu’il a ressentie d’avoir une nouvelle prothèse à d’autres amputés.
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/div> Joignant le geste à la parole, le Rodriguais, que nous rencontrons dans un atelier, se penche pour prendre de la chaux avant d’y ajouter de l’eau. Il remue le mélange à l’aide d’une barre de fer jusqu’à l’obtention d’une pâte. Benjamin Goinsamy la verse ensuite dans une réplique plâtrée d’un moignon. D’ailleurs, indique-t-il, les prothèses sont faites sur-mesure. En attendant que la mixture sèche, le quinquagénaire en profite pour nous raconter le malheureux incident qui l’a conduit à l’amputation. « J’étais sur mon lieu de travail quand une pierre m’est tombée sur le pied. Transporté d’urgence à l’hôpital, j’ai dû subir une opération chirurgicale. Les médecins n’ont eu d’autre choix que d’amputer le membre blessé. » Quinze jours plus tard, poursuit-il, il arrive à Maurice pour se faire faire une prothèse en bois. Il a aussi pu reprendre le travail. Mais au bout de dix ans, il décide de prendre sa retraite. « La prothèse en bois était trop lourde et me limitait dans mes déplacements. En 2013, lors de la première édition du JFMC, j’ai eu droit à une nouvelle prothèse. Cela a changé ma vie », souligne-t-il.

Les différentes étapes

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"17826","attributes":{"class":"media-image wp-image-30310","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"400","height":"575","alt":"L\u2019\u00e9tape des essayages."}}]] L’étape des essayages.

Benjamin Goinsamy s’empresse d’enlever le plâtre de Paris avant de remettre le moulage à Shyamveer Singh, un technicien indien. Ce dernier utilisera, ensuite, une râpe pour sculpter le moulage afin de l’adapter à la forme et à la morphologie du moignon. Place ensuite à l’étape de polissage. Le moulage sert, par la suite, de base à la fabrication de l’emboîture. Pour ce faire, il suffit d’enrouler un film photographique autour du moulage. Une fois la tour montée, de la chaux y est versée. Après le séchage et le polissage, elle est envoyée à l’atelier. Le décor minimaliste des lieux passe inaperçu. Les différents composants de la prothèse tibiale sont étalés sur des tables. Chaque technicien se concentre sur une tâche à la fois. Sameer Burka, lui, glisse un revêtement en polyéthylène dans un four à 250 degrés Celsius. Entre-temps, une couche de protection est mise sur la tour. Vingt minutes plus tard, le revêtement est prêt. Sans perdre de temps, Sameer Burka, épaulé par un autre technicien, enfile le revêtement sur la tour en chaux. Se munissant de chiffons, ils sculptent la forme du pied et enlèvent le surplus ainsi que la tour. Finalement, une deuxième couche de protection taillée à partir d’EVA (éthylène-acétate de vinyle) est glissée à l’intérieur de la prothèse. L’essayage est la prochaine étape. C’est Curtis Malbrook qui s’en charge. Ce quadragénaire s’est récemment converti en technicien. Il souhaite aider les amputés. Il a perdu sa jambe droite au cours d’un accident survenu en septembre 2013. « J’étais dans mon jardin. Je travaillais la terre avec un motoculteur quand il s’est tout à coup enlisé dans la boue. En essayant de le sortir, je suis tombé et le motoculteur a commencé à ronger ma botte puis mon pied », raconte-t-il.

« Sauver mon bras »

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"17827","attributes":{"class":"media-image size-full wp-image-30311","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"720","alt":"Sameer Burka et Kumar glissent le rev\u00eatement sur la tour en chaux."}}]] Sameer Burka et Kumar glissent le revêtement sur la tour en chaux.

L’engin lui a même arraché le bras lorsqu’il a tenté d’éteindre l’appareil. « Les médecins ont pu sauver mon bras, mais pas ma jambe », explique cet ancien chauffeur d’ambulance. Après un mois et demi passé à l’hôpital, il décide de continuer à gagner sa vie pour son enfant et son épouse. Il se remet au jardinage et enchaîne quelques boulots par-ci, par-là, jusqu’au jour où il entend parler du JFMC à la radio et bénéficie d’une prothèse. Selon le Dr Youven Gopalla, en 2015, Benjamin Goinsamy et Curtis Malbrook ont suivi une formation de trois mois, à Jaipur, dans la fabrication de prothèses. Il indique que les deux Mauriciens travaillent aussi pour la Global Rainbow Foundation, initiatrice du JFMC. La sixième édition, qui a démarré le 16 mai, prendra fin ce dimanche 29 mai. Elle a ciblé 150 amputés. Le JFMC a eu lieu, pour la première fois à Maurice, en 2013. Au cours des cinq précédentes éditions, il y a eu 750 bénéficiaires. Les prothèses sont faites sur-mesure et livrées gratuitement.
 

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