Les enseignants de l’Extended Programme pointent du doigt les autorités. Après une année de Foundation Year, ils soutiennent que les enfants étaient des cobayes. Le Mauritius Institute of Education (MIE) affirme le contraire.
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«Après une année passée en Foundation Year de l’Extended Programme, certains élèves ne savent toujours ni écrire leur nom et prénom, ni compter. Ainsi, les enseignants doivent toujours revenir sur ce qu’ils ont déjà enseigné. Le programme n’est pas approprié pour eux »,
déplore le pédagogue Mahen Gungaparsad.
Introduit en janvier 2018, l’Extended Programme remplace le prévocationnel. Ce programme est destiné aux élèves ayant échoué le Primary School Achievement Certificate (PSAC). Ces derniers ont un programme spécifique sur une période de quatre années qui a pour but de les admettre, soit dans le ‘mainstream’, soit dans un centre du Mauritius Institute of Training and Development (MITD). Après la première année, soit la Foundation Year, les enseignants relèvent ce qui n’a pas marché et font certaines propositions.
Selon Mahen Gungaparsad, ce programme a été conçu à la va-vite et sans aucune planification : « Or, les enfants admis en Extended Programme ont besoin d’une attention particulière. Ils font face à divers problèmes et ils ont besoin d’un espace et d’un programme différents pour s’épanouir. Il n’y a jamais eu d’études approfondies sur ce projet. Actuellement, nous plaçons 20 élèves avec 20 besoins différents dans une même salle de classe. Ce qui n’est pas normal. »
Après six années passées au primaire, ces élèves arrivent au secondaire avec des niveaux différents, mais ils sont placés dans la même salle de classe, fait ressortir le pédagogue. Son souhait est que les autorités mettent sur pied un programme adéquat qui répond aux besoins de ces enfants. Le pédagogue propose ainsi des activités en plein air, des jeux de scène, du slam, entre autres.
Selon une évaluation faite par Mahen Gungaparsad, dans deux collèges privés de l’Est, après les quatre années, seulement 4 élèves sur 20 pourront être admis en mainstream, soit en Grade 10 (Form 4). « Si les autorités veulent vraiment aider ces enfants, il faut répondre aux besoins de chacun en mettant un programme adapté », dit-il.
Manque de Communication
Quant aux recteurs et enseignants, ils sont en attente de communication des autorités. Malgré qu’ils aient eu une rencontre avec le Mauritius Institute of Education (MIE), ils soutiennent qu’ils ne savent pas ce qu’ils doivent faire avec les élèves en cette fin d’année. Si certains ont préparé des évaluations, d’autres ne le feront pas. Toutefois, ils rempliront le ‘progress book’ mettant en exergue le niveau de chaque élève. Toutefois, les recteurs des collèges attendent pour voir s’il faut garder ou non les élèves jusqu’à la fin du mois d’octobre. Si tel est le cas, les responsables estiment que c’est injuste vis-à-vis des autres élèves.
Brian Pitchen, enseignant qui compte de nombreuses années d’expérience dans le secteur, affirme qu’il faut revoir plusieurs choses après cette première année : « Le programme de la Foundation Year doit être revu. Il s’agit de remettre à niveau les élèves pour qu’ils puissent continuer leurs études. Les manuels doivent être au niveau des enfants. Les évaluations devront se faire en trois phases. 50% théorique, 20% à l’oral et 30% en pratique. Les évaluations à l’oral sont importantes pour eux, puisque plusieurs ne savent pas écrire. L’utilisation du kreol morisien est aussi un avantage. Au lieu d’introduire des matières comme le Business Enterprise et le Social and Modern Studies en Grade 8, il aurait fallu mettre des classes d’alphabétisation à la place. »
Améliorer les études en 2019
à partir de 2019, les élèves admis en Extended Programme auront droit à plusieurs activités. Les autorités travaillent actuellement sur la mise sur pied d’un ‘After School Programme’ où l’enfant aura droit à des disciplines sportives et à d’autres activités extra-scolaires. La mise sur pied d’un dispositif d’aide aux devoirs sera aussi envisagée. Des cours d’alphabétisation seront aussi dispensés et des ‘Support Educators’ seront recrutés pour apporter une attention individuelle aux enfants en difficultés scolaires dans les classes d’Extended Programme.
Le Dr Vassen Naeck, Head of Curriculum Implementation, Textbook Development and Evaluation au MIE, nous explique qu’on a mis en place cette année des ‘Community of Practice’ (COP). Le COP se compose d’éducateurs, de facilitateurs, de Deputy Rectors et de Senior Educators venant de trois collèges proches d’un quartier. « Lors de leur rencontre, ils échangent les bonnes pratiques et établissent des stratégies dans le but d’aider les élèves à atteindre un niveau d’études. »
L’Extended Programme est destiné aux enfants ayant échoué le PSAC. La première année qui est le Grade 7 Foundation EP est une année de remise à niveau de ces enfants. Leur prise en charge se fait par les différents collèges de l’île où ils sont admis pour un maximum de 20 par classe. Cependant, au moment de leur entrée au secondaire, les enseignants n’ont pas un diagnostic précis du niveau de l’élève. C’est ainsi, qu’au début, le MIE a mis en place un outil d’évaluation qui se décline sous le Secondary School Readiness. Il se veut être un outil pour connaître le niveau du langage, des mathématiques, des sciences et le développement socio-émotionnel de l’enfant.
La remise se fait par des facilitateurs. Ils ont six périodes par semaine de Life Skills où l’enfant apprend à se reconnecter avec sa classe, son école et sa famille. Les activités dans le manuel de Life Skills ont pour but de valoriser l’estime de soi de l’enfant, de travailler sur sa motivation, sur les compétences socio-émotionnelles, la discipline et les valeurs, entre autres. Le facilitateur est celui qui l’accompagne tout au long de son parcours scolaire.
Les élèves qui seront dans la Foundation Year l’année prochaine et ceux qui iront en Grade 8 Extended auront droit à un manuel à différents niveaux. « Puisque la classe se compose d’élèves ayant des besoins spécifiques, le manuel aura trois niveaux : basic, intermediate et fluency. C’est une autre façon d’enseigner, mais je suis assuré que cela va fonctionner, car les élèves seront pris en charge selon leurs besoins. »
Le Dr Vassen Naeck poursuit qu’il ne peut y avoir un programme uniforme pour tous les élèves. À travers des formations dispensées par le MIE et à travers le COP, l’enseignant est plus apte à aider l’élève selon ses aptitudes.
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