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Exposition : «Lagazette Lontan» célèbre 252 ans de presse mauricienne

L’exposition est ouverte jusqu’au 31 janvier. Goorooduth Chuttoo, fondateur du Chuttoo Heritage Museum.

L’exposition « Lagazette Lontan », actuellement en cours au Plaisance Shopping Village, rend hommage à l’histoire de la presse mauricienne. Ouverte au public jusqu’au 31 janvier, elle propose une immersion dans l’univers médiatique d’antan à travers une cinquantaine de journaux et autres archives historiques. Cette initiative est portée par Goorooduth Chuttoo, fondateur du Chuttoo Heritage Museum. Ce dernier met en lumière l’évolution et l’impact de l’industrie médiatique à Maurice. 

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Le 13 janvier, la presse mauricienne a marqué ses 252 ans d’existence, une longévité remarquable qui débute avec le premier journal, « Annonces, Affiches et Avis divers pour les colonies des Isles de France et de Bourbon ». Ce dernier a été fondé le 13 janvier 1773 par le Parisien Nicolas Lambert. Cet hebdomadaire, est non seulement le premier journal de Maurice, mais aussi de l’hémisphère Sud. Il a ouvert la voie à une riche tradition journalistique sur l’île.

Au fil des années, la presse mauricienne s’est diversifiée avec l’apparition de nombreux titres, témoins de l’évolution de la société. Toutefois, l’émergence des réseaux sociaux a bouleversé l’industrie, ralentissant la vente des journaux traditionnels. C’est dans ce contexte que Goorooduth Chuttoo a décidé de valoriser l’héritage médiatique à travers cette exposition.

« Lagazette Lontan » propose une cinquantaine de journaux et d’objets historiques, offrant aux visiteurs une plongée dans l’univers médiatique d’autrefois. Elle souligne également l’importance de préserver cet héritage pour les générations futures.
« Avec l’avènement des réseaux sociaux, la vente du journal papier a considérablement diminué. Il faut sauver cette industrie, qui fait partie de notre patrimoine. Toutefois, je ne suis pas inquiet, car, tout comme le geet gawai, qui avait un moment disparu est redevenu tendance aujourd’hui. Je suis confiant que les journaux retrouveront leur place dans le cœur des Mauriciens », indique Goorooduth Chuttoo.

Selon lui, les réseaux sociaux ont bouleversé le paysage médiatique, mais pas toujours dans le bon sens. « Les gens se ruent sur l'internet, or les informations diffusées sur certaines pages ne sont pas fiables. L’information doit être rapportée, et non fabriquée. Aujourd’hui, on voit des personnes créer des pages sur les réseaux sociaux pour diffuser de fausses nouvelles ou copier les grands titres. C’est une honte. Ces gens restent chez eux, dans leur salon, et se contentent de dupliquer ou de propager des informations erronées. Pendant ce temps, les grands titres, comme Le Défi Media, accomplissent un travail colossal », déplore-t-il.

Goorooduth Chuttoo souligne l’importance de rendre hommage aux acteurs de la presse qui œuvrent avec acharnement pour fournir des informations vérifiées et de qualité. « Il faut saluer les journalistes, photographes, monteurs, pressiers et autres professionnels de la presse qui travaillent dur pour informer le public », confie-t-il.

Pour lui, il est crucial de réintroduire la lecture des journaux chez les jeunes, un geste simple, mais porteur de valeurs. Il explique : « Achetez un journal et posez-le sur la table. Invitez votre enfant à le lire. Un journal à Rs 20, ce n’est pas qu’une seule personne qui le lit, mais toute une maison. Les gens ne réalisent pas toute l’importance d’un journal ».

Revenant sur les usages pratiques du passé, il rappelle : « Avant, on ne jetait jamais un journal. On s’en servait pour couvrir les cahiers et les livres ou même pour tapisser les murs des maisons en ravinage ou en bois. Les marchands de gâteaux les utilisaient pour emballer leurs produits. Le journal avait plusieurs usages ».

Conscientiser les Mauriciens sur l’importance du journal papier et préserver ce précieux patrimoine, tel est donc son objectif avec l’exposition « Lagazette Lontan ». « Lors de l’exposition, je propose de petites causeries avec les visiteurs pour les sensibiliser », explique-t-il. À travers ces moments d’échange, il souhaite non seulement raviver l’intérêt pour les journaux, mais aussi rappeler leur rôle central dans l’histoire et le quotidien des Mauriciens.

Pour Goorooduth Chuttoo, le journal papier demeure un témoignage vivant d’une époque et un pilier culturel qu’il est essentiel de transmettre aux générations futures.

Une cinquantaine de titres à découvrir

L’exposition « Lagazette Lontan » offre aux visiteurs une immersion dans l’histoire de la presse mauricienne. Une cinquantaine de titres y sont exposés, dont le tout premier journal publié. On retrouve aussi d’autres publications emblématiques comme Le Curepipien, Chinese Time, L’Islamisme, Tamil Voice, Mauritius Indian Times, L’Union Catholique, Soleil Rouge, Le Journal de Maurice et Le Petit Journal, Le Bien Public, The Planters Commercial Gazette, L’Oeuvre, Hindusthani, et The Nation, entre autres.

« Le Curepipien se vendait à 5 sous à l’époque. C’est incroyable, car il existait déjà un journal dédié à une région spécifique. De même, les diverses communautés de l’île avaient chacune leur propre titre », souligne notre interlocuteur.

En plus des journaux, les visiteurs pourront également admirer des objets et témoignages de la presse d’autrefois, tels qu’un reçu d’abonnement au journal Le Cernéen. « C’est difficile à croire, mais à l’époque les gens prenaient des abonnements pour les journaux. J’ai un reçu d’un abonnement de 14 mai au 14 août d’une dame pour le journal Le Cernéen qui coûtait quatre piastres », indique-t-il.

À noter que l’exposition est visible tous les jours de 10 h à 22 heures. 

Patrimoine en danger

Il faut un ministre de la culture du secteur privé pour sauver l’art

Goorooduth Chuttoo, exprime son désarroi face à l’absence d’aide de l’État, après des pertes considérables subies lors du passage du cyclone Belal l’an dernier. « Le musée a subi d’importantes pertes, notamment de nombreux objets uniques, collectionnés pendant un demi-siècle », déplore-t-il. Son épouse et lui consacrent tous leurs efforts pour maintenir le musée en activité. Malheureusement, le manque de soutien officiel se fait ressentir. L’entrée étant gratuite, le musée ne génère aucune recette pour couvrir ses frais. « Je suis un peu découragé, car je n’ai obtenu aucune aide de l’État jusqu’ici. Je crois qu’il faut un ministre de la culture du secteur privé pour sauver l’art », estime-t-il. En outre, il plaide pour un accompagnement intellectuel et financier, espérant qu’un soutien professionnel pourra l’aider à préserver ce patrimoine unique pour les générations futures.

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