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Exploitation des migrants : la CTSP réclame une assise nationale pour protéger les travailleurs étrangers

Le traitement aux travailleurs étrangers déploré.

La Confédération des Travailleurs du Secteur Privé appelle le ministère du Travail à agir face à une réalité préoccupante : les droits bafoués des travailleurs étrangers à Maurice. 

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La Confédération des Travailleurs du Secteur Privé (CTSP), par le biais du syndicaliste Reaz Chuttoo, presse les autorités d’organiser une table ronde nationale pour discuter de la condition des travailleurs migrants. Une correspondance a été envoyée au ministre du Travail il y a environ un mois, mais reste, selon lui, sans réponse. « Il faut impérativement organiser une table ronde sur le sujet, car il y a beaucoup de choses dont le ministre n’est pas au courant », déclare Reaz Chuttoo. Pour lui, une assise réunissant toutes les parties concernées, « y compris les employeurs, est indispensable pour aborder les dysfonctionnements qui affectent des milliers de travailleurs étrangers dans le pays ».

Des droits inexistants pour certains

La plateforme syndicale pointe du doigt un problème structurel. Selon lui, les travailleurs étrangers seraient vulnérables face à une législation qui favorise les employeurs. « Ces derniers ont le droit de solliciter les services de l’immigration pour annuler les contrats de travail de leurs employés étrangers. Cela place ces derniers dans une situation de dépendance extrême, où ils sont souvent contraints d’accepter des conditions inacceptables par crainte de perdre leur emploi et leur permis de séjour », déplore Reaz Chuttoo. La CTSP estime que cette pratique alimente une culture de l’exploitation et des abus. Il demande que cette problématique soit examinée avec sérieux pour protéger ceux qui viennent à Maurice dans l’espoir de meilleures opportunités.

Un secteur textile sur la sellette

L’un des secteurs les plus critiqués est celui du textile. Selon la CTSP, Maurice est aujourd’hui sur une « liste noire » en matière de travail migrant. « Maurice va-t-elle bâtir sa croissance sur la surexploitation des travailleurs étrangers ? », s’interroge Reaz Chuttoo. La réputation internationale de l’île, en tant que destination sûre pour les investisseurs et les travailleurs, pourrait être mise en danger si les pratiques actuelles persistent. C’est la raison pour laquelle, insiste la CTSP, cette table ronde doit inclure tous les partenaires sociaux : syndicats, employeurs, représentants des travailleurs étrangers, et autorités compétentes. L’objectif serait de mettre en lumière les abus, de réviser les lois en vigueur et de proposer des solutions concrètes pour garantir des conditions de travail dignes.

Le syndicaliste suggère également la mise en place d’un mécanisme indépendant pour surveiller et réguler les pratiques liées à l’emploi des travailleurs migrants. Une politique de transparence et de respect des droits humains, dit-il, est la seule voie pour protéger ces travailleurs et éviter que Maurice ne devienne un symbole d’exploitation dans la région.

De l’ordre dans le secteur

La main-d’œuvre étrangère est un sujet qui intéresse le ministre du Travail, Reza Uteem. Ce dernier a, dans une récente déclaration, fait comprendre qu’il entend « mettre de l’ordre dans le secteur ». Il a d’abord exigé le transfert du Technical Committee depuis le bureau du Premier ministre (PMO) à celui de son ministère. Parmi les mesures envisagées : la centralisation des recrutements via des agences enregistrées et la négociation d’accords bilatéraux avec des pays fournisseurs de main-d’œuvre comme l’Inde, le Bangladesh et Madagascar. « L’objectif est de couper court aux abus des intermédiaires et d’assurer que tous les frais soient à la charge des employeurs mauriciens », a-t-il affirmé. Reza Uteem a ensuite fait comprendre que des inspections conjointes entre la police et le ministère ont été lancées pour démanteler les réseaux d’exploitation.

 

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